Après le triptyque magistral DSP-05EX et sa Master Clock PMC-05EX, le cadet de la famille japonaise perpétue la philosophie Sforzato, avec des réponses propriétaires efficaces. Pour un budget bien inférieur, c’est l’occasion d’adhérer à cette restitution engageante, nuancée et sensuelle, plus souvent présente en analogique.
La topologie générale est identique à celle de ses aînés, car le DSP-07EX reprend les concepts maison, dont le Zero Link, qui élimine toute fonction asynchrone dans la conversion N/A. Ce lecteur réseau lit le PCM haute résolution et le DSD, il est prêt pour Roon et peut être utilisé comme lecteur UPnP/DLNA, et également comme DAC USB.
L’allure de sa face avant, caractéristique en forme de vague sculptée dans l’aluminium, respire la qualité. Deux touches sont présentes en façade : l’une pour les entrées et fonctions, l’autre pour la phase du signal.
SFORZATO ZERO LINK
Grâce au DSP-07EX, il est possible de profiter de fichiers stockés sur un NAS ou de services de streaming en utilisant une tablette comme télécommande. L’offre de contenus est quasiment illimitée pour le prix d’un abonnement très raisonnable.
Il dispose d’une entrée LAN SFP (Small Form-factor Pluggable), habituellement utilisée en informatique. En insérant un module émetteur-récepteur, on peut utiliser un câble LAN en cuivre, ou mieux encore, une fibre optique, éliminant efficacement le bruit en shuntant la liaison galvanique du réseau.
La technologie Zero Link élimine toute fonction asynchrone dans la conversion N/A du DAC. Les transmissions par paquets sont gérées par le transport, et les données musicales sont transférées au DAC en synchronisation avec une horloge externe de 10 MHz, comme pour les modèles supérieurs. Le DSP-07EX est livré avec un générateur d’horloge TCXO à bruit de phase très faible, mais il est possible d’opter pour la gamme PMC-07EX, 05EX ou 03EX pour une qualité ultime.
Double convertisseur ESS
Le contrôleur numérique est piloté par un micro-ordinateur ARM11 et un DSP. Des mises à jour logicielles régulières permettent de bénéficier des dernières fonctionnalités, même longtemps après l’achat.
Le DSP-07EX prend en charge les services de streaming Tidal et Qobuz, via l’application de contrôle Taktina (gratuite sur iOS/Android) ou d’autres lecteurs reconnus comme Audirvana (Mac/PC).
Les formats pris en charge :
PCM : 44,1 kHz à 768 kHz (16/24/32 bits)
Fichiers : AIFF, WAV, FLAC, ALAC
DSD : DSD64/128/256/512 (2,8 à 22,5 MHz), dsf & diff
La lecture sans décalage est supportée pour tous les formats. La conversion N/A repose sur deux puces ES9038Pro, une par canal, fonctionnant en parfaite synchronisation avec le signal d’entrée. L’horloge de haute précision et le câblage rigoureux garantissent une synchronisation sans jitter.
Fabrication et écoute
Construction blindée
Le circuit imprimé multicouche intègre un grand plan haut et bas, faisant circuler les signaux numériques dans les couches intermédiaires. Le blindage est conséquent : feuilles non magnétiques absorbant les perturbations, boîtier de blindage pour les composants générateurs de bruit (processeur central), et alimentation généreuse reposant sur deux transformateurs toriques (un pour le numérique, un pour l’analogique) avec de multiples régulations.
La puissance de l’alimentation assure une stabilité exemplaire, digne d’un amplificateur intégré.
Timbres
Le DSP-07EX s’approche très près de ses aînés beaucoup plus coûteux. S’il ne pousse pas chaque curseur au maximum, il conserve la philosophie sonore Sforzato : textures harmoniques riches, présence physique des interprètes, et une vitalité remarquable.
La voix de Michael Spyres, accompagné par Les Talents Lyriques de Christophe Rousset sur Rossini, est rendue avec toute sa vigueur et expressivité. Le Wiegenlied de Richard Strauss (hi-res, DG) chanté par Elina Garanca illustre la beauté de sa tessiture, débarrassée de toute coloration numérique. Sur Elles, Youn Sun Nah et le Fender Rhodes de Jon Cowherd sont magnifiquement mis en valeur.
Dynamique
Le DSP-07EX impressionne par sa réactivité instantanée, presque surprenante. La qualité de l’alimentation y est pour beaucoup, tout comme l’horloge externe parfaitement synchronisée.
L’album Y’Y du pianiste Amaro Freitas explose d’énergie : les attaques, les nuances, le rendu percussif des marteaux… Tout est là, sans confusion ni tassement dynamique. Le grave est profond, dense, sans traînage, et l’aigu se montre velouté et parfaitement intégré. Le numérique brille ici à son meilleur.
Scène sonore
Un enregistrement live comme celui de Michel Jonasz au Palais des Sports (1985) met en lumière toutes les qualités du DSP-07EX : présence du public, dimension de la salle, stature de l’artiste… Les frissons sont garantis, notamment sur Super Nana.
Le DSP-07EX minimise la distance entre performance et restitution. Il implique l’auditeur, offre une palette dynamique et spectrale étendue, et dompte les défauts du numérique, notamment en haute résolution.
Dans un registre plus intimiste, The Last Poem de Sophie Auster (voix et guitare) bénéficie également d’une superbe cohérence.
Rapport qualité/prix
Les modèles DSP-05EX + PMC-05EX se situent dans un segment très haut de gamme, mais restent compétitifs vu leur musicalité. Le DSP-07EX, lui, rend accessible l’univers Sforzato pour 6 500 €, avec une possibilité d’évolution (horloge PMC). Un budget important, certes, mais une personnalité attachante et unique.
Verdict
Absolument Made in japan, le DSP-07EX est un investissement sérieux et pérenne grâce à l’évolutivité permise par ses mises à jour. Il emporte musicalement, en faisant complètement oublier la nature numérique de la source, pour nous plonger dans un monde de subtilité et d’incarnation musicale, avec une approche la plus sensible possible du numérique tout en délivrant énergie et matière.
De quoi se réconcilier pleinement avec la technologie actuelle domptée par Sforzato.