La société allemande BMC Audio GmbH, fondée en 2009, propose une gamme complète d’électroniques ainsi que des enceintes acoustiques et du câble de modulation. Proposer des appareils très performants à des prix décents reste l’objectif numéro 1. A partir d’une mécanique BD1.1 et d’un convertisseur DAC1HR, le constructeur a créé les deux évolutions en test, le BDCD1.1, lecteur de CD, et le DAC1PreHR équipé d’un module préamplificateur.
BMC (pour Balanced Music Concept), a été créée par Bernd Hugo et Cartlos Candeias. Ils ont décidé de secouer le cocotier en concevant des équipements haute-fidélité de haut de gamme à prix raisonnable. Qui dit haut de gamme dit circuits innovants et haute technologie, et plus implicitement haute musicalité. C’est bien de cela qu’il s’agit quand on évoque BMC, entreprise localisée à mi-chemin entre Dortmund et Göttingen. Toutefois, si la conception est allemande, la construction s’effectue dans une usine chinoise, propriété de BMC. Les coûts de revient bas autorisent ainsi des prix de vente serrés. Juan Carlos Candeias Isaac, qui dirige la société, a un curriculum vitae bien rempli. Il fonde sa propre société Candeias Audio Electronics en 1986 alors qu’il poursuit des études d’ingénieur. Il a notamment travaillé en étroite collaboration avec le fabricant japonais CEC et la compagnie allemande Aqvox. Il conçoit et brevette certains circuits comme le LEF (pour Load-Effect Free) utilisé notamment sur les lecteurs de CD CEC. Son envie de mettre en œuvre de nouveaux concepts le pousse à lancer BMC. Outre les circuits symétriques, toutes les électroniques sont empreintes d’une ligne esthétique unique avec des châssis en plaques d’aluminium soigneusement assemblées et une face avant caractérisée par une énorme molette centrale (préampli RIAA, mécanique, lecteur et DAC) ou un énorme vumètre central (amplificateurs) autour desquels sont placés symétriquement les boutons de commande. La qualité de fabrication et le niveau de finition externe comme interne sont très élevés, ce que ne reflètent pas forcément les prix relativement serrés auxquels sont proposés tous les produits.
Lecteur BDCD1.1
L’appareil est basiquement le transport BD1.1 pourvu du module DAC optionnel pour une évolution en lecteur BDCD1.1. On trouve sur la face avant « la » molette centrale géante BMC. En la pressant, on lance la lecture ou on l’arrête. En la tournant, on va et vient entre les pistes. Un afficheur à diodes LED bleues et un poussoir de mise sous tension situés à gauche, et une série de cinq touches poussoirs à droite dont une intitulée New CD créent l’équilibre visuel autour de la molette. L’appui sur la touche New CD est obligatoire à chaque changement de CD pour lancer la reconnaissance du répertoire (décodage du TOC – pour Table of Content – ou table des matières) qui n’est plus automatique par le fait du déport de l’horloge « master clock » dans le DAC (concept Superlink). Les intitulés de chaque fonction apparaissent par rétroéclairage dont notamment les informations relatives à la lecture du CD sur la gauche. L’arrière reçoit une connectique fournie (voir fiche technique), le module DAC offre des sorties stéréo RCA et XLR de niveau fixe.
Point technologique culminant de ces deux références, la mécanique à courroie brevetée du constructeur. L’ensemble du système de lecture est installé sur un berceau en aluminium massif. Le support du CD monté sur un roulement de précision est mis en rotation par une courroie entraînée par une poulie placée en bout d’axe du moteur déporté. Ce principe permet de découpler efficacement le moteur du CD. Par ailleurs, un colossal palet presseur en acrylique est posé sur le CD afin de stabiliser la vitesse de rotation (la servorégulation de vitesse opère sans à-coups) et d’absorber les vibrations. Autre spécificité de ce lecteur (et du transport), la liaison Superlink dédiée au convertisseur de la marque. Contrairement aux standards numériques S/PDIF, AES/EBU et optique où un flux unique véhicule les horloges et les données audio, le principe Superlink (interface I2S du fabricant) transmet ces informations séparément par le biais de quatre câbles coaxiaux. Les informations numériques transitent entre le transport et le convertisseur ad hoc selon un cadencement ordonné par le convertisseur vers le transport. Outre la suppression des étapes d’encodage et de décodage inhérentes aux formats numériques habituels mono-flux, le Surperlink supprime également une source importante de jitter : l’étape de régénération de la fréquence d’échantillonnage dans le DAC, puisque c’est le DAC qui dispose désormais de l’horloge maîtresse. Quant au module DAC, il est fondamentalement constitué de deux chips PCM1792 et d’une horloge de synchronisation placée juste en leur tête. Les datas sont ainsi resynchronisés au niveau des deux puces avec un taux de jitter induit infinitésimal.
La sortie en courant des chips est convertie en tension par le biais d’un étage sans contre-réaction de type Current Injection avec buffer LEF. Le concept Current Injection introduit deux notions.D’une part, celle du traitement du signal sous forme de courantplutôt que de tension afin d’éviter les problèmes de distorsionset de bruits générés par un amplificateur de tension (principe mis en œuvre par 99,9 % de la concurrence). Et, d’autre part, celle detrajet ultracourt du signal en implantant le DAC au sein même ducircuit Current Injection afin de réduire au strict minimum les étages. C’est le courant de sortie du DAC, boosté par le circuitLEF, qui génère la tension de sortie analogique. Le principe du LEF(circuit symétrique cascode en classe A à sections tension etcourant séparées) réside dans le fait que l’étage qui traite lesignal bas niveau en tension est confortablement assisté par unétage complémentaire sur les demandes en courant. De ce fait, lesignal disponible en sortie ne subit aucune dégradation quelle quesoit la charge raccordée. L’implantation modulaire interne estremarquable. Quatre compartiments au total. Deux modules de baseprennent place (configuration BD1.1), l’alimentation à découpageavec filtrage actif en entrée, régulation et transformateursséparés pour chaque type de signaux, et la carte numérique (quatreentrées et Superlink). Le module optionnel DAC propre au lecteurBDCD1.1 prend logiquement place à côté du module numérique.
Convertisseur DAC1PreHR
Cette électronique modulaire, elle aussi, est installée dans un châssis similaire à celui du lecteur. On retrouve l’empreinte esthétique BMC avec la molette centrale aussi haute que l’appareil et des commandes réparties de part et d’autre. Cinq poussoirs sur la gauche avec la mise en service, le sélecteur de filtre numérique Pulse ou Flat qui agit sur toutes les entrées digitales, le sélecteur de taux de suréchantillonnage OVS-L (32 fois) ou OVS-H (128 fois), le sélecteur de taux de conversion de la fréquence d’échantillonnage entre Direct (pas de conversion, mode Superlink notamment) ou UPS (upsampling asynchrone d’une fréquence de 96 kHz) et un réglage fixe de gain en sortie analogique du DAC1 (0 ou +6 dB). La sélection d’une des six entrées numériques et d’une des trois entrées analogiques dans le cadre de l’implantation du module optionnel de préamplification, la touche de mise en sourdine et celle de réglage de la luminosité de l’affichage sont situées sur la droite.
A propos d’affichage, les différents textes et symboles apparaissent par rétroéclairage comme sur le lecteur BDCD1.1. La sélection des entrées fait apparaître l’intitulé de chacune d’elles (USB, AES ou SLINK, par exemple) et les autres sélecteurs indiquent le choix effectué (FLAT ou PULSE, par exemple). Par ailleurs, une indication sur la fréquence d’échantillonnage du signal entrant est donnée à gauche de la molette (32 à 192 kHz), cette dernière valeur indiquant le taux de suréchantillonnage pratiqué sur l’entrée USB. Le DAC1 excelle bien évidemment en mode Superlink avec le transport du constructeur. La conversion D/A reprend l’architecture à doubles chips de conversion PCM1792 suivis d’un circuit Current Injection et LEF sans boucle globale de contre-réaction négative. Le filtre numérique Flat optimise la réponse en fréquence tandis que le filtre Pulse met l’accent sur la réponse transitoire tout en minimisant les phénomènes de pré- et de post-oscillation (ringing) avec une atténuation progressive dans l’aigu. Quant au suréchantillonnage, le mode OVS-L délivre un son plus dynamique que le mode OVS-H qui véhicule plus de douceur. Le DAC1 est également équipé de deux sorties appelées DIGM (pour Digital Intelligent Gain Management) ou système numérique intelligent de contrôle du gain. Cette interface optique est un réglage de volume maison utilisé avec les amplificateurs de la marque. Le signal analogique symétrique de niveau fixe en sortie du DAC1 est envoyé à l’amplificateur dont l’entrée DIGM est également reliée à celle du convertisseur par un câble optique. Le réglage de la molette sur le DAC1 indique une position de volume ensuite traitée par un convertisseur A/D qui génère une information numérique envoyée à l’amplificateur. Cette information va servir à ajuster le gain de l’ampli parmi 66 valeurs au pas de 1 dB. Rien n’est ainsi inséré directement sur le trajet du signal musical. Les utilisateurs d’électroniques concurrentes n’ont pas été oubliés puisque BMC propose le module optionnel « préampli » dont disposait l’appareil testé. La molette agit toujours de la même manière, mais l’information numérique image du volume gère cette fois-ci des chips Maxim (réseau de résistances) à 62 positions, montés en configuration symétrique et bufferisés en sortie par un étage LEF. La fabrication reste superbe et l’implantation interne donne envie de remplacer le capot par une plaque d’altuglas transparent. L’alimentation symétrique à transformateur torique est filtrée par un réseau d’une trentaine de condensateurs « Balanced-Current » (les courants de charge et de décharge ont les mêmes caractéristiques en variation d’intensité, en temps de descente et en temps de montée, les effets inductifs sont supprimés) triés sur le volet pour un total de 70 000 µF, valeur énorme pour un convertisseur, avant régulation intensive. Les étages numériques sont installés sur un second module, la conversion D/A et les étages de sortie sur un troisième, et l’option préamplificateur remplit le quatrième compartiment.