AMPLI INTEGRE

AUDIA FLIGHT FL THREE MK2

Entrée de gamme du constructeur italien en termes d’amplificateur intégré, le « petit » FL Three n’en demeure pas moins une électronique très performante au niveau des spécifications et très enthousiasmante au niveau musical. Il a été développé avec un souci aigu du rapport qualité sur prix et une obsession permanente de musicalité.

Développés en 2009, le FL Three et le lecteur FL CD Three constituent les modèles d’entrée de gamme du constructeur de Civitavecchia, localité située à 80 km au nord de Rome. Ils n’en demeurent pas moins aussi bien étudiés que le reste de la gamme couronnée par les sublimes Strumento.

Desévolutions de forme

La version 2012 « MK2 » de l’intégré entièrement fabriqué en Italie ne comporte pas de modifications fondamentales au niveau des circuits par rapport à la cuvée initiale, circuits toujours animés par les concepts propres au fabricant, dont notamment la contre-réaction en courant appliquée à l’étage de sortie. On note simplement que le transformateur torique d’alimentation, toujours aussi puissant, est désormais capoté et blindé. C’est à peu près tout ce qui change. En revanche, l’appareil s’est adapté à son époque et, s’il est toujours possible de l’équiper en option d’une carte enfichable phono RIAA compatible MC/MM pour les fans du vinyle, il peut recevoir désormais une carte DAC USB 24/192 asynchone, soit ce qu’on peut trouver de mieux actuellement dans cette catégorie d’électroniques. La connexion vers un ordinateur devient donc possible et autorise le transfert de fichiers à haute résolution depuis l’ordinateur sans intervention de celui-ci en termes de suréchantillonnage, par exemple. Au niveau de l’utilisation, le FL Three reçoit un nouveau logiciel interne (Eprom) qui augmente les capacités de commandes de la superbe télécommande fournie en aluminium. Ainsi l’utilisateur peut désormais commuter une des entrées en mode direct (bypass du préamplificateur) pour transformer l’appareil en bloc de puissance stéréo. Il conserve cependant l’usage normal avec préamplificateur sur les autres entrées.

Unearchitecture sophistiquée

Laprésentation du FL Three est particulièrement distinguée avec unesuperbe face avant en aluminium brossé disponible anodisé ennaturel ou en noir, sur un châssis en tôle pliée recouvert d’uncapot ventilé. Un afficheur à diodes bleues informe sur l’étatde fonctionnement courant de l’appareil et permet de naviguer dansle menu de programmation des fonctions annexes uniquement accessibleavec la télécommande (sélection de l’entrée en enregistrementet mise en mode direct de l’entrée 4 notamment). Cinq poussoirs àbilles (mise sous tension, sélection des quatre sources commutéespar relais, mise en sourdine et enceintes « off ») et l’entréecasque par jack 6,35 tiennent compagnie à la molette de volume enaluminium actionnant un potentiomètre Alps motorisé. L’ensemblerepose sur des pieds tournés dans de l’aluminium et montés sur untore en caoutchouc. La face arrière dispose d’une connectique dequalité, on note des RCA isolées au téflon et plaquées or, desfiches HP isolées et une paire de connecteurs de type RJ pour laliaison en réseau Audia Link.L’intérieur du FL Three démontreune grande intelligence d’agencement. L’appareil est séparé endeux autour du dissipateur en aluminium massif aussi profond que lechâssis et qui reçoit les transistors de puissance (une pairecomplémentaire par voie). D’un côté, on trouve le transformateurprincipal et une seconde unité torique dédiée aux circuitslogiques de commande agissant via des opto-coupleurs, ainsi que lacarte DAC (option équipant l’appareil en test) disposant de sespropres étages de filtrage et de régulation de tension. De l’autre,sont implantés sur un grand circuit imprimé tous les étages audioà composants discrets parmi lesquels on distingue huit condensateursde filtrage de forte capacité, deux modules Audia Flight baptisésMCT2010 et la carte phono RIAA à l’extrémité droite du châssis(option dont l’appareil disposait également) conçue autour dequatre amplificateurs audio Texas Instruments LME49710 et d’unebatterie de switches miniatures destinés à régler l’impédanceet la capacité de charge pour la cellule.

Fabricationet écoute

Lesécoutes et l’évaluation de nos critères ont été réalisées àpartir de CD et de fichiers dématérialisés dont le traitementconstitue l’innovation majeure du FL Three de dernière générationet donc le centre d’intérêt du moment. Nous avons néanmoinseffectué quelques écoutes de disques vinyle sur l’entrée phonooptionnelle qui équipait l’appareil en test et pouvons affirmerque la restitution très neutre est empreinte des mêmes saveursfluides que nous avons appréciées avec les autres entrées.

Construction :On ne peut qu’être charmé par l’esthétique gracieuse du FLThree et par la qualité générale de la fabrication. On ne constateaucune faute de goût dans la présentation très sobre et trèsclassieuse du produit. La construction interne mêle pour notre plusgrand plaisir la rigueur toute professionnelle d’un constructeur derenom, avec notamment une implantation bien structurée qui évite lemélange des genres technologiques (alimentations d’un côté,circuits audio sensibles de l’autre, câblage séparé), et latouche artisanale (les modules « maison » étiquetés de couleurgrise) au sens noble et humain du terme.

Composants : Rien d’extravagant ni d’ésotérique au sein de l’intégré italien, mais simplement les composants ad hoc d’excellente qualité, dont les modules Audia Flight, aux bons endroits. La qualité du travail réalisé sur l’aluminium employé pour le châssis (brossage, usinage pour les poussoirs) pourrait servir d’exemple à pas mal de concurrents. On apprécie également le soin apporté aux options que peut recevoir l’appareil, à savoir les localisations très intelligentes avec une carte phono au fond à droite de l’appareil, loin des perturbations électromagnétiques de l’alimentation, et une carte DAC avec alimentation dédiée et placée loin des étages analogiques derrière le dissipateur. Il fallait juste y penser.

Grave :Sans même avoir pris le temps de se mettre en jambes, le FL Three àfroid délivre d’emblée un message totalement apaisé, trèssouple, très matériel, qui caresse les sens et la perception. Leregistre grave descend raisonnablement bien avec une fermetéconvaincante que ce soit à partir d’une entrée ligne ou del’entrée USB. L’extrême grave discret n’empêche pasd’apprécier, de savourer la ligne mélodique de la contrebasse surla piste « Dansons la gigue » (CD et fichier 16/44) interprétéepar Patricia Barber (A Fortnight in France). L’instrument sonned’une manière crédible avec un volume virtuel satisfaisant grâceaux couleurs tonales développées par les vibrations mesurées etdocumentées de la caisse de résonance.

Médium :Dans cette catégorie de prix, il nous semble assez difficile defaire vraiment mieux que ce que nous a offert le FL Three en termesde qualité de timbres et de raffinement harmonique. On ne doute pasun instant de ce qu’on entend, car les sonorités distilléessonnent d’une façon extrêmement réaliste. Et si pas mal deconcurrents arrivent aussi à ce résultat, l’Audia creuseirrémédiablement l‘écart en termes de texture, de lien entre lesnotes. Il se dégage une impression de présence élégante, unsentiment « d’y être » (la voix de Lisa Ekdhal sur « When doyou leave heaven » est à tomber) exempt de tout aspect démonstratifqui marque toute la différence positive de cet intégré.

Aigu :On retrouve, y compris sur l’entrée USB, ce même satin sonoredans les hautes fréquences qui ne stressent jamais les tympans. Aucontraire, l’aigu file en douceur avec pléthore de détails et unebelle impression d’épaisseur. Les cuivres, sur l’introductionorchestrale de la Marche de Radetzky de Johann Strauss dirigée parHarnoncourt, dévoilent une grande richesse tonale tout au long dudéveloppement de chaque note, depuis l’attaque jusqu’àl’extinction. Le contenu harmonique apparaît particulièrementétoffé et confère au message du FL Three cette réelle impressionde lien entre les notes, rare dans cette catégorie d’appareils,d’une part, et à partir d’une entrée USB, d’autre part.

Dynamique :La puissance délivrée par le « petit » Audia est suffisante pourune utilisation domestique, qui plus est si les enceintes ont unesensibilité élevée. On ne se sent pas frustré à l’écoute dela Marche de Radetsky ou de « Mother » des Pink Floyd (CD The Wall)à niveau confortable, l’énergie et la cohérence tonale dumessage ne sont jamais chamboulées par un quelconque déséquilibreentre les registres que les appels transitoires en courant pourraientprovoquer. Tout juste constate-t-on un très léger manque de punchsur les attaques (peut-être moins sensible sur l’entrée USB) quirestent néanmoins suffisamment percutantes pour faire passerl’intention des compositeurs.

Attaque de note : Le FL Three pourra ne pas paraître rapide pour certains, car il n’affiche pas de strass démonstratif, comme nous l’écrivions plus haut. Pourtant, son sens du timing est tout à fait excellent, il suffit d’écouter la Ballade n° 1 en sol mineur opus 23 de Chopin interprétée par Jean Muller pour apprécier tout l’art de cet intégré à « suivre » la partition. Et l’on reste surpris justement par cette absence de « caricature de rapidité » qui consiste à attaquer vite puis à éteindre aussi vite les notes, donnant ce sentiment de fausse immédiateté. Au contraire, le FL Three attaque vite mais laisse tout le temps nécessaire à la note pour s’éteindre. Ceux qui fréquentent les salles de concert auront saisi la nuance.

Scène sonore : L’impression de scène sonore « vraie » émerge dès les premiers instants d’écoute. Cette souplesse, cette fluidité de restitution, cet apaisement intellectuel rappellent étrangement ce qu’on ressent quand on va dans une salle de concert. Tout semble en place avec une perspective spatiale qui n’est pas stéréotypée mais est appréciée en fonction de chaque piste. Que les dimensions virtuelles soient exactes ou non n’est pas le problème, bien que l’Audia distille une atmosphère assez proche de celle de notre système repère : ce sont plutôt les capacités de l’intégré à poser l’ambiance en fonction de la performance. Et là, il faut avouer que l’appareil s’avère remarquablement efficace et précis.

Transparence :Nous avions passé en banc d’essai le FL Three il y a quelquesannées et l’avions déjà apprécié pour ses excellentes qualitésde restitution. Cette nouvelle livrée reste dans le même esprit etnous avons particulièrement été séduits par cette transparencemêlée de matière, de palpabilité qu’elle est capable devéhiculer.

Rapportqualité/prix : L’appareilsans option est un magnifique produit à tous points de vue. L’ajoutdes cartes DAC USB 24/192 et phono RIAA, excellentes à l’écoute,est recommandé. Le prix final « toutes options » reste plusqu’acceptable.

Verdict

Nous avons passé de très agréables moments en compagnie de l’Audia Flight FL Three. Nous avons retrouvé cette grâce musicale qui semble définir et marquer tous les produits de ce constructeur italien que nous apprécions particulièrement. Le FL Three est beau, bien fabriqué, il sonne remarquablement bien et peut désormais disposer d’une option entrée USB dont nous avons pu découvrir les grandes qualités de restitution. On pourra vivre très longtemps avec cet intégré qui se révèle être en réalité plus haut que moyen de gamme.

Fiche technique

Origine : Italie
Prix : 2 200 euros
(version de base),
300 euros
(module phono MM/MC),
400 euros
(module DAC USB 24/192 synchrone)
Dimensions : 420 x 90 x 420 mm
Poids : 12 kg
Puissance nominale :
2 x 75 W sous 8 ohms,
2 x 125 W sous 4 ohms
Réponse en fréquence :
1 Hz–450 kHz à -3 dB (1 W)
Distorsion : < 0,05 %
Rapport signal sur bruit : > 95 dB
Entrées : 4 RCA (ligne),
1 RCA monitor
(bypass du réglage de volume),
1 XLR ligne, 1 USB numérique,
1 RCA « Tape In »
Sorties : 1 RCA « Tape Out »,
2 paires de fiches HP,
1 jack casque

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