En février 2022, l’intégré E-5000 nous avait littéralement subjugués. Retour sur ce sens du beau et de la vérité, selon Accuphase. Ajoutons que ces deux modèles ont été conçus pour une parfaite association.
Ces deux appareils de grand luxe ont été conçus afin de former un ensemble homogène, tant du point de vue esthétique que sur le plan des performances sonores et musicales.
Ce modèle détient tous les atouts du très haut de gamme de la marque, y compris dans la présentation, de grande classe. Mais il brille avant tout par ses prestations, dont la commande de volume « Balanced AAVA », identique à celle de l’intouchable C-2900. D’autre part, en plus du réglage des basses et des hautes fréquences traditionnel, s’ajoute un égaliseur à quatre bandes qui permet d’intervenir sur le médium afin d’ajuster au mieux la bande passante souhaitée. Ainsi, par exemple, les fréquences autour de 500 Hz agissent sur le registre purement instrumental, celles autour de 2 kHz, modifiables également, sur l’expressivité vocale.
Concernant l’extensibilité de l’appareil, il y a place pour l’entrée phono et la carte numérique à destination de toutes les sources sonores. Et puis, on sera sensible à l’inverseur de phase, pour une adaptation aux appareils dont le point chaud est l’inverse de notre C-2300. Enfin, aux deux transformateurs de haut rendement dédiés à l’alimentation, s’ajoutent deux condensateurs de filtrage haute capacité.
Très savamment conçu, le bouton de volume n’intervient pas directement sur le signal musical. Il s’agit plus subtilement d’un capteur de position, s’apparentant à un mécanisme flottant. Il exclut donc toute forme de vibrations parasites, grâce à des caoutchoucs silicone spécialement conçus. D’autre part, le principe AAVA (Accuphase Vari-Gain Amplifier) symétrique limite considérablement le niveau de bruit, avec une amélioration de 10% sur l’ancien modèle, le C-2450. L’AAVA, en effet, élimine l’usage de toutes les résistances variables présentes sur le trajet du signal. Deux modules symétriques minimisent le bruit externe ou interne, à la faveur d’un meilleur équilibre des signaux de sortie. De la même façon, les cartes d’assemblage AAVA recourent à une configuration discrète et symétrique, afin d’obtenir, là encore, une limitation drastique du bruit. Notons enfin que tous les modèles Accuphase obéissent à un très haut niveau d’exigence. Ils recourent à de nombreux éléments fabriqués sur mesure.
Tel est le cas de l’ampli casque, réalisé à partir de composants discrets de très haute qualité. S’ajoute à cela des isolateurs en fonte à haute teneur en carbone, une spécialité de la marque nippone, cela afin de supprimer les vibrations indésirables.
Nouveau venu de la série P, ce modèle encore relativement compact bénéficie d’une finition hors pair, tout à fait dans l’esprit de la marque, rétro à sa façon dans l’habillage, rehaussée par les fort beaux vumètres à peine datés et la finition champagne identique au C-2300 auquel il est associé. Travaillant en classe AB, le P-4600 dispense 150 W sous 8 ohms, une puissance qui peut s’étendre à 600 W en mode bridé. L’étage de puissance comporte six transistors de puissance push-pull parallèles, cela dans une configuration Darlington. L’ensemble des qualités en présence donne lieu à un facteur d’amortissement de 800 – bien meilleur que celui du P4500 – et qui lui permet de piloter les enceintes exigeantes.
Afin de restituer l’ambitus dynamique d’un orchestre dans sa quasi-totalité, Accuphase a conçu son ampli dans le but de réduire au mieux l’impédance de sortie. Ainsi, le point d’indice de rétroaction négative prend place tout près des borniers HP, cela au bénéfice de ce facteur d’amortissement très élevé déjà mentionné. On notera la présence d’un système de protection contre les courts-circuits et le bienfait des haut-parleurs. Et puis, afin de délivrer une énergie sans contrainte, le P-4600 emploie un transformateur de puissance très généreusement dimensionné, associé à de gros condensateurs de filtrage.
Timbres : D’entrée de jeu, nous avons comparé notre ensemble Accuphase à nos appareils de référence, d’ailleurs fort coûteux, qui tentaient, non sans quelques difficultés, d’alimenter des enceintes pour le moins capricieuses. L’échange avec nos derniers venus s’est révélé tout à fait bénéfique à l’écoute ; ce qui est bon signe. Les belles endormies plutôt un peu ternes ont repris vie d’une façon étonnante, avec un gain sensible sur l’ensemble de nos paramètres. Car cette impression de vitalité, cette incroyable rapidité est sans aucun doute une des qualités premières de ces électroniques, qui parviennent au fil des années à nous séduire toujours davantage, au bénéfice de cette sacro-sainte musicalité. C’est cela sans doute le miracle Accuphase, épris désormais d’urgence et d’expressivité.
Aucune réserve, par ailleurs, concernant la beauté des timbres, leur réalisme toujours en situation, à la mesure d’un équilibre spectral assez souverain. Notons à cet égard que les petits correcteurs de tonalité optimiseront de façon très subtile la balance spectrale, dont pâtissent certaines enceintes. C’était le cas, pour tout dire, du premier modèle que nous avons écouté…
Dynamique : Elle se révèle d’entrée de jeu assez foudroyante, pour notre plus grand plaisir, mais sans sacrifier à la douceur et même à une belle suavité quand cela s’impose. Car elle semble toujours en rapport avec l’ardeur du geste instrumental ou l’énergie vocale de l’interprète, telle qu’elle peut être ressentie en direct, sans aucune concession à l’artifice d’un adoucissement hors de propos, tel qu’on l’éprouve parfois en présence de modèles scandinaves notamment : cette esthétique sonore pour le moins atypique prive trop souvent la musique de son éclat naturel.Là, au contraire, c’est l’impression de vie qui prédomine avec des rythmes acérés qui assurent la motorique indispensable, présente aussi bien dans notre propre corps doté d’une énergie vitale naturelle qu’au sein du discours musical, investi lui aussi d’un véritable système nerveux.
Scène sonore : À dire vrai, cette limpidité, cette forme de transparence qui vient d’être évoquée caractérise également l’image sonore dans son ensemble, avec pour corollaire un sentiment de relief remarquable. Car tout est clair, net, mais sans excès, sans aucune brillance désagréable, mais toujours en faveur d’une définition, d’une résolution maximale. Cela profite, par nature à la scène stéréo très bien construite, avec de très beaux étagements en profondeur mais qui ne sacrifient jamais une réelle proximité avec la musique, bien au contraire.
Cette contiguïté sonore, déjà relevée plus haut, s’accorde assez bien avec une scène réaliste, tangible, toujours vivante, vigoureuse, agissante. C’est la tendance qui prévaut ici, et qui au fond interfère sur l’ensemble de nos critères, comme cela arrive souvent.
Rapport qualité/prix : Cet ensemble proposé autour de 20000 euros brille aussi bien par sa qualité de fabrication, sa conception très aboutie et, bien entendu par ses qualités sonores et musicales. Le prix relativement élevé se justifie donc. Et puis ces électroniques ne répugnent en aucun cas à une forme d’orthodoxie musicale, à une faculté évidente qui rend justice à tous les genres musicaux. Enfin, n’obéissant pas tout à fait aux règles d’une audiophilie ultra-puriste, les correcteurs de tonalité très sophistiqués consentent, il faut l’avouer, une forme de participation sonore et musicale individuelle, personnalisée, qui pourra se révéler utile, sinon attractive.
Sens musical et beauté avec ce très bel ensemble, généreux également, qui appréhende la musique avec rigueur avant tout, à l’exclusion de toute forme de trahison. Nous retrouvons l’esprit du magnifique intégré E-5000 testé dans notre numéro 255, fort d’une technologie au fond approchante. C’est une fois de plus les noces de la fiabilité, de la qualité au plus niveau, accordées désormais à un instinct musical sans faille qui nous captive réellement ; tout cela au bénéfice de l’excellence, par cette façon de serrer la musique au plus près.
Timbre
8
Dynamique
8
Scène sonore
8
Qualité / prix
7
Plaisir musical
Facilité d'utilisation
Qualité de fabrication
C-2300
Origine : Japon
Prix : 11 490 euros
Dimensions :
465 x 150 x 405 mm
Poids : 19,3 kg
Réponse en fréquences :
3 Hz à 200 kHz (-3 dB),
3 Hz à 20 kHz (-0,2 dB)
Tension de sortie maximale : 7 V
Gain : 18 dB
Entrées analogiques :
2 symétriques en double XLR,
5 lignes RCA, 1 RCA pour préampli externe, 1 double XL pour préampli externe
Sorties analogiques : 1 duo Play/Rec (tape) RCA, 2 RCA stéréo, 1 double XLR stéréo,
P-4600
Origine : Japon
Prix indicatif : 8 890 euros
Dimensions : 465 x 190 x 427 mm
Poids : 30 kg
Type : classe AB
Puissance : 2 x 150 W sous 8 ohms, 300 W sous 4 ohms
Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz
Rapport signal/bruit : 116 dB
Facteur d’amortissement : 800
Entrées : 1 x XLR stéréo, 1 X RCA stéréo