Surprise au dernier salon High End de Munich. La société française totaldac est présente sur quatre stands avec ses produits de la gamme d1. Le « totaldac d1 TOUR » permettait d’écouter les réalisations de Vincent Brient dans des configurations diverses. Et de constater que ces d1 sonnent à merveille…
Diplômé de Supelec, Vincent Brient travaille d’abord en tant qu’ingénieur pour différentes sociétés et dépose quelques brevets. Durant ses études, il s’intéresse au numérique, il conçoit sur plusieurs années un filtre trois voies. Le DAC est aussi un de ses centres d’intérêt. Ceux du commerce ne le satisfont pas, il réalise alors quelques prototypes jusqu’à aboutir à un modèle associant filtre et DAC. Le concept totaldac était né, la marque est créée en 2010.
La société basée près du Mont-Saint-Michel propose une gamme composée de convertisseurs avec réglage de niveau de sortie, de serveurs, d’une horloge de resynchronisation et d’accessoires. Des options (DSD, filtre numérique, bass booster) sont également disponibles. Le d1-single est le premier modèle au catalogue. Installé dans un châssis en aluminium avec une face avant en méthacrylate et un afficheur OLED, l’appareil met en œuvre des technologies très différentes de ce qu’on rencontre chez tous les autres fabricants actuels.
Le d1-single est un convertisseur sans suréchantillonnage. Il traite les données dans leur format natif jusqu’à la conversion analogique finale effectuée selon le principe R2R qui utilise un réseau de résistances par canal pour convertir un ensemble de bits en une tension analogique. La haute précision des résistances – des modèles Vishay Bulk Metal à 0,01 % au nombre total de 100 sur le d1-single – influe directement sur l’écart minimum de variation de la tension et donc sur la quantité de détails reproduits. L’aiguillage et le traitement des datas avant la conversion sont effectués dans un chip FPGA, un réseau de portes programmables. Ce chip intègre également un contrôle de volume sur 69 bits et un filtre FIR destiné à compenser l’atténuation naturelle et douce d’un DAC sans suréchantillonnage dès 2 kHz (-3 dB à 20 kHz).
Par ailleurs, le concepteur a pourvu le d1 d’un anti-jitter réalisé à partir d’une mémoire tampon à latence longue. Les datas entrantes sont stockées pendant plus de 10 ms au rythme de l’horloge source, puis elles sont évacuées de la mémoire selon une horloge interne spécifique. Ce procédé évite toute recopie partielle du jitter source. Le rapport signal sur bruit a été amélioré en positionnant le transformateur d’alimentation dans un boîtier séparé et relié par ombilic au convertisseur.
Comme avant chaque écoute d’une électronique, nous avons laissé le d1-single se mettre à bonne température avant de procéder à des écoutes préliminaires en liaison directe, d’une part, puis par l’intermédiaire de notre préamplificateur repère, d’autre part. Nous souhaitions connaître l’influence d’un préamplificateur en aval du convertisseur pourvu d’un réglage de volume. Le résultat a été immédiat et validé par toutes les oreilles du magazine, le totaldac est d’une neutralité époustouflante et ne bénéficie aucunement de l’ajout d’un préamplificateur en sortie.
Construction : Toute la gamme totaldac est construite autour d’un même et unique châssis utilisé à l’unité ou en multiple selon le modèle. La simplicité de bon aloi a primé avec un boîtier bien réalisé dont la face arrière est pourvue d’emplacements prêts à recevoir la connectique adaptée au type d’appareil commandé. L’intérieur abrite la technologie totaldac avec notamment le convertisseur R2R monté sur un circuit imprimé prêt lui aussi à s’étoffer de résistances supplémentaires au fur et à mesure de la montée en gamme.
Composants : Le concepteur est un grand spécialiste du numérique qui a minutieusement mis au point ses circuits selon des procédés souvent uniques. Cela se ressent au niveau des composants mis en œuvre (résistances de très grande précision pour la conversion numérique vers analogique) et des solutions technologiques adoptées (horloge maison, mémoire FIFO à « long » retard de transfert, alimentation externe). L’usage d’une plaque antivibratoire en cuivre massif très épais crée par la même occasion un écran de blindage très efficace.
Grave : L’écoute du d1-single ne laisse pas de place au doute, nous sommes en présence d’un appareil redoutablement neutre et musical. Piste après piste, nous avons découvert le potentiel absolument étonnant de cet appareil qui maîtrise ses gammes de l’extrême grave à l’extrême aigu. Dans le bas du spectre, le totaldac fait preuve d’une fermeté et d’une articulation vraiment remarquables jusque dans les plus profonds soubassements. Sur « Moonlight on Spring River », la ligne de basse synthétique très carrée et très puissante consolide la restitution, l’assise est véritablement en béton armé.
Médium : Côté timbres, le d1-single fait partie des très rares convertisseurs à insuffler une âme analogique au message. L’écoute d’autres DAC pourra paraître plus suave, plus poétique ou à l’inverse plus piquée, plus lumineuse. Mais il faut se rendre à l’évidence, le totaldac semble bien plus proche de la réalité, il met en lumière la personnalité de chaque enregistrement en allant plus loin dans la précision de l’analyse et dans l’épaisseur de la texture. L’écoute semble plus directe, plus franche qu’à l’habitude précisément parce que le D1-Single est conçu pour se débarrasser des approximations numériques habituelles. Sur la piste « Gotcha » par Patricia Barber, la chanteuse n’a jamais été à la fois aussi présente, aussi charnelle et à la juste distance de l’auditeur.
Aigu : Comme l’explique le fabricant, la baisse de niveau en pente douce dans l’aigu des convertisseurs sans suréchantillonnage peut être compensée par un filtre. Le d1-single est équipé d’un tel filtre qu’il est possible de débrayer. Ce sera selon les préférences de chacun et le système autour du DAC, mais nous avons constaté un extrême aigu très légèrement en retrait sans filtre, configuration adoptée pour nos tests, et l’apparition d’une petite luminosité avec le filtre. Dans les deux cas, le haut du spectre reste ciselé et délicat, avec une déclinaison harmonique ultra-cohérente.
Dynamique : Le totaldac est un des convertisseurs les plus dynamiques qu’il nous ait été donné d’écouter sans considération de prix. Il offre une plage de variation assez hallucinante sur les transitoires puissants sans aucun signe de confusion sonore. La profusion de microdétails qui abondent, grâce notamment à la réduction drastique du jitter originel, ouvre de manière inhabituelle l’espace sonore devant l’auditeur. Mais le plus vertigineux est la qualité modulatoire à très faible niveau d’écoute, la répartition dynamique reste intégrale sur toute la bande reproduite.
Attaque de note : Si le d1-single libère beaucoup d’énergie, il accélère également très fort. Un parallèle avec l’automobile serait de comparer le totaldac à une Formule 1 équipée d’un système ASR antipatinage. Un comportement qui confère de la nervosité au convertisseur mais sans le côté spectaculaire « des roues qui patinent ». Sur la piste « Animal » par Francis Cabrel, les frappes de boule de pied sur la grosse caisse sont reproduites avec énormément d’immédiateté, générant des résonances et des réverbérations qui « installent » l’instrument dans le studio. Un cliché photographique virtuel à partir de quelques notes de musique.
Scène sonore : Le panorama proposé par ce convertisseur dépasse en termes de spatialisation, d’ouverture et de profondeur à peu près tout ce que nous avons entendu jusqu’à présent dans une fourchette de prix allant jusqu’au double de celui du d1-single. L’image stéréo est d’une stabilité inouïe, la largeur de la scène semble totalement déconnectée du cadre des enceintes. Le public en introduction de la piste « Gotcha » semble dans la pièce, et nous avec eux. Le moindre bruit d’ambiance est reproduit avec une échelle de réalisme confondante.
Transparence : Nous avons été littéralement emballés par cet appareil dont la conception sort résolument des sentiers battus. Les idées très originales du concepteur aboutissent à une très haute fidélité de restitution, à très bas comme à très haut niveau. La remarque concernant le registre d’aigu n’a qu’une répercussion négligeable sur le récital sonore du d1-single, véritable découverte que les mélomanes étrangers ont déjà encensée.
Rapport qualité/prix : Sans atteindre des sommes inavouables, le totaldac d1-single offre des performances de très haut niveau. Il intègre un réglage de volume qui permettra de s’affranchir d’un préamplificateur. Cependant celui-ci sera indispensable si on souhaite utiliser une platine vinyle ou un tuner, car le d1-single ne propose que des entrées numériques. Pour un peu moins de 7 000 euros, il dispose d’armes sonores redoutables pour s’aligner face à des concurrents beaucoup plus coûteux.
La marque ne nous était pas inconnue puisque présente systématiquement depuis quelques années au salon de Munich en compagnie d’exposants de renom. Discrète cependant sur notre territoire, elle méritait bien qu’on s’y intéressât. Avec le d1-single, son entrée de gamme, totaldac remet les pendules numériques à l’heure. La vision innovante du concepteur au sujet de la conversion numérique vers analogique fait mouche à l’écoute. Une bête de musicalité.
Origine : France
Prix : 6 960 euros
Dimensions :122 x 110 x 290 mm
Poids : 6,5 kg
Réponse en fréquence : n.c.
Rapport signal sur bruit : < -145 dB
Niveau de sortie : variable (3,1 V RMS maxi)
Entrées numériques : 2 S/PDIF (1 RCA, 1 Toslink), 1 AES/EBU, 1 USB 2.0 asynchrone
Formats acceptés : 24/192 sauf optique 24/96, DSD DoP en option sur toutes les entrées sauf optique
Sorties analogiques : 1 RCA, 1 XLR (signal asymétrique), 1 jack 6,35 mm casque (32 à 600 ohms)