ENCEINTE

DALI EPICON 6

Le constructeur danois Dali n’a pas chômé depuis deux ans avec le lancement de nouvelles gammes d’enceintes acoustiques dont la série Epicon qui s’installe au sommet de la hiérarchie du fabricant. Quatre modèles de grande qualité au sein de cette gamme, dont la colonne Epicon 6 qui intègre les dernières technologies propriétaires de la maison.

Ne nous voilons pas la face : malgré des prestations musicales extrêmement satisfaisantes, les gammes Helicon et Euphonia, qui occupaient avant l’arrivée des Epicon le haut du catalogue Dali, commençaient à dater au niveau esthétique. Certes très bien réalisées et embarquant des solutions techniques sophistiquées, il leur manquait une allure, un dessin qui puisse déclencher d’un simple regard un coup de foudre, un coup de cœur. A l’évidence, les designers danois ont repris les choses en main et nous gratifient avec les Epicon d’une ligne svelte et moderne agrémentée d’une finition à tomber. Et comme vous le constaterez plus loin, les ingénieurs acousticiens ont également ajouté leur piment technologique pour aboutir à une écoute tout à fait pétillante.

Circuit magnétique linéaire

La gamme Epicon se compose de quatre modèles dont deux colonnes Epicon 8 et Epicon 6, une compacte Epicon 2 et une voie centrale Epicon Vokal, tout ce qu’il faut en fait pour se constituer un ensemble home-cinéma de belle facture. Le principe de diffusion reprend la technique chère à Dali qui consiste à reproduire l’essentiel des fréquences par deux unités, soit un grave médium et un tweeter à dôme avec une assistance dans le grave (haut-parleurs supplémentaires) et dans l’aigu (ajout d’un tweeter à ruban sauf sur l’Epicon 2). La grande nouveauté de cette série, outre une esthétique revue et sérieusement corrigée pour le plus grand plaisir des yeux, réside cependant dans l’adoption de nouveaux transducteurs de grave médium (et de grave sur l’Epicon 8) dotés d’un circuit magnétique de type Linear Drive Magnet System, qu’on pourrait traduire par système magnétique à flux constant. Cette technologie développée par Dali élimine plusieurs facteurs de distorsion développée par un haut-parleur en général. Les pièces situées à proximité de l’entrefer sont réalisées en matériau composite SMD (pour Soft Magnetic Compound) qui atténue de manière radicale les variations du flux magnétique dans l’entrefer. Par ailleurs, cette linéarité de flux est constante sur toute la bande reproduite et, de fait, évite les phénomènes de rotation de phase de l’effort magnétique appliqué à la bobine. Des bagues en aluminium placées autour de la pièce polaire réduisent l’inductance de la bobine et donc stabilisent la courbe d’impédance pour une conversion optimale entre flux magnétique et tension électrique. L’aluminium, moins coûteux que le cuivre, satisfait tout autant dans ce rôle de régulateur d’inductance.

Une construction exemplaire

Les quelques photos des techniciens œuvrant sur l’assemblage des enceintes Epicon publiées dans la luxueuse brochure du fabricant donnent un aperçu des moyens ultramodernes mis en œuvre dans son établissement de Noerager, au nord du Danemark. La finition des Epicon 6 de notre banc d’essai est vraiment exceptionnelle grâce aux dix couches de vernis appliquées sur l’essence véritable de bois recouvrant l’ébénisterie. Le rendu parfaitement lisse et miroir est magnifique. Toutes les parois de l’ébénisterie sont réalisées à partir de six couches de médium collées entre elles de manière à éliminer les ondes stationnaires. La partie arrière de l’enceinte en forme d’étrave de navire atteint 53 mm d’épaisseur. La profondeur accentuée de la caisse derrière les deux haut-parleurs de grave médium libère la circulation de l’air et évite les retours d’ondes indésirables. Le baffle support, d’une épaisseur de 33 mm, est usiné par machine-outil numérique. Couplé à l’ébénisterie très rigide qui repose soit directement sur quatre pointes, soit sur un socle rapporté plus large pour une meilleure stabilité, ce baffle crée une base mécanique solide aux transducteurs pour une transformation optimale de l’énergie électrique en énergie acoustique. Le profil galbé favorise la diffusion des ondes sonores sans phénomènes d’effets de bord. Malgré ses quatre haut-parleurs, l’Epicon 6 n’est ni une quatre-voies ni une trois-voies à double grave, mais une deux-voies et demie et demie ! En fait, le grave médium supérieur et le tweeter à dôme traitent ensemble les fréquences comprises entre 35 Hz et 15 kHz, un second grave médium travaille de concert avec le primer jusqu’à 700 Hz, et le ruban s’occupe des fréquences au-delà de 15 kHz. Chaque unité de grave médium de 17 cm, à membrane concave en fibres de bois, suspension en demi-rouleau et circuit magnétique LDMS, est montée dans sa propre charge bass-reflex, témoins les deux évents profilés débouchant à l’arrière. Même volume, même accord en fréquence vers 32 Hz. Les tweeters à dôme et à ruban sont installés sur une plaque en aluminium, configuration identique à celle des autres enceintes Dali. Le dôme de 29 mm est entouré d’une couronne en matériau amortissant qui régularise la réponse avant le passage de témoin au ruban long de 55 mm protégé par une grille ultrafine. Le bornier reçoit quatre superbes fiches haut-parleurs isolées et spécifiques à la série Epicon. Elles acceptent toutes les terminaisons de câbles et peuvent être configurées en mono ou en bicâblage par l’intermédiaire de straps métalliques de forte section. Le filtre de séparation est installé dans le pied de l’enceinte.

Fabrication et écoute

Construction : Le constructeur danois a mis les petits plats dans les grands. La série Epicon en général et ce modèle Epicon 6 en particulier jouissent tous d’une finition de très grande classe. Le côté un peu austère et retenu des précédentes gammes laisse enfin place à des enceintes à l’allure élancée et très contemporaine. Les borniers spécifiques de raccordement sont magnifiques et surtout très efficaces en termes de serrage. Quant à la qualité du vernis appliqué sur l’essence naturelle de bois, elle est tout simplement superbe.

Composants : Cette gamme Epicon constitue le nouveau fleuron de la flotte acoustique Dali. Le modèle Epicon 6 se situe en milieu de gamme, mais embarque toutes les technologies propriétaires du constructeur. Des technologies déjà éprouvées comme la configuration spécifique à Dali du double tweeter dôme et ruban dans le haut du spectre. Et d’autres plus récentes, dont la structure magnétique Linear Drive Magnet System appliquée pour la première fois au monde sur les deux unités de grave médium équipées par ailleurs des célèbres membranes en fibres de bois.

Grave : Ces Epicon 6 sont très simples à driver, notamment dans le bas du spectre. La présence de deux unités dédiées au grave nous faisait redouter l’emphase habituelle à cette catégorie d’enceintes. Erreur ! Le registre est étonnamment articulé et extrêmement vif et précis. La ligne de basse synthétique sur le « Moonlight on Spring River » descend (subjectivement) peut-être un poil moins que ce que nous avons l’habitude d’entendre avec la concurrence, mais quelle tonicité sur les attaques et quelle précision dans l’enveloppe du registre ! Par ailleurs, la montée en niveau sonore ne s’accompagne d’aucune sensation de perte de tonus ni de distorsion de la part des deux unités de 17 cm, signe de l’efficacité du nouveau circuit magnétique. Enfin, on ne sent aucune vibration de coffret et c’est précisément une autre des raisons fondamentales de la lecture très expressive des premières octaves de la part des Epicon 6. Bravo !

Médium : On retrouve une grande similitude tonale entre la membrane en fibre de bois des unités de grave médium et celle des très bons haut-parleurs « à papa » à membranes en pulpe de cellulose dont votre serviteur est un grand amateur. Les timbres sont chatoyants et offrent à l’auditeur une palette de couleurs à très haute définition (allusion à la vidéo…). Le message est distillé avec une différenciation précise et permanente des notes entre elles grâce à la fusion impeccable entre le grave médium supérieur, très véloce et très réactif, et le dôme souple.

Aigu : Une enceinte Dali se reconnaît entre toutes par la présence quasi systématique de deux tweeters dont un de « gros » diamètre assurant la jonction tonale avec le haut-parleur grave médium, et un second à ruban dédié aux fréquences ultimes au-delà de 15 kHz sur l’Epicon 6. L’idée est très intéressante dans la mesure où rien de la partie haute de la bande audible ne passe à la trappe. Sachant que la fréquence fondamentale la plus élevée d’un instrument classique se situe entre 7 et 8 kHz, le ruban idéalement léger sera tout indiqué pour retransmettre un certain nombre d’harmoniques supérieurs qui aideront à une meilleure définition du message. Sur la Marche de Radetzky dirigée par Harnoncourt, l’extrême aigu file plus haut qu’avec la plupart des colonnes habituelles. C’est un fait, l’analyse revendique un fouillé supérieur, mais il manque néanmoins au registre un peu de matière et de relief pour que cette extension soit totalement crédible.

Dynamique : Les Epicon 6 ne manquent pas d’allant. Et malgré le diamètre relativement modeste des nouveaux haut-parleurs de grave médium, les enceintes font preuve d’une bonne santé quand il s’agit de reproduire avec une certaine conviction des impacts puissants (piste « Your love », CD Suitcase de Keb’Mo). Malgré un petit manque de poids (deux 17 cm ne remplaceront jamais un 38 cm, qu’on se le dise !), le comportement vivace de ces colonnes confère un punch (frappes du pied de grosse caisse percutantes) et un rythme assez étonnants. La comparaison avec la boxe est osée, mais on évoquera plus un poids moyen en parlant des Epicon 6 qu’un poids lourd. Du muscle affûté plutôt que des gros bras. Quant à la microdynamique, elle trouve avec ces enceintes d’excellentes ambassadrices. Sur l’introduction de « Moonlight on Spring River », on apprécie particulièrement les magnifiques fins de notes, très subtiles et bien modulées de la pipa de Zhao Cong.

Attaque de note : Nous avons trouvé que l’Epicon 6 progressait de manière notable en termes de réactivité et d’immédiateté par rapport à ce que nous avions pu noter auparavant avec les modèles testés des autres séries du constructeur de Noerager. En tout état de cause, elle tranche radicalement avec la majorité des réalisations concurrentes sur ce critère. L’apport qualitatif des nouveaux haut-parleurs à structure magnétique LDMS est indiscutable avec une nette amélioration dans le phrasé général et dans le rendu du rythme. Les attaques de notes gagnent en netteté, en précision. En toute logique, il en découle un dégradé harmonique plus intense qui à son tour intensifie la crédibilité et la lisibilité du message.

Scène sonore : Il est amusant de constater que la forme de l’ébénisterie de l’Epicon 6 rappelle par certains aspects celle de la TAD CR1 testée dans ce numéro. Le profil fuyant, le baffle support à peine plus large que le plus large des haut-parleurs de l’enceinte, une face avant légèrement galbée, bref tout est en place mécaniquement pour limiter la diffraction des ondes émises. Et cela s’entend car la scène sonore que nous proposent les danoises affiche une belle ampleur virtuelle et des proportions géométriques largeur, profondeur et hauteur très convaincantes. La disposition devant l’auditeur du Concentus Musicus Wien interprétant la Marche de Radetzky est précise, on « voit » le groupe en trois dimensions devant soi avec une excellente appréciation du volume de la salle grâce à une restitution nette des réverbérations et autres bruits.

Transparence : Les Epicon 6 sont des colonnes extrêmement bien conçues et réalisées. Elles se démarquent notamment des autres par leur absence totale de coloration de coffret, constat assez rare sur ce genre de produits et dans cette catégorie de prix. Par conséquent, le message paraît plus frais, plus percutant, plus fouillé sans jamais tomber dans l’analyse clinique. Malgré un équilibre qui donne parfois l’impression d’un léger excès de clarté (musique baroque notamment), on apprécie sans modération l’excellente neutralité générale de la restitution quel que soit le genre musical traité. Le truc de la rédaction : on favorisera les électroniques charnelles (amplification en classe A par exemple, genre intégré Sugden ou Luxman).

Rapport qualité/prix : Cette colonne Epicon 6 appartient à la série la plus haut de gamme d’un constructeur dont la réputation est mondiale. Qui plus est, elle est équipée de technologies dernier cri et restitue la musique avec entrain, dynamisme et tonalités grand cru. La finition exceptionnelle aurait pu sérieusement alourdir l’addition, mais on reste sous la barre des 9 000 euros pour un modèle franchement étonnant. La somme n’est pas anodine, bien entendu, mais reste tout à fait acceptable pour ce niveau de qualité(s).

Verdict

Nous avions découvert cette nouvelle série Epicon au High End de Munich en 2011 avec explications du boss technique de Dali et démonstrations très convaincantes à l’appui. Plus qu’une simple remise à niveau technique des anciens modèles, cette gamme à laquelle appartient l’Epicon 6 testée est une nouvelle approche du constructeur vis-à-vis de la reproduction sonore. Nouvelles technologies, nouveaux haut-parleurs, nouvelles ébénisteries pour une musicalité d’une grande fraîcheur parachevée par une réalisation de tout premier ordre.

Fiche technique

Origine : Danemark
Prix : 8 500 euros
Dimensions :
1 025 x 232 x 441 mm (sans la base),
1 059 x 320 x 459 mm (avec la base)
Poids : 29,8 kg
Finition : macassar,
laque noire, noyer
Réponse en fréquence :
35 Hz – 30 kHz à ± 3 dB
Impédance nominale : 5 ohms
Sensibilité : 88 dB/W/m
Amplification recommandée :
de 50 W à 300 W

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