La magie du tube: Préampli JP7 Ampli PA70

Voici un ensemble de cette belle marque française, très haut de gamme à sa façon, qui reprend le principe de l’intégré I-70, mais avec un préamplificateur séparé plus performant, tout cela pour un prix qui reste attractif.

Simplicité et efficacité. Car en effet, pour le « petit » préamplificateur JP7, les prix ont été serrés au plus près, sans nuire à la musicalité, rassurons-nous, sachant par ailleurs que la « simplicité » dans ce domaine est souvent gage de musicalité, de naturel. Cela est d’ailleurs confirmé. Quoi qu’il en soit, la qualité des divers composants a été préservée. On retrouve trois tubes ECC82 pour les différents étages, travaillant en mode triode, un grand classique pour la pré-amplification. Cet appareil relativement compact, d’apparence plutôt luxueuse, se distingue par son sélecteur de sources, le potentiomètre de volume et le réglage de la balance, parfois utile. Notons la présence d’un discret récepteur infrarouge réservé à la télécommande, une pratique fort rare chez Jadis… On peut ainsi sélectionner les sources, contrôler le volume ou encore effectuer la mise en marche. Les cinq entrées RCA permettent de relier l’appareil à toutes les sources analogiques, du lecteur CD ou SACD, au lecteur réseau ou encore à l’éventuel tuner FM.

Cet ampli en impose par son volume tout d’abord, mais également par sa facture de haute lignée : la qualité de fabrication est en effet irréprochable, comme toujours chez Jadis. Et puis, il y a l’utilisation de cette tétrode somme toute assez rare, la KT170, qui ressemble à s’y méprendre à une 300B et pourtant bien différente. Les deux tubes par canal sont capables de produire 50 W sans faillir en tout confort, avec l’avantage d’une bande passante très étendue. L’emploi de ce modèle a nécessité une mise au point spéciale, pour l’obtention d’une distorsion minimale, tout en privilégiant la fiabilité sur la puissance. Les deux transformateurs de sortie fonctionnent en simple push-pull, les étages intermédiaires recourant pour leur part à une alimentation distincte. Nos deux KT170 profitent pour les étages d’entrée d’une double triode ECC82 pour le gain en tension, et d’une autre ECC82 par canal, inverseur déphaseur, sans oublier la paire de double triode ECC83 qui précède nos deux tétrodes, opérant en classe A.

On est impressionné par le châssis en acier inoxydable, par son poids notamment, qui participe sans aucun doute à la stabilité sonore de l’appareil, une façon efficace de lutter contre les vibrations mécaniques, très bénéfique de façon générale. En vérité, avec ces belles électroniques, tout semble relever d’un certain artisanat d’art réellement assumé.

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Écoute

Timbres : On reconnaît d’emblée les caractéristiques du tube, sans prix pour de nombreux mélomanes audiophiles : un grain inimitable, chaleureux certes, mais qui n’entame aucunement la précision et surtout la rapidité. Car cet ensemble est tonique, vivant, avec la plus-value d’une scène sonore somptueuse. L’équilibre spectral est d’une grande homogénéité, le grave tendu mais substantiel, relayé par un registre médium vivant et naturel dépourvu de toute aseptisation désagréable. L’aigu est bien intégré à cet ensemble d’une grande cohérence, sans brillance, emprunt même d’une certaine douceur, d’une forme de soyeux, mais d’une belle richesse harmonique tout de même. On profite ainsi d’une remarquable absence de dureté bien agréable, qui concourt au plaisir de l’écoute. Il ne manque plus comme parfait agrément qu’une belle platine vinyle…

Dynamique : Là encore, les qualités ne sont pas en reste, à la faveur d’une dynamique fort bien menée, toujours expressive et qui corrobore nos impressions précédentes. On est frappé par ce mélange d’énergie et de douceur, qui mêle habilement la sensualité et la violence quand cela s’impose, et qui correspond assez bien à l’écoute de la musique en live, avec ce sentiment d’une réalité organiquement liée, à la façon d’un corps vivant. C’est un peu la magie du tube qui s’élabore ici avec beaucoup de talent. La dynamique fine est bel et bien présente, dans les inflexions d’un violon baroque ou encore les subtiles modulations d’une partie vocale, le tout dans une ambiance sonore différenciée et nuancée.

Scène sonore : Le tube jouit d’une réputation particulière dans ce domaine et il faut avouer que dans le cas présent la réussite s’impose, avec cette impression de volume sonore en trois dimensions, fort bien réparti dans l’espace. Cela sert, par nature, la cause d’une image stéréo particulièrement réaliste et crédible, qui tend à « réhumaniser » la reproduction numérique, au profit d’une écoute plus analogique, plus apte à satisfaire nos sens. Les étagements en profondeur sont frappants de réalisme, avec ce cheminement à la fois souple et précis entre les instruments, tel que l’on peut le ressentir au concert.

Très belle surprise avec cet assemblage somptueux, purement français de surcroît. Un sens musical s’impose d’emblée, par la pulsation rythmique notamment, remarquable. Il faudrait encore évoquer la beauté de l’espace sonore mais aussi l’énergie tout en raffinement de la très intéressante tétrode KT170, fort bien exploitée, et qui préserve ce fameux « grain » du tube.

Et puis enfin, les 50 W annoncés par canal font bien davantage que la même puissance offerte par un modèle à semi-conducteurs. Le préamplificateur JP7 associé à l’amplificateur PA70 met à la portée d’un plus grand nombre de mélomanes le monde sonore de Jadis. Un ensemble français au goût du jour qui ouvre grand le champ des possibles.