Le dernier-né du constructeur Accuphase s’appelle le E-470. Remplaçant du E-460, il hérite d’une partie des technologies mises en œuvre sur les électroniques lancées pour le 40e anniversaire de la marque. C’est la septième génération de la série 400 qui franchit un cap supplémentaire vers la vérité sonore.
La famille des intégrés Accuphase se compose de quatre modèles : un travaillant en pure classe A et trois dont l’étage de sortie travaille en classe AB. Le E-470 est de ces trois-là, il en est désormais le plus puissant et le plus évolué techniquement puisque son schéma puise des solutions dans ceux des prestigieux préamplificateur C-3800 et amplificateur A-200 notamment.
Le E-470 reprend la robe des intégrés de la marque. Le châssis est un assemblage de tôles épaisses en acier créant des compartiments internes de blindage. Cette séparation physique des circuits diminue considérablement leur influence mutuelle. La face avant en aluminium finement brossé de couleur champagne, la couleur « officielle » d’une électronique Accuphase, accueille en son centre une paire de vumètres rétroéclairés à aiguilles et dissimulés derrière une fenêtre transparente.
Différentes indications, dont celle du réglage de volume par diodes à segments, permettent un suivi instantané de l’état de service de l’appareil. Sous la fenêtre, une trappe bascule pour accéder à un certain nombre de commandes (poussoirs et molettes) dont, entre autres, un réglage débrayable de tonalités et la mise en service d’options (DAC, préphono) enfichables au dos de l’appareil. Enfin deux molettes (sélection des sources par relais et volume), dont les actions sont dupliquées par une télécommande RC-220 fournie, et trois poussoirs encadrent la fenêtre. A noter sous le bouton de volume une sortie casque par jack 6,35 mm disposant de son propre amplificateur.
La connectique proposée est toujours aussi riche avec un assortiment d’entrées et de sorties RCA et XLR, sans oublier quatre paires de fiches haut-parleurs massives Accuphase. On remarque la présence de deux petits couvercles amovibles qui protègent deux emplacements à glissières. Ces « slots » acceptent des cartes optionnelles (DAC USB, préphono MM/MC et entrées lignes supplémentaires). L’implantation interne reprend la structure propre à tous les intégrés avec notamment des circuits imprimés enfichables à pistes dorées. Le schéma symétrique met en œuvre le contrôle de volume AAVA propriétaire mais revu et amélioré. L’étage buffer d’entrée est composé de cinq circuits MCS (Multiple Circuit Summing) en parallèle, il est suivi des seize canaux de conversion tension/courant de l’AAVA dont les deux de poids fort utilisent chacun deux convertisseurs en parallèle. L’impédance de sortie de l’AAVA est ainsi divisée par deux, réduisant encore le niveau de bruit. La section d’amplification en tension MCS+ attaque un triple push-pull de Mos-Fet complémentaire avec contre-réaction en courant. Enfin les sorties haut-parleurs sont protégées par des circuits à Mos-Fet en lieu et place de relais.
Construction : À l’est, rien de nouveau. Autrement dit, nous avons avec l’intégré E-470 un nouvel exemple de la perfection de fabrication qu’Accuphase applique systématiquement à tous ses produits. Vu de l’extérieur comme de l’intérieur, on ne peut que constater la qualité du travail réalisé par cette légende de la haute-fidélité. L’extrême souci du détail va jusqu’à l’implantation millimétrique des composants qui sont alignés comme les soldats d’un bataillon et dressés droits comme des « i ».
Composants : Le lancement d’une nouvelle électronique Accuphase implique que des nouveaux circuits ont été implémentés au sein du produit. Alors oui, nous retrouvons les étages de pré-amplification MCS+ et la contre-réaction en courant chers au constructeur, mais il en a profité pour améliorer encore son circuit AAVA de contrôle de volume. Également au programme, le transformateur capoté et les condensateurs électrochimiques de filtrage qui sont comme à l’habitude fabriqués sur cahier des charges.
Grave : Dès les premiers instants d’écoute, on sent que le E-470 « en a sous le pied ». L’électronique ne demande qu’à libérer les watts, ce qui procure un registre de grave fougueux qui explore les premières octaves avec de la conviction et une excellente fermeté. Le facteur d’amortissement élevé traduit en chiffres cette aptitude à tenir les haut-parleurs. Et l’articulation qui en découle permet à l’intégré de détourer et de façonner des soubassements un poil courts dans l’absolu.
Médium : Le registre se déploie avec une palette tonale particulièrement riche et onctueuse. On apprécie l’excellente justesse de timbres dans cette zone de fréquences, le E-470 polarisé en classe AB marche sur les traces des modèles Accuphase en pure classe A sur ce critère. La restitution nerveuse proposée par le E-470 engendre un dégradé harmonique étoffé sur le développement des notes, le message diffusé dévoile une grande quantité de détails qui favorisent l’immersion dans la performance musicale (« ambiance » studio bien reproduite et instruments proches sur « Animal » par Francis Cabrel).
Aigu : Dans une certaine continuité avec le médium, le haut du spectre n’est pas avare en détails sonores et autres harmoniques de rangs élevés. L’intégré insuffle de l’énergie dans la restitution du registre avec toutefois une légère propension à rendre l’équilibre légèrement montant quand la piste joue dans les hautes fréquences. Sur la piste « Gotcha » en live par Patricia Barber, les « s » prononcés par la chanteuse sifflent d’une manière plus prononcée qu’à l’accoutumée, ce qui, soit dit en passant, renforce l’effet de présence, l’effet de concert.
Dynamique : Comme nous l’exposions précédemment, l’intégré japonais fait preuve d’une belle vitalité. Sur des impacts lourds (boule de pied sur la grosse caisse, piste « Animal ») ou des frappes plus instantanées (baguette sur la caisse claire, même piste), on ressent très bien cette notion de pointe de puissance, ce pic d’énergie, à bas comme à haut niveau d’écoute. Sur les passages pianissimo ou en écoute à bas niveau (Valse oubliée n° 1 de Liszt interprétée à l’orgue par Jean Guillou), la dynamique reste répartie de manière extrêmement crédible (bel effet cathédrale), un pari pas forcément gagné d’avance avec l’abondance d’étages du schéma.
Attaque de note : Le dimensionnement conséquent de l’alimentation permet au E-470 de délivrer beaucoup de puissance en un clin d’œil. Cette disposition technique fondamentale est en grande partie responsable du comportement très réactif, très vivace du E-470. Sur « Moonlight on Spring River » par Zhao Cong, la lisibilité des différentes clochettes est grandement facilité par le piqué de leur rendu. Par ailleurs, l’intégré est doté d’un remarquable sens du rythme, à l’image du jeu parfaitement cadencé du batteur sur « Animal » par Francis Cabrel.
Scène sonore : L’ambiance de l’Arsenal de Metz sur la piste « Gotcha » en public est apparue très subtilement différente de notre repère habituel. L’image stéréo impeccable est très légèrement moins large qu’à l’accoutumée, avec un public toujours omniprésent et en mouvement jusqu’à l’arrivée du présentateur. La profondeur quant à elle est proportionnée de manière familière. En revanche, nous sommes plus proches de la scène où se produit Patricia Barber et ses musiciens tous détachés les uns des autres. Sans connaître la version live originale, une chose est certaine, ce qu’on entend est parfaitement réaliste.
Transparence : Les différentes écoutes effectuées avec le E-470 ont clairement confirmé ses remarquables capacités musicales. L’appareil est en quelque sorte la concrétisation des progrès sonores réalisés depuis une vingtaine d’années par Accuphase sur ses modèles intégrés travaillant en classe AB. Sans atteindre totalement l’authenticité tonale d’un classe A, il fait en revanche preuve d’une rigueur et d’une réactivité supérieures.
Rapport qualité/prix : La descendance technologique avec les modèles commémoratifs du 40e anniversaire de la marque, d’une part, et le niveau qualitatif habituel de la fabrication, d’autre part, auraient pu aboutir à une électronique encore plus chère. Cela dit, le E-470 tel quel constituera le cœur d’un système simple mais haut de gamme. Doté des options DAC et phono, il devient certes plus cher mais universel ou presque. Et indémodable aussi.
Sans constituer une véritable révolution, l’arrivée de ce nouvel Accuphase E-470 est une évolution par rapport au E-460 qui disparaît du catalogue. Puissance, vivacité, dynamique et justesse de timbres sont quelques-unes des clés de la réussite sonore de cette électronique à la finition exemplaire. Le fabricant japonais peut dormir sur ses deux oreilles, sa réputation est intacte avec un intégré de cette (grande) classe.
Origine : Japon
Prix : 7 990 euros
Dimensions : 465 x 181 x 428 mm
Poids : 24,5 kg
Réponse en fréquence : 20 Hz - 20 kHz à +0/-0,5 dB (pleine puissance)
Puissance nominale : 2 x 260 W (4 ohms), 2 x 180 W (8 ohms)
Sensibilité : 190 mV (ligne RCA 20 K et XLR 40 K)
Rapport signal sur bruit : < -109 dB (RCA), < -102 dB (XLR)
Distorsion : < 0,05 %Facteur d’amortissement : > 500 (8 ohms, 50 Hz)
Entrées : 5 RCA, 2 XLR, 1 RCA et 1 XLR (entrées directes ampli), 1 RCA monitoring
Sorties : 2 RCA (enregistrement et sortie préampli), 1 XLR (sortie préampli), 4 paires HP
Options : carte DAC-40 (1 S/PDIF RCA 24/192, 1 S/PDIF Toslink 24/96, 1 USB-B 24/192), carte AD-30 (phono RIAA MM/MC), carte LINE-10 (entrées de type ligne)