Muscle tout en raffinement
« Art in Music », comme l’indique cette belle marque transalpine, tel est bien le propos de cet intégré labellisé Signature, réalisé dans cette noble tradition italienne, comme on le sait éprise du beau. Créée en 1992 par Luigi Lorenzon, la marque revendique un style qui lui est propre, en associant l’audace technologique, la qualité sonore et musicale aussi, à une présentation visuelle définitivement « Made in Italy ».
Les quatre pentodes KT88 trônent avec une autorité enviable, conquise naguère par le célèbre McIntosh 275, que l’on garde toujours en mémoire, mais fortes, pour l’heure, d’une nouvelle jeunesse. D’autant que nous sommes en présence du modèle optimisé Signature, équipé, pour l’occasion, de la fameuse KT88 Gold Lion… Tout cela annexé à une finition hors norme pour une valeur marchande tout à fait attractive. L’appareil, rappelons-le, est entièrement conçu et fabriqué en Italie, selon des critères quasi artisanaux.
Mais l’affaire se joue avant tout sur ces deux paires de KT88/6550, configurées en mode pentode et travaillant en push-pull. S’ajoute la double triode 12AX7 (ECC83) en entrée, reliée au tube 12BH7, utilisé comme séparateur de phase. Tout cela en classe AB. Rien ne manque donc.
Les tubes, à l’exception de la KT88, sont alimentés en courant continu et dotés d’un chauffage stabilisé. On parvient ainsi à réduire toute forme de bruit de fond, qui s’établit à un niveau à peu près inaudible. Quant au transformateur de sortie blindé et surdimensionné, revu et corrigé pour la série Signature, il entend au mieux réduire les interférences et le bruit. Cela profite à la bande passante très étendue. Ce modèle, réalisé sur cahier des charges, allie une grande puissance disponible à un sens très sûr de la délicatesse et de la précision.
L’étage phono (MM/MC) emploie un OPA tampon sur l’étage de sortie au bénéfice d’une très faible impédance sans perte de signal. D’autre part, le châssis mécanique a fait l’objet d’un soin particulier, par l’usage d’une structure des plus rigides qui réduit autant que faire se peut toutes les vibrations indésirables. Cela a pour conséquence d’opérer très favorablement sur la sonorité des tubes eux-mêmes, moins bruyants et donc plus musicaux.
L’ensemble des composants fait l’objet d’une analyse très poussée, afin d’obtenir la meilleure qualité sonore subjective possible. Cela vaut également pour les tubes, appairés et sélectionnés à la suite de deux étapes de préchauffage.
C’est un appareil contrôlé par ordinateur qui opère pour cela, afin d’obtenir la meilleure association entre les différents tubes. Le Roma 510 AC repose sur quatre pieds en aluminium, dotés d’un insert en caoutchouc haute résistance, cela afin de réduire là encore les vibrations indésirables.
Enfin, les mélomanes-audiophiles chevronnés apprécieront le réglage du BIAS indépendant pour chacune des quatre KT88.
Timbres :
La sonorité de cet intégré, qui ne cherche pas à faire l’impasse sur certains aspects que l’on attribue le plus souvent au tube, plaira sans aucun doute. On retrouve en effet cette douceur, ce côté volontiers « liquide » et soyeux, avec ces fameux alliages de timbres qui restent par ailleurs une composante essentielle de la musique vivante. Pour autant, cela ne nuit en aucune façon à la fermeté, à une forme de solidité tout à fait plaisante, due en grande partie à l’alimentation, fort bien pensée. Car cette image sonore volontiers veloutée fait montre d’une belle rapidité, d’un sens aiguisé des contours instrumentaux.
Tout s’incarne, en effet, fort joliment, qu’il s’agisse des divers instruments de l’orchestre comme des voix humaines particulièrement en situation. On pourrait évoquer les avantages subtils d’une reproduction « analogique », quoique cela n’ait guère de sens puisque nos écoutes recourent le plus souvent à une source numérique. En réalité, le tube appartient à une ère qui, par nature, se réclame toujours de cet univers d’hier, dominé par ces fameuses technologies des premiers temps au charme incomparable, qu’il s’agisse du tube précisément comme du vinyle et qui, par certains aspects, ne sont pas sans points communs…
Dynamique :
Elle associe avec talent un valeureux sens du moelleux à une belle fermeté quand cela est nécessaire. Souplesse certes, car sans cette agressivité, extra-musicale le plus souvent, tout en consentant à la musique une belle réactivité. Les mouvements orchestraux qui requièrent de la puissance et de l’ampleur sont en vérité fort bien négociés, avec cette franchise, cette majesté auxquelles la KT88 nous a toujours habitués, y compris aujourd’hui, puisque celle-ci est habilement reconsidérée. Peut-être plus qu’avant, cette configuration mythique est en mesure de traduire certains raffinements dans les nuances, dont souvent nos amis italiens sont capables, avec ce côté volontiers expressivo qui caractérise certains traits de violons notamment. Quoi qu’il en soit, l’écoute reste toujours vivante et agréable en ne négligeant jamais une forme de sensualité naturelle.
Scène sonore : La composante sonore de cet intégré, d’essence analogique comme nous l’avons souligné, profite à l’élaboration d’une scène stéréo crédible et réaliste, plus axée sur le « naturel », plutôt que sur une tournure délibérément holographique. La stéréophonie, quand elle prend vraiment vie, s’appuie toujours sur une grande réussite dans le registre médium, et plus particulièrement sur la richesse harmonique, endossée par les différentes sources émissives de l’enregistrement, les voix notamment. Et c’est là le point fort de cet intégré, qui fait reposer cette mise en espace de la musique très séduisante, avec ce réalisme singulier auquel les meilleurs amplis à tubes nous ont parfois habitués.
Rapport qualité/prix :
Au regard du prix annoncé, le Roma 510 AC Signature parvient à un excellent rapport qualité/prix, s’agissant de surcroît du modèle Signature, qui coûte seulement 1000 euros de plus que la version traditionnelle. Adjoindre une excellente platine vinyle pourrait sans nul doute concourir à la réelle légitimité de ce modèle, à son rayonnement naturel.
Intégré de charme à tous égards, y compris sur le plan de l’aspect, le Roma 510 AC prendra possession de son espace environnant avec classe et élégance. Car sa présentation visuelle s’accorde assez curieusement à ses prestations sonores et musicales, ce qui est rare. Le sens de la beauté est toujours présent, mais sans que cela se conjugue à une coloration gênante.
Non, c’est une sorte d’écoute « plaisir » qui est privilégiée avec le bon goût de ne jamais sacrifier la rigueur.
Timbre
7
Dynamique
8
Scène sonore
8
Qualité / prix
7
Plaisir musical
Facilité d'utilisation
Qualité de fabrication
Dimensions : 410 x 420 x 210 mm
Poids : 25 kg
Puissance de sortie : 2 x 80 W sous 6 ohms en classe AB
Configuration : Pentode push-pull
Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz
Impédance d’entrée : 50 kohms
Rapport signal/bruit : > 90 dB pondérés
Polarisation : réglage manuel pour chaque tube de puissance
Entrées analogiques : 3 lignes RCA asymétriques et 1 XLR symétrique
Entrée phono : oui (MM/MC)
Sorties : 1 Pre-Out