PE LEON SIGNATURE : Transparence & majesté

Dans le numéro de juin/juillet 2024, nous avions grandement apprécié les talents de la «petite» Pierre Étienne Léon Kantor S4, tout emprunte d’un raffinement bien à la française, axée avant dans la recherche d’une transparence supérieure. Cette fois-ci, le propos est bien proche, mais avec l’avantage d’une image sonore grand format, incroyablement maîtrisée.

Cette enceinte imposante est en réalité beaucoup plus originale qu’elle apparaît au premier chef. Il y a avant tout une totale prééminence des paramètres acoustiques que Pierre Étienne Léon semble avoir optimisés au cours des deux dernières décennies: qualité intrinsèque des haut-parleurs, haute tenue des composants de filtrage, câblage interne également, ou encore et surtout le système de charge des plus élaborés. C’est ce qui distingue vraiment cette enceinte de toutes ses consœurs.

Ce système de charge acoustique, assez singulier, repose sur le principe de l’autorégulation, le couplage d’une première enceinte qui prend place dans la partie supérieure de l’ébénisterie comprenant les deux unités de grave/médium et le tweeter, le tout relayé à un quatrième transducteur placé vers le sol, totalement invisible et qui pourrait s’apparenter à un caisson de grave indépendant, équipé de son propre évent. Ce dispositif astucieux permet un meilleur équilibrage des pressions internes et externes, tout en éliminant les effets d’ondes stationnaires. On gagne de la sorte en linéarité et en étendue spectrale, sans effort.

La forme du coffret est dictée par une volonté de réduire au mieux les effets de bord avec une épaisseur qui atteint 47mm. Pierre Étienne Léon apporte la plus grande attention au choix de ses haut-parleurs. Les deux unités de grave/médium de 160mm recourent à une membrane composite en fibre de carbone laminé, pour l’obtention d’une très faible épaisseur au bénéfice du poids et la rigidité. La bobine mobile est montée sur de la fibre de verre non conductrice.

En revanche, le modèle «invisible» de 190mm dédié aux fréquences grave comporte une membrane en papyrus. Quant au tweeter à dôme, il fait usage du béryllium pur avec profil optimisé. L’ensemble est insensible aux variations de température et d’hygrométrie, afin d’obtenir performances constantes. Ces haut-parleurs sont équipés d’un circuit magnétique en néodyme doté d’un noyau pourvu d’une bague en cuivre qui limite les courants de Foucault.

L’ébénisterie purement française recourt à des panneaux d’épaisseur différente, à la mesure de la structure complexe du coffret. Très travaillé, le socle totalement solidaire du coffret emploie une pointe conique, le «point majeur» de l’enceinte, aidée par les deux pointes arrières pour une mécanique optimale. En revanche, les deux pointes latérales placées à l’avant anti-basculantes ne doivent pas être en contact avec le sol.

Quelques mots enfin concernant le filtre. Comme pour toutes les enceintes de la marque française, il s’agit d’un filtre à déphase minimum, à couplage direct, sans circuit imprimé. Les composants avant assemblage sont mesurés et appariés. Mono-câblage de circonstance pour un purisme optimal.

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Timbres

Le charme rare de cette enceinte opère d’emblée grâce à un volume sonore parfaitement contrôlé qui puise tout naturellement dans ce principe qui s’apparente à ce «caisson de basses» totalement indépendant et qui ne pollue en aucun cas la partie supérieure du spectre, qui conserve par conséquent sa légèreté, sa rapidité et au fond ce réalisme qui appartient à la vérité de la musique en direct.

Fort peu d’enceintes obéissent à ce principe qui, selon nous, pourrait faire office d’une sorte de voie royale. En sorte que la musique respire naturellement, sans effort et de façon étonnement majestueuse à la mesure du «grand son» authentique et non pas du «gros son»… Car cette enceinte, de taille au fond mesurée, est capable de cela, de restituer la splendeur d’un orchestre symphonique au grand complet, sans qu’il soit nécessaire de recourir à un modèle de plus vaste dimension avec tout ce que cela suppose en excès dans le grave et, du coup, en grosseur rédhibitoire.

C’est sans doute le talent premier de la Signature, vraiment merveilleuse, qui cumule de fort belles qualités paradoxales : une ampleur infinie associée à une très grande subtilité, à un sens du détail remarquable, toujours restitué à l’échelle juste.

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Dynamique

Elle s’exprime avec cette même évidence, avec un naturel qui s’accommode fort bien d’une certaine sophistication toujours d’essence musicale. Car si les efforts de conception sont bel et bien tangibles, ils n’entament en aucune façon une certaine fraîcheur, une belle spontanéité.

Grand son donc à la mesure du grand orchestre, juge imparable, qui retrouve sa majesté, cela avec un sens de la stabilité tout à fait exceptionnel. Élément fort également qui confère à la musique une sorte de solidité, de densité supérieure. C’est dans tous ces aspects subtils, presque secrets, que la Signature se révèle vraiment exceptionnelle, dans cette façon de rendre justice à une certaine vérité du discours musical.

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Scène sonore

Elle est, comme il se doit, tout à fait en rapport avec les qualités révélées plus haut, mélange habile d’une stabilité inconditionnelle et d’une respiration à la fois large et profonde. Cela contribue grandement à l’élaboration d’une image stéréo des plus convaincantes, somptueuse et précise à la fois, jamais ostentatoire ou démonstrative mais bien davantage motivée par une nécessité intérieure qui appartient à la géométrie musicale telle que l’on peut la ressentir en réalité.