BLOC MONO

MING-DA MD-212WE

Le bloc monophonique MD-212WE est le premier amplificateur commercialisé au monde à utiliser une réplique de tube triode Western Electric WE 212. Tube imposant pour une électronique qui ne l’est pas moins. Ming Da se démarque ainsi des autres fabricants chinois en proposant un appareil à l’esthétique occidentalisée.

Les électroniques à tubes 300B, 845 ou encore EL34, 6550 ou KT88 sont pléthores sur le marché. Outre des constructeurs comme KR Enterprise qui fabrique lui-même des tubes originaux installés ensuite dans ses propres amplificateurs, ou comme Wavac dont certaines créations mettent en œuvre des tubes d’émission comme la triode 833A, rares sont ceux qui s’aventurent vers d’autres pistes. Ming Da est de ceux-là. C’est d’autant plus étonnant que ce fabricant est chinois et que la réputation d’un fabricant chinois en France tout au moins n’est pas excellente. Circuits sans grande originalité, tubes made in China de références ultra-classiques, fiabilité approximative, bref rien de franchement enthousiasmant. Pourtant, quand le distributeur français de la marque nous apporte en septembre dernier le bloc MD-3008A équipé d’une version moderne de la triode 805 drivée par une 300B, c’est une excellente surprise. Il était donc intéressant de tester le nouveau vaisseau amiral du constructeur chinois motorisé par la reproduction Psvane de la Western Electric 212.

Version européenne audiophile

Le bloc MD-212WE porte en réalité un nom différent en Chine (MC998-DW). C’est à la suite de la demande des importateurs européens que cette électronique a été équipée d’un certain nombre de composants de haute qualité afin d’en améliorer sensiblement sa musicalité. Résultat, l’appellation a été adaptée et est bien plus représentative du contenu que l’originale. Chaque bloc est constitué de deux boîtiers, l’inférieur contient les alimentations et le supérieur les étages audio. Ils sont réalisés dans de l’aluminium massif d’une épaisseur de 8 mm, brossé puis anodisé et usiné par machine à commande numérique. L’isolation aux bruits électriques est donc parfaite. La face avant de chaque châssis est flanquée d’un large galvanomètre rétroéclairé (alimentation HT et niveau sonore dynamique). Les faces arrière sont pourvues de deux connecteurs multibroches destinées à relier les châssis par deux ombilics fournis. Par ailleurs on trouve sur le boîtier audio trois fiches haut-parleurs en cuivre pur plaqué rhodium, un réglage de polarisation des 212 avec fiches banane de contrôle et deux entrées (RCA et XLR) commutables par un micro-switch. La partie supérieure de ce boîtier reçoit un X en aluminium posé sur une plaque en acrylique transparent qui permet de contempler le travail interne avec notamment un câblage en l’air très soigné sans circuit imprimé. Au travers du X sont installées la triode 212 et sa protection amovible à plaques empilées en acrylique. La face avant de chaque châssis est flanquée d’un large galvanomètre rétroéclairé (alimentation HT et niveau sonore dynamique). Le schéma est à trois étages avec liaisons RC et contre-réaction négative globale appliquée à l’étage d’entrée. Il est alimenté via un filtrage de type CLC après redressement à diodes. Chacun des deux condensateurs est une combinaison en série de quatre condensateurs pour obtenir une tension de service compatible avec les 1 200 V nécessaires à la 212. L’étage d’entrée à triode ECC83 JJ est suivi du driver SRPP à triode 6H30 Electro Harmonix qui attaque la grille de la 212 à polarisation mixte (fixe et automatique). Le transformateur de sortie à tôles EI au silicium d’origine japonaise est bobiné en fil OFC. Les composants proviennent de chez Jensen pour les condensateurs audio, Amtrans Mills Audio et Takman pour les résistances.

Fabrication et écoute

Construction : Quand un fabricant chinois s’intéresse de très près aux marchés à fort pouvoir d’achat, ça donne un appareil comme ces blocs mono débarrassés de toute sorte d’enjolivement bon marché auquel les constructeurs de cette immense nation nous ont trop souvent habitués. L’assemblage de MD-212WE est impeccable, l’allure élégante, les différents éléments mécaniques (aluminium, vumètres, connectique) sont d’excellentes qualités et le tube 212 d’origine Psvane est absolument superbe.

Composants : Ming Da propose des versions spécifiques de ses électroniques en fonction du pays de destination et à la suite des demandes des importateurs. C’est dans cette optique que les blocs sont pourvus de quelques-uns des meilleurs composants passifs actuellement disponibles. Le schéma à trois étages reste classique et utilise des tubes appropriés à la fonction qui leur a été attribuée.

Grave : L’alimentation bien dimensionnée et l’attaque en basse impédance des gigantesques triodes 212 permet aux blocs de proposer un registre de grave structuré et solide. Ce n’est pas de la classe D mais on va nettement plus loin qu’avec une 300B ou une 845 et ça se sent par exemple sur la contrebasse (piste « My Treasure » par Sinne Eeg) très correctement proportionnée, sans exagération physique majeure au niveau des résonances de la caisse.

Médium : C’est sur ce critère que les MD-212WE sortent résolument du lot, toutes classes d’amplification confondues. C’est sur ce critère qu’on comprend l’engouement éternel et indémodable pour les triodes à chauffage direct. C’est sur ce critère que des mots et des expressions comme texture, justesse des timbres ou réalisme tonal trouvent un véritable sens. La restitution réussit à combiner simultanément et systématiquement l’épaisseur, le dégradé harmonique et l’évolution modulatoire de chaque note de chaque piste dans un espace holographique virtuel au réalisme fascinant.

Aigu : Les spécifications du bloc restent conformes à ce qu’on peut espérer d’un schéma à simple étage de sortie, notamment une bande passante extrêmement linéaire entre 20 Hz et 20 kHz. La finesse de l’aigu proposé par les Ming Da est magistrale tout comme l’éventail harmonique et la matière insufflés au registre sont superbes et vraiment hors normes. Il est rare de pouvoir ressentir un tel chatoiement de couleurs et une telle densité de métal frappé d’une cymbale de batterie (« My Treasure » par Sinne Eeg) avec une électronique concurrente même de très haut de gamme. C’est du très haut niveau musical.

Dynamique : On sent rapidement que les Ming Da ont une réserve d’énergie conséquente et à très faible temps de réaction. Quand on écoute le solo de batterie de Joe Morello sur le « Castillian Drums » du Dave Brubeck Quartet en live au Carnegie Hall en 1963, on reste surpris par la cohérence du dégradé harmonique des Ming Da en fréquences comme en amplitude. Durant les quelques minutes de cet exceptionnel solo, le jeu alterne entre touchers légers de baguettes sur les fûts et frappes massives de la boule sur la grosse caisse, un jeu parfaitement traduit par les Ming Da.

Attaque de note : C’est une des plus belles, des plus justes écoutes que notre auditorium ait connu à ce jour. Quand les larmes pointent ou que les frissons se font sentir, c’est qu’il se passe quelque chose qui vous rapproche de la réalité. Si la rapidité est importante, elle n’est rien sans une répartition exacte des harmoniques après la fondamentale en termes d’amplitude. Et un des secrets des Ming Da à vous émouvoir réside dans leur capacité à propager le message dans toute sa cohérence avec une représentation tonale pas très éloignée de la réalité.

Scène sonore : Magnifique. En trois notes de musique, les MD-212WE vous dressent un tableau extrêmement précis de la situation au moment de l’enregistrement. Taille virtuelle du lieu, focalisation des pupitres, distance entre les interprètes, étagement incroyablement palpable en profondeur, image stéréo en béton, bref on y est.

Transparence : On est loin des amplificateurs à tubes au son chaleureux de la grande époque ou même des innombrables réalisations chinoises qu’il est possible de se procurer à moindre coût. Avec les blocs Ming Da, on entre de plain-pied dans la vraie haute-fidélité avec tous les attributs de circonstance, à savoir grande linéarité de bande passante, somptueuse justesse de timbres et remarquable neutralité tonale.

Rapport qualité/prix : Le constructeur a voulu frapper un grand coup avec ces blocs exceptionnels au prix non moins exceptionnel. Il faut dire que sa notoriété avait été sérieusement écornée il y a quelques années suite à une fiabilité assez limitée des produits vendus sur Internet. La mise en place d’un réseau de distributeurs exigeants a permis de tirer un trait sur ces mauvais souvenirs. Le problème désormais est de se créer une image, une identité, une réputation dans un cercle fermé de fabricants parmi lesquels on trouve quelques noms déjà prestigieux voire légendaires…

Verdict

Il mesure 90 cm de hauteur, il est élégant avec un double châssis en aluminium anodisé noir, il attire irrésistiblement le regard avec son énorme enveloppe de verre illuminée de blanc une fois sous tension. Mais il interpelle tout l’auditoire et clôt tous les discours quand il commence à chanter. C’est bien du bloc Ming Da MD-212WE dont il s’agit. Cette électronique place la barre du réalisme très haut et vient jouer des coudes dans l’élite des amplificateurs à tubes. Cher mais recommandé !

Fiche technique

Origine : France
Prix : 29 500 euros la paire
Dimensions : 900 x 430 x 430 mm
(le bloc, protection en place)
Poids : 60 kg
Puissance nominale : 40 W sous 8 ohms
Réponse en fréquences :
20 Hz – 25 kHz à ± 1 dB
Distorsion : < 8 % (pleine puissance)
Rapport signal sur bruit : < 87 dB
Entrées : 1 RCA (100 K), 1 XLR (200 K)
Sorties : 3 fiches HP (0, 4 et 8 ohms)

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