AMPLI INTEGRE

YAMAHA A-S3000

La firme aux trois diapasons se distingue par la récente mise au catalogue de nouvelles références à plus d’un titre, car elles constituent le haut de gamme de la marque japonaise, avec un lecteur de CD et SACD, le CD-S3000, et un amplificateur intégré, l’A-S3000.

Le haut de gamme signé Yamaha observe une démarche émaillée de nombreuses améliorations visant à une restitution plus musicale et fidèle. Mais avant les considérations strictement techniques, l’aspect visuel frappe les esprits par un design résolument vintage : on jurerait l’A-S3000 tout droit sorti des années 1970, avec sa façade massive, ses vumètres à aiguilles à rétro (c’est bien le mot) éclairage commutable et ses touches de fonction rappelant l’âge d’or de la haute-fidélité. Cependant, les similitudes avec l’esthétique des amplificateurs d’il y a plus de quarante ans ne se prolongent pas dans la conception des circuits internes, tels que les étages de gain. Car si tout a été inventé bien plus tôt, en matière d’amplification de signaux audio analogiques, l’A-S3000 embarque une technologie nettement plus actuelle, comme nous le verrons plus loin.

Au cœur d’un système Hi-fi

Les entrées proposées, en nombre suffisant, répondent à tous les cas de figure. Une entrée directe offre son concours, à l’occasion d’une insertion dans un système home-vidéo, dans lequel le Yamaha alimenterait les voies avant gauche et droite. Il possède une entrée phono, compatible aimant mobile (MM) et bobine mobile (MC), tant pour respecter cet aspect vintage très réussi que pour répondre à l’engouement actuel que suscitent les platines phonolectrices. Deux entrées symétriques permettent de tirer tout l’avantage de la structure interne des étages de gain du Yamaha. On peut même y connecter des liaisons asymétriques, sachant que lorsqu’on asymétrise un signal, en reliant, dans le connecteur XLR, le point froid (2) à la masse (1), il s’en suit un relèvement du niveau de 6 dB. Yamaha a pensé à ce phénomène en équipant ses embases symétriques d’atténuateur de 6 dB afin de revenir à une plage de niveau normalement exploitable.

Une électronique moderne

Si la façade ressemble en tout point à un modèle issu des années 70, l’électronique interne s’en écarte. En effet, une télécommande pilote les fonctions principales de l’ampli, à commencer par la sélection des entrées à relais, au plus près des connecteurs, et le contrôle de volume sans moteur : ce dernier bénéficie d’un circuit très récent de chez JRC, le NJU72321, commutant, grâce à des circuits logiques, des réseaux de résistances, garantissant une bonne fluidité des variations de niveau d’écoute. Les étages de puissance, composés d’un double push-pull de transistors MOSFET par module confèrent à cet intégré une excellente tenue en puissance et un bon maintien des transducteurs de grave, en raison d’un facteur d’amortissement de 250. Dès les entrées, le signal est pris en charge par des étages de gain symétriques, fonctionnant en différentiel. Cela améliore le temps de montée, ainsi que le rapport signal sur bruit, pour ne citer que ces deux points d’importance cruciale. Tout a été mis en œuvre pour obtenir les meilleurs résultats. Cela se vérifie dans le choix des composants entrant dans la configuration symétrique globale. La carte phono MM/MC profite de cette même approche soignée, puisqu’elle adopte exclusivement des composants discrets. Le trajet du signal, des entrées aux sorties, ne saurait être plus court, ces liaisons optimisées présentant un plus non négligeable pour éviter toute perte en ligne ou dégradation du signal.

Un concept mécanique performant

Le châssis doit sa rigidité à de nombreux panneaux métalliques, plaqués de cuivre pour la plupart, disposés de manière à renforcer l’ensemble, enjolivé d’une façade amagnétique de 6 mm d’épaisseur et de flancs en bois laqué pour réchauffer l’esthétique. Cette construction a été rendue nécessaire pour la fixation de l’imposant transformateur torique dont les enroulements secondaires multiples alimentent les étages de gain, entre autres. Afin de fiabiliser les liaisons en courant, Yamaha a vissé les câbles de forte section aux cosses des quatre capacités de filtrage totalisant 88 000 µF sous 63 volts.

Fabrication et écoute

Construction : La structure exemplaire du châssis massif et antivibratoire est un modèle du genre, efficace tant pour éviter la transmission mécanique que pour le blindage électromagnétique, grâce à des parois cuivrées. Le haut de gamme de Yamaha s’illustre par le souci constant du détail qui ne saurait décevoir. L’implantation rationnelle des différents sous-ensembles a été optimisée pour une bonne répartition des masses. L’implantation judicieuse des différents modules traduit une excellente maîtrise de la conception électronique.

Composants : Le transformateur torique d’alimentation de haute puissance prend place derrière l’épaisse face avant. Les cartes exploitant les signaux de faible amplitude s’abritent sous des carters de blindage. De grands dissipateurs thermiques latéraux supportent les cartes d’amplification, dotées de transistors MOSFET. Les composants de haute qualité se remarquent partout où l’on pose les yeux, tant actifs que passifs avec des résistances de tolérance élevées et des capacités de filtrage, signées Yamaha, de 88 000 µF en quatre éléments.

Grave : Dès les premières notes de musique, l’A-S3000 s’exprime avec fermeté dans le registre grave, lui procurant une assise remarquable, sans donner l’impression d’une quelconque limitation, tant en niveau qu’en exploration des basses. Cette bande de fréquences présente une tenue très convaincante, ce que corrobore le facteur d’amortissement de 250 de l’A-S3000.

Médium : L’A-S3000 dévoile une belle palette de nuances sur les voix, et en particulier l’ambiance des prises de son, en allant très loin dans le sens du détail. Généralement, en l’absence de réverbération naturelle, l’ingénieur du son en ajoute, en employant, la plupart du temps, un effet de réverbération à convolution, qui restitue sur une prise de son l’empreinte acoustique d’une salle donnée. Le Yamaha donne le change sur cet aspect, au point de paraître un peu mat sur certaines ambiances assez chiches en réverbération.

Aigu : En parfaite adéquation avec ses deux registres complémentaires, la musicalité du haut du spectre présente la même vivacité et le même souci du détail retranscrit avec méticulosité, sans coloration. Depuis des décennies, Yamaha inscrit la mention « Natural Sound » sur les façades de ses maillons haute-fidélité et cette qualité se vérifie à l’écoute. La sensation de puissance générale se prolonge dans l’aigu, à la fois précis et consistant.

Dynamique : Avant même de mettre l’A-S3000 sous tension, on peut se douter de ce que donnera un tel amplificateur doté d’une alimentation surdimensionnée et de transistors de puissance MOSFET en sortie, sans oublier le chemin du signal le plus court possible. Sur cet aspect des tests, le Yamaha ne saurait être pris en défaut, avalant toutes les difficultés avec aplomb, laissant penser que sa réserve en énergie est inépuisable.

Attaque de note : La conception symétrique des étages de gain divise par deux le temps de montée. En conséquence, les attaques de notes ne manquent jamais de vivacité sur tout le spectre, au prix d’une excellente tenue en puissance, y compris sur les passages chargés, gros consommateurs d’énergie : l’amplificateur reste cohérent en délivrant avec une belle constance un signal musical bien défini.

Scène sonore : La largeur de la diffusion du message sonore varie en fonction des prises de son : le suivi ne suscite pas de critique. La profondeur de la scène sonore est à l’image des différentes prises de son, mais gagnerait à montrer un peu plus d’aisance sur ce point précis. Ce constat portant sur un détail rappelle le petit côté mat pouvant apparaître parfois dans le registre médium.

Transparence : L’atout principal du Yamaha A-S3000 réside dans son expressivité très entraînante, en toutes circonstances. Aucune coloration, même subtile, ne vient affecter les timbres, dans un réalisme de bon aloi, renforcé par une tenue en puissance rassurante. Et surtout, la consistance du message musical, allant de pair avec son articulation, n’a rien à envier avec quelques intégrés de gamme de prix supérieure.

Rapport qualité/prix : Pour cet amplificateur intégré japonais haut de gamme, il faudra débourser une somme conséquente, mais vu la débauche de solutions techniques conçues très en amont de la réalisation finale, on constate que Yamaha ne trompe pas son monde : pour l’équipement offert (préampli phono MM/MC, de nombreuses entrées, de très bons étages de puissance, une démarche technique efficace et musicale), le Yamaha est une option à considérer en raison de sa compétitivité.

Verdict

Le Yamaha A-S3000 impose sa présence, dans sa livrée alu brossé ou anodisé noir (au choix), avec ses larges vumètres et son esthétique vintage. Le son est à la hauteur des espérances pour ce gros intégré, d’autant qu’il bénéficie d’une conception mécanique et électronique pertinente, avec pour seul but la musicalité et une exploitation conviviale. Pari tenu, pari gagné.

Fiche technique

Origine : Japon
Prix : 4 800 euros
Dimensions : 180 x 464 x 435 mm
Poids : 24,6 kg
Entrées stéréo : 1 phono MM/MC,
6 lignes dont 2 symétriques,
entrée directe ampli
Sorties ligne stéréo :
« Rec » et « Pre out »
Puissance : 120 W par canal sous 8 ohms,
170 W par canal sous 4 ohms.
Facteur d’amortissement : 250
Réponse en fréquence :
5 Hz à 100 kHz (+0, -3 dB)
Distorsion harmonique totale : 0,025 %
Rapport signal sur bruit : 103 dB

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