MBL 101 E MKII L'évidence du concert

L’évidence du concert

Au firmament de MBL, les X-Treme 101 MKII sont parmi les enceintes les plus fabuleuses au monde. Divisées en deux, sans les 2 tours de subwoofers actifs, elles deviennent les 101 E MKII disposant de leur propre caisson passif, que nous avons eu longuement la chance d’apprécier. Une expérience marquante pour tout passionné de reproduction sonore, mais surtout de musique live.

Les 101 E MKII intègrent le fameux haut-parleur de grave à émission radiale Radialstrahler TT100 de forme ovoïde, qui diffuse sur 360°. C’est la pierre angulaire, car les fréquences inférieures sont complètement libérées de leur carcan habituel. Cette 4-voies se complète d’un médium/aigu également à émission radiale, utilisant de fines bandes de fibre de carbone, et d’un subwoofer de 12 pouces disposé horizontalement vers le sol. La cohérence générale est exceptionnelle, prouvant toute la maîtrise acoustique de MBL, dont la conception technique est assurée par Jürgen Reis depuis plus de quarante ans : une fidélité digne d’admiration !

Identifiable entre toutes

La tête médium/aigu omnidirectionnelle est la même pour tous les modèles MBL, rayonnant sur 360°. La membrane du tweeter HT37 est composée de 24 fines lamelles en fibre de carbone unidirectionnelle, larges de 5 mm pour une épaisseur de 130 microns. La bobine mobile de 37 mm baigne dans l’entrefer sans aucun spider.

Les 12 segments du médium MT50, larges de 12 mm et épais de 200 microns, sont constitués de fibre de carbone à deux couches, cette fois tissée. Pour réduire les résonances, les lamelles ne sont pas toutes exactement de la même largeur. Le centrage interne plus rigide permet un calage parfait, offrant une meilleure stabilité à long terme.

Le large aimant soutenu par 4 colonnettes est exactement centré par rapport à la bobine mobile, qui n’est maintenue par aucun spider, se mouvant librement dans l’entrefer tout en réduisant le facteur de distorsion. Ces haut-parleurs Radialstrahler sont des merveilles de technologie, fabriqués entièrement à la main dans l’usine MBL près de Berlin, où le taux de rejet après mesure est élevé pour assurer une qualité parfaite.

Un melon bien dans sa tête

Le bijou de cette enceinte est le fameux TT100 de forme ellipsoïde oblongue, héritier et évolution du concept original inventé il y a plus de 40 ans par M. Meletzky, fondateur de MBL en 1979, avec ses associés Bienecke et Lehnhardt. Il traite la bande primordiale de 105 à 600 Hz, ce qui correspond aux fréquences rencontrées pour de nombreux instruments ; la tessiture d’une voix d’homme s’étend environ de 100 à 800 Hz, une voix de femme de 250 à 1500 Hz. Cette zone est traitée généralement par des haut-parleurs chargés dans des caisses, incapables d’égaler la rapidité et la richesse harmonique du TT100, rayonnant sur 360° à l’air libre. Ses 12 lames sont constituées d’un alliage d’aluminium et de magnésium dosé pour obtenir la tension recherchée, et de cuivre pour les tiges raidisseuses. Un joint en caoutchouc fait office de suspension entre chaque lame. Celles-ci sont maintenues fixement en haut grâce à une solide barre centrale, et mues par une bobine dans un champ magnétique située en bas qui les pousse selon la modulation positive, et les tire au retour, à l’image d’une sphère pulsant sur 360 degrés. Des ondes sonores indirectes sont également créées, d’une importance cruciale, qui remplissent la pièce comme le fait un instrument, évitant la directivité excessive inhérente aux haut-parleurs conventionnels rayonnant par l’avant.

Un grave puissant et maîtrisé

Le caisson inférieur en forme de pyramide tronquée renferme un subwoofer de 30 cm, dont la membrane est constituée d’un double sandwich en aluminium, à la fois léger et très rigide. La partie arrière du haut-parleur est chargée par un volume clos aux parois non parallèles, largement renforcées, tandis que la face avant orientée vers le sol débouche sur deux larges évents frontaux évasés.

Ce subwoofer de type passe-bande est donc soumis à une charge acoustique aussi bien sur sa face arrière que sur celle avant, pour s’accorder idéalement au TT100.

Le filtrage du 4e ordre Linkwitz-Riley est intégré dans son propre caisson isolé à l’arrière, permettant bi-câblage ou bi-amplification. Grâce à des cavaliers, la réponse peut être ajustée finement : Smooth et Attack (condensateur ajouté) dans le grave, Natural et Rich dans le médium (inductance sur air ou sur fer), Smooth, Natural ou Fast dans l’aigu, qui joue subtilement sur le câblage : cuivre plein, tressé 7 brins ou argenté. Nous sommes restés sur Natural, et Smooth dans le grave.

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Écoute

Timbres : Les MBL E 101 MKII redéfinissent le réalisme sonore, ce qui peut dérouter certains habitués aux caractéristiques de la majorité des systèmes classiques, même haut de gamme : directivité excessive nécessitant un sweet point bien précis, surdéfinition de l’aigu, image projetée en avant, présence de la caisse, etc. Ici, on entre dans le monde réel du concert, où les timbres se dessinent en volume, matérialisant les instruments dans leur taille réelle, non grossie mais juste. L’extrême grave est ample, généreux, bâtissant des fondations solides tout en se mariant harmonieusement au TT100. Certaines prises de son laissent pantois car elles apparaissent sous un jour nouveau. Exemple : le vinyle Tarentule-Tarentelle de l’Atrium Musicae, tant de fois écouté, où la perception des différentes tessitures des instruments anciens est d’une véracité incomparable, matérialisés avec leur volume propre, leur juste intensité et énergie au sein de l’ensemble. L’évidence de l’espace d’enregistrement s’impose, sans traînage ni coloration, dans une douceur naturelle des textures magique.

Dynamique : La vraie dynamique est celle qui ne se fait pas remarquer, comme dans la réalité. Mais à chaque demande d’impulsion, l’enceinte doit y répondre instantanément. C’est exactement ce que font les 101 E MKII, qui disposent d’une palette d’intensité d’une gradation presque infinie. Un murmure restera un murmure, alors que l’attaque vive d’une percussion surprendra par son accélération, ou un crescendo d’orchestre n’aura pas de limite, car libéré dans l’espace dans toutes les directions, non pas par une fenêtre plus ou moins étroite. L’illustre Carmina Burana de Carl Orff, dirigé par Eugen Jochum, avec la sublime Gundula Janowitz, est un véritable déchaînement dans le final, comme rarement ressenti. Cette puissance n’est pas juste concentrée dans la zone médiane, mais se distille sur tout le spectre sonore, emplissant la pièce comme au concert : les enceintes disparaissent alors.

Scène sonore : Le plus surprenant est que l’on peut se positionner complètement sur le côté, l’expérience d’écoute sera identique, ce qui est un critère important pour certains amateurs à travers le monde, mais parfois difficile à admettre à cause de nos habitudes. Sur un vinyle déniché au prix fort chez Better Records, mais unique : Sinatra’s Swingin’ Session !!, le résultat sur les 101 E MKII est époustouflant. Malgré la date de la prise (1961), l’orchestre est là dans toute sa beauté harmonique et rythmique, sa présence s’impose dans une énergie virevoltante et joyeuse, emplissant le volume de la pièce bien au-delà des enceintes. Quand arrive la voix de Franck Sinatra, grave, charmeuse et sensuelle, vraiment là, les MBL révèlent leur immense pouvoir de faire revivre les interprètes de légende pour vous, dans votre salon, comme un mirage surgit du passé. Vous voulez replonger dans le concert Live Alive de Stevie Ray Vaughan ? Posez le disque, et écoutez !

Rapport qualité/prix : Dans le très haut de gamme, cette notion a peu de sens. Mais les produits se trouvent en concurrence dans une zone de prix donnée, si élevée soit-elle. Ce qu’on peut affirmer, c’est que les 101 E MKII sont réellement uniques, par leur fonctionnement omnidirectionnel, leur mise au point, leur musicalité et leur fabrication hors pair. Elles sont les fondations pour aller encore plus loin vers les sommets, étant la seule MBL à partager le TT100 avec le bijou de la couronne MBL : le 101 X-Treme MKII, rien de moins.

Leur personnalité unique peut dérouter, car elles obligent à vraiment écouter la musique comme au concert, et non pas de la hi-fi, avec un effet loupe sur les détails ou une directivité au scalpel, tendant à un hyperréalisme finalement… irréel. Les MBL sont infiniment plus sensuelles, délectables, émotionnelles, laissant venir la musique à vous sans l’imposer, ni la projeter.

Il faudra juste bien les marier en amplification et en placement, également pour bien contrôler le grave. Mais ce sont les rares enceintes que l’on puisse écouter des heures sans lassitude, dans un émerveillement renouvelé : les MBL 101 E MKII sont de véritables prodiges électroacoustiques.

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