Qui n’a jamais rêvé une fois dans sa vie d’audiophile de posséder un McIntosh ? Qui n’a jamais rêvé de voir papillonner les aiguilles des grands vumètres bleus de ces électroniques légendaires ? Et si le MA7900 était l’occasion pour ce rêve de devenir réalité ? Et si cet intégré puissant, équipé d’un DAC et d’un préphono, était le McIntosh universel ?
L’esthétique indémodable du MA7900 reprend surtout et avant tout les magnifiques vumètres bleu turquoise, véritable emblème de la marque, et les molettes noires de réglage ceintes d’une couronne argentée, autre spécificité des réalisations du fabricant de Binghamton dans l’État de New York, placées autour du logo rétroéclairé en vert. Modernité oblige, le spectacle frontal offert continue avec un afficheur à matrice qui informe sur l’activité courante de l’appareil et sur les étapes de programmation du menu.
Ouvert au monde extérieur
C’est un châssis en forme de coffret mince en inox poli qui sert de fondation au MA7900, les autres pièces du boîtier y étant fixées. La face avant en verre est placée dans un cadre métallique dont les arêtes verticales sont recouvertes d’un profilé en aluminium.
Les cinq molettes centrales, entre le sélecteur de source et le réglage de volume par encodage optique, régissent les cinq bandes de fréquence de l’égaliseur débrayable. Un jack 6,35 mm permet l’écoute au casque préférablement d’impédance comprise entre 20 et 600 ohms. Une télécommande HR085 duplique les commandes de l’appareil.
Au niveau de la connectique, le MA 7900 est pourvu de tout ce qu’on est en droit d’attendre d’un intégré universel tant au niveau des sources aiguillées par relais que de l’interactivité avec d’autres appareils McIntosh. En ce qui concerne les entrées analogiques, celle repérée SRVR et REC peut servir au monitoring comme à l’intégration du MA7900 dans un système multicanal.Par le menu de programmation, de personnalisation de l’appareil, elle peut devenir une entrée « pass through » (bypass de la fonction préampli).
On remarque également deux entrées phono, une pour cellule MC et une pour cellule MM (MM ou Moving Magnet), avec leur borne de mise à la masse. La configuration de charge (résistance et capacité) en fonction de la cellule s’effectue également par le menu.
Construction de poids
Les 34 kg du MA7900 sont principalement dus au transformateur d’alimentation et aux deux autotransformateurs de sortie fabriqués in situ. Cette technique chère à McIntosh et habituellement utilisée sur les amplis à tubes permet d’offrir la même puissance de sortie sur une large plage d’impédance, d’où les trois sorties 2, 4 et 8 ohms par canal. Comme il s’agit d’un autotransformateur, il n’y a donc qu’un seul enroulement qui couple l’étage de sortie à l’enceinte.
Les effets capacitifs entre enroulement d’un transformateur traditionnel sont ainsi considérablement atténués, le fabricant annonçant le 100 kHz à -3 dB en sortie. Entre les deux dissipateurs latéraux sur lesquels sont accolés les étages audio drivers et de puissance à base de huit transistors On Semiconductor Thermal Trak (compensation de température intégrée) de la série NLJ montés en quadruple push-pull, le MA7900 reçoit la carte de traitement numérique qui met en œuvre le McIntosh Digital Engine qui rééchantillonne tous les signaux en PCM 32/176,4 (base 44,1 kHz) ou PCM 32/192 (base 48 kHz).
La conversion numérique vers analogique est traitée par un chip PCM1795. L’alimentation, séparant analogique et numérique en termes de filtrage et de régulation, prend place dans le châssis en inox, sous la carte numérique. Les deux condensateurs McIntosh de 27 000 µF fournissent l’énergie aux étages de puissance. La section préamplification jouxte l’alimentation, avec plusieurs chips NE5532 (étages ligne et phono) plus un étage de gain à transistors pour l’entrée MC. Le réglage de volume est quant à lui assuré par une puce stéréo Muses 7230.
Écoute
Nous étions quelque peu fébriles à l’idée de tester un McIntosh, n’ayant plus eu l’occasion de le faire depuis de nombreuses années. Soyez rassurés, nous avons été fort agréablement surpris. Il se crée une sorte d’osmose entre l’auditeur et la reproduction sonore à l’écoute du MA7900.
Non pas que l’intégré, le second plus performant de la gamme des intégrés McIntosh, soit le plus transparent, le plus rapide ou le plus fracassant du monde mais, simplement, il sait conférer à la musique enregistrée l’âme et la densité qui lui font souvent défaut. Voilà presque soixante-dix ans que cela dure, et ce n’est pas cet intégré qui bouleversera la donne. Tant mieux.
Testé avec l’égaliseur bypassé, le MA7900 apparaît comme une électronique intégrée terriblement tentatrice et particulièrement excitante. En premier lieu, installez-le avec tous les égards dus à son rang, celui d’un héritier de la légende McIntosh. Saluons l’initiative de la marque qui livre l’intéressé avec un convertisseur DAC d’excellente qualité. Ce dernier nous a fait une excellente impression et nous vous recommandons d’y jeter une oreille sérieuse, car il nous semble tout à fait capable de damer le pion à pas mal de DAC de salon de milieu de gamme.
Le MA7900 séduit par sa grande élégance sonore. Pour être honnête, on ne se demande absolument pas si la musique restituée par cet appareil ensorcelant est réaliste ou pas. Elle l’est bien entendu, mais ce que l’on entend est tellement agréable et chaleureux que toute interrogation à ce sujet disparaît comme par enchantement. Car avant d’être neutre, précis ou dynamique, un McIntosh rend systématiquement la musique plus abordable, plus sympathique. Marcel Dassault avait pour habitude de dire d’un avion que s’il est beau, il volera bien.
Le fabricant américain peut en dire autant de ses électroniques en général, et du MA7900 en particulier. Et si l’intégré magnifie ainsi le signal audio, c’est indéniablement qu’il va dans la bonne direction. Avec lui, la palette harmonique est servie de main de maître. Les timbres revêtent de la verve et de la beauté. Ils se révèlent chatoyants, caressants, langoureux et délicats. Ils irradient le message et rendent l’écoute très élégante.
Le McIntosh déploie beaucoup de finesse pour apporter à chaque composante de la performance équilibre et harmonie. De l’extrême grave restitué avec une conviction certaine à l’extrême aigu, le MA7900 ne laisse dans l’ombre aucun de ces petits détails qui étoffent et documentent l’écoute.
Cet intégré redonne à la musique de la richesse et de la densité, mais en aucun cas il ne la surcharge ou la dénature. Il dégage beaucoup de charme et possède une manière bien à lui d’exalter les enregistrements. En cela, il reste fidèle à la philosophie maison apparue dès les tout premiers appareils de la marque, mais la technologie récente appliquée au MA7900 exacerbe ce pouvoir d’exaltation.
Autre superbe qualité, l’intégré DAC confère au tissu sonore une charpente et une sensation de matière nettes. Il n’y a qu’à juger de la qualité de l’impact des baguettes sur les fûts d’une batterie par exemple (fichier 16/44 d’« Animal » par Francis Cabrel). Tout sonne de façon claire, précise et crédible. Le grave du MA7900 se révèle bien plus maîtrisé, bien plus contrôlé que ne laissaient imaginer la présence des autotransformateurs en sortie et le facteur d’amortissement moyen. Complètement différent d’un grave extraverti et baveux, il s’avère tout de même ample et d’une transparence très satisfaisante, sans effet de masque dans le bas médium. Et malgré une tension légèrement relâchée dans l’absolu, il apporte à la restitution une fondation solide et une assise convaincante. En même temps, ce grave n’est jamais envahissant, juste suffisamment percutant lorsque le flux musical l’exige. Le médium déploie souplesse et élégance, il est étonnamment humain et familier à nos sens.
L’aigu pour sa part est soyeux, délicat et palpable, un peu à la façon d’un amplificateur à tubes. Sur le terrain de la scène sonore qui est mise en place avec beaucoup de talent, le MA7900 apporte la dernière pierre à l’édifice de sa conception très aboutie. On devine parfaitement les différents plans en profondeur. Les sources sonores sont bien focalisées et toujours à leur place quels que soient la complexité et le niveau d’écoute du message. La géométrie des lieux se révèle très bien proportionnée à chaque performance. L’image stéréo très cohérente et stable ajoute à la sensation d’aération et de relief.
Verdict
L’intégré DAC MA7900 fut une magnifique reprise en mains avec le légendaire fabricant McIntosh. La quantité d’entrées, la présence d’une multitude de réglages frontaux ou paramétrables par un menu et la puissance électrique qu’il peut délivrer en sortie le rend universel. À l’écoute, il nous a tout de suite séduits par l’évidence et la cohérence de sa restitution. Et comme ses aînés, ses grands yeux bleus nous ont encore fait craquer. La légende continue.
Fiche technique
Origine : Etats-Unis
Prix : 10 000 euros
Dimensions : 445 x 194 x 559 mm
Poids : 34,1 kg
Puissance nominale : 2 x 200 W sous 2, 4 et 8 ohms
Réponse en fréquence : 10 Hz – 100 kHz à + 0 dB/- 3 dB
Distorsion : < 0,005 % (de 250 mW à 200 W, 20 Hz à 20 kHz)
Rapport signal sur bruit : > 95 dB (ligne), > 84 dB (phono MM), > 82 dB (phono MC)
Facteur d’amortissement : > 40
Entrées analogiques : 9 RCA dont MM, MC, Pwr Amp (entrée ampli puissance) et SRVR (intégration home-cinéma), 1 XLR, 12 mini-jacks (contrôles externes)
Sorties analogiques : 3 RCA (sortie 1 « Pre Out » reliée par jumpers à l’entrée Pwr Amp)
Entrées numériques : 1 S/PDIF RCA (PCM 24/96), 1 S/PDIF Toslink optique (PCM 24/96), 1 USB-B (PCM 32/192)