Dans l’univers feutré des casques audiophiles, certaines créations transcendent leur simple fonction pour devenir de véritables instruments de musique. Le POET est de ceux-là. Si sa membrane ultrafine danse au rythme d’un double moteur magnétique sophistiqué, c’est pour mieux nous faire oublier la prouesse technique et nous plonger au cœur même de la musique.
Le POET repose sur une structure mécanique rigoureuse. Les coques en magnésium, choisies pour leur excellent rapport rigidité/masse, intègrent une grille alvéolée calculée pour minimiser les réflexions parasites. L’arceau en titane, matériau reconnu pour ses propriétés amortissantes, assure une répartition optimale des 350 grammes de l’ensemble.
Les coussinets adoptent une structure composite étudiée : mousse à mémoire de forme à gradient de densité pour l’amortissement, revêtement synthétique sélectionné pour ses propriétés acoustiques, structure interne participant au contrôle des réflexions.
Le système de fixation magnétique assure un positionnement précis et reproductible. Le câble en cuivre OFC adopte un tressage manuel complexe à plusieurs brins, dans la pure tradition des montages « nude » prisés des puristes japonais. Les connecteurs en aluminium anodisé noir intègrent des contacts plaqués or, avec un code couleur facilitant l’identification des canaux.
La conception détachable permet d’explorer différentes options de câblage pour affiner la signature sonore.
Le transducteur MZ6 (Rinaro Isodynamics) exploite une membrane ultrafine de seulement 4 microns d’épaisseur. Cette membrane supporte deux circuits conducteurs distincts.
Le premier, baptisé Switchback Coil, couvre la partie inférieure du diaphragme selon un motif géométrique complexe optimisé pour la reproduction des basses fréquences.
Le second, de forme hélicoïdale (Spiral Coil), est stratégiquement positionné en face du canal auditif pour la reproduction des médiums et des aigus.
Le système magnétique utilise des aimants au néodyme disposés selon une géométrie isodynamique hybride, pour générer un champ magnétique de part et d’autre de la membrane. Cette configuration, associée à la double bobine, permet d’obtenir une surface active effective bien supérieure à celle des transducteurs conventionnels.
Situé au plus près de l’oreille, il utilise une structure métallique aux motifs géométriques calculés pour maîtriser les réflexions dans les hautes fréquences, là où les casques conventionnels montrent leurs limites.
Cette architecture sophistiquée permet d’obtenir des performances mesurables remarquables :
La réponse en fréquence est d’une linéarité remarquable, depuis les profondeurs de l’infra-grave jusqu’aux frontières de l’aigu.
La courbe présente deux élévations caractéristiques :
La palette sonore du POET impressionne par sa richesse et sa justesse. Sur « The Look of Love », la voix de Diana Krall se matérialise avec une présence troublante de vérité, portée par ce pic de présence évoqué plus haut. Le grain légèrement voilé si caractéristique est restitué avec beaucoup de nuances, tandis que le piano conserve cette richesse harmonique qui fait le charme des grands Steinway.
Les cuivres révèlent toute la maîtrise du transducteur. Sur « So What » de Miles Davis, la trompette conserve ce mordant caractéristique sans jamais devenir agressive. Le saxophone de Coltrane déploie ses harmoniques avec une justesse rare, passant du souffle le plus délicat aux attaques les plus incisives sans perdre son naturel.
Le quatuor à cordes est un révélateur impitoyable des qualités d’un transducteur. Sur le Quatuor n° 14 de Schubert par le Quatuor Alban Berg, chaque instrument conserve sa personnalité propre. Les violons développent leurs harmoniques avec une fluidité remarquable, sans cette pointe de dureté si fréquente dans l’aigu. L’alto dévoile sa voix si particulière, plus sombre, plus riche, tandis que le violoncelle affirme sa présence avec une densité de timbre impressionnante. Un vrai plaisir.
Les balais sur les cymbales dessinent des textures délicates, sublimées par cette extension dans l’aigu qui apporte air et lumière sans jamais tomber dans l’artificialité. C’est cette capacité à restituer les micro-informations, ces infimes variations de texture, qui font la différence entre une reproduction mécanique et une présentation vivante, organique.
« Chaise Longue » de Wet Leg révèle toute l’agilité dynamique du POET. Les transitions abruptes entre les couplets minimalistes et les déflagrations instrumentales sont restituées avec un naturel confondant. Le contraste entre la voix détachée et les explosions post-punk met en évidence l’excellente gestion des écarts dynamiques, sans aucun effet de compression.
« Trouble’s Coming » de Royal Blood met en évidence la capacité du casque à gérer les graves les plus exigeants. La basse saturée, signature du groupe, conserve sa définition même dans les passages les plus denses, chaque note restant parfaitement articulée. Les impacts de grosse caisse gardent leur punch sans jamais déborder sur le reste du spectre.
L’image stéréophonique constitue l’un des points forts du POET. Sur « Take Five » (Dave Brubeck), la scène sonore s’étend bien au-delà des limites physiques du casque. La batterie de Joe Morello se déploie dans un espace tridimensionnel parfaitement défini, chaque élément du kit occupant sa place naturelle. Le saxophone alto de Paul Desmond flotte littéralement devant l’auditeur, tandis que la contrebasse d’Eugene Wright ancre l’ensemble avec une présence physique remarquable.
Dans cette catégorie de prix exigeante, le POET justifie son positionnement par une combinaison rare de qualités techniques et musicales. Sa conception modulaire garantit une durabilité appréciable, tandis que sa polyvalence en matière d’amplification élargit son champ d’application.
Le POET réussit le difficile équilibre entre innovation technique et musicalité. Si ses solutions technologiques sophistiquées impressionnent sur le papier, c’est bien dans l’écoute quotidienne que le casque révèle sa vraie nature. La scène sonore naturellement aérée, les timbres d’une justesse remarquable et la capacité à restituer les plus infimes nuances dynamiques créent une expérience d’écoute profondément engageante. Le confort prolongé et la construction modulaire assurent une relation durable avec un appareil qui, au-delà de ses prouesses techniques, sait avant tout servir la musique.
Timbre
8
Dynamique
7
Scène sonore
8
Qualité / prix
7
Plaisir musical
Facilité d'utilisation
Qualité de fabrication
Type : Casque planar magnétique ouvert
Poids : 350 g
Transducteur : MZ6 Isodynamic Hybrid Array
Sensibilité : 101 dB SPL/mW
Impédance : 55 ohms
Réponse en fréquence : 4 Hz – 96 kHz
Distorsion harmonique : < 0,05 %
Connectique : Double jack 3,5 mm TS
Accessoires : Câble tressé main 1,5 m