La P3ESR est la plus récente évolution de la HL-P3 conçue au début des années 1990 par Alan Shaw afin de remplacer la vénérable BBC LS3/5A que Harbeth Audio Limited fabriquait alors sous licence. Elle en conserve globalement les dimensions, les proportions et le principe de fonctionnement en charge close d’un peu moins de cinq litres.
La P3ESR est donc une compacte à deux voies et deux haut-parleurs qui ont la lourde tâche de remplacer les célébres Kef B110 à membrane en Bextrêne et Kef T27 à dôme en Melinex. Le tweeter de la Harbeth est à dôme en aluminium de 19 mm protégé par une grille métallique. La bobine mobile baigne dans du fluide ferromagnétique. Le haut-parleur de grave médium de 13 cm reçoit une membrane RADIAL2 (voir plus bas) monté sur un saladier en alliage injecté par l’intermédiaire d’une suspension en demi-rouleau souple. Une ogive rigide remplace le traditionnel cache-noyau en tissu afin de produire une énergie suffisante et une réponse régulière au raccord avec le tweeter. Ce petit transducteur est assemblé par l’arrière du baffle support pour aligner acoustiquement le centre virtuel émissif du cône à celui du dôme du tweeter monté par l’avant. Le baffle support plus épais que les parois est lui aussi rapporté et vissé à l’avant de l’ébénisterie.
Le filtrage particulièrement complexe comme celui de la LS3/5A originale comprend cinq inductances, dix condensateurs et trois résistances. Cette complexité a permis d’obtenir le meilleur compromis entre la linéarité de la réponse, le respect de la phase et la régularité de l’impédance. Ce filtre de séparation et d’égalisation débouche sur une paire de bornes plaquées or. Revenons un instant sur le changement le plus important et le plus notable de cette P3ESR qui réside dans l’emploi d’un cône de grave médium en RADIAL2. Ce matériau composite propriétaire et breveté par Harbeth était jusque-là réservé aux gros modèles de la marque. Il s’avère très stable en fonction de la température, plus léger et à plus faible mémoire mécanique que le polypropylène, et par conséquent il offre une restitution des fréquences médianes beaucoup plus aérée et plus détaillée.
Les Harbeth P3ESR distillent une modulation bourrée de charme, laissant transparaître la sensibilité du jeu de l’artiste. Dotées d’un indéniable pouvoir de séduction et d’une large palette tonale, ces compactes embrassent l’auditeur avec un son velouté mais aéré et vivant. Elles démontrent d’excellentes capacités dynamiques qui ne présentent aucun caractère brutal susceptible de dénaturer l’écoute. Il règne une onctuosité et un velouté qui évitent au message très défini toute fatigue auditive. La modulation sonore a cette touche britannique élégante et distinguée qui rend très homogène et doux le flux musical.
Plus en accord avec de la musique acoustique, elles ne rechignent pas à traiter de la musique électronique, mais on sent qu’elles ne sont pas tout à fait à leur aise. Non, elles restent logiquement dans la pure lignée sonore des Rogers LS3/5A, peu ou pas vraiment destinées à sonoriser des espaces supérieurs à une vingtaine de mètres carrés. Si ce cahier des charges est respecté, elles sauront installer chez vous une scène sonore ample, précise, stable et réaliste (ambiance somptueusement holographique sur « Ha Vinto Amor » par Simone Kermes). Les moindres détails sonnent à l’oreille grâce à un médium très charnel et savoureusement timbré et un aigu soyeux qui agrémente chaque note de ses plus infimes harmoniques. Tant qu’on ne sollicite pas trop le bas du spectre sous peine de générer un grave systématique, on assiste à un festival de couleurs sonores et de nuances tonales plus crédibles les unes que les autres. L’effet de présence est bien réel grâce à cette précision d’analyse.
Néanmoins, au regard de la taille de l’enceinte et de celle du haut-parleur de grave médium, le programme basse fréquence se montre assez rapide et franc à défaut de pouvoir descendre très bas avec discernement. Franchement, quelle importance puisque les Harbeth P3ESR nous ont déjà hypnotisés par leur message toujours délicat.
Comme la plupart des enceintes de taille réduite, les Harbeth P3ESR présentent des limites très logiques dans la reproduction du grave. Mais le plaisir d’écoute reste intact, car elles ont été conçues en tenant compte de ce paramètre. En ne cherchant donc pas à jouer bas et faux, c’est la cohésion tonale qui a été privilégiée pour un résultat sonore des plus séduisants.
Prix : 2 200 euros
Dimensions : 190 x 306 x 184 mm
Poids : 6,1 kg
Réponse en fréquence (avec cache) : 75 Hz – 20 kHz à ± 3 dB
Puissance admissible : 50 W
Sensibilité : 83,5 dB/W/m
Impédance nominale : 6 ohms