LECTEUR CD/DAC

YAMAHA CD-3000

La série S3000 de Yamaha se situe au sommet du catalogue hi-fi du fabricant japonais. Elle est pour le moment constituée de deux références dont le lecteur CD/SACD CD-S3000 à DAC USB intégré. Esthétiquement très soignée, cette électronique met en œuvre des solutions techniques originales dont une mécanique spécifique. Du bel ouvrage pour une écoute distinguée.

On ne présente plus Yamaha dont la réputation mondiale s’est forgée autour de plusieurs axes industriels majeurs dont la facture d’instruments de musique. La haute-fidélité n’en est qu’un plus mineur auquel le fabricant a néanmoins commencé à s’intéresser dès 1920 ! On connaît la suite plus proche de nous avec entre autres les enceintes NS à haut-parleurs à dôme en béryllium dans les années 70 ou l’amplificateur pyramidal B6 dans les années 80. Après une période plus en retrait, c’est le come-back dans les années 2000 avec les enceintes Soavo et la gamme d’électroniques S2000.

Facture d’électronique
Un des secrets du CD-S3000 réside dans son transport qui a été conçu pour lui. Il est posé de manière rigide sur deux masses qui lestent l’avant et l’arrière et qui inhibent la propagation des vibrations. Elles sont chacune constituées de deux épaisseurs dont l’écartement se règle par vis pour un alignement optimal de la mécanique. Le tiroir très fin est réalisé en aluminium. Le châssis rigide mêle l’aluminium (7 mm en face avant) et l’acier cuivré et repose sur quatre pieds en métal avec pointes. La configuration interne sépare physiquement comme électriquement les sections analogique et numérique. Les alimentations sont séparées par un transformateur torique capoté et des circuits de redressement et de filtrage distincts, les condensateurs étant même placés au plus près des étages à alimenter. La conversion numérique vers analogique fait appel à un chip ESS Sabre 9018 à horloge intégrée. La partie USB asynchrone est gérée par un chip développé par Yamaha disposant également de sa propre horloge. Elle supporte le protocole ASIO 2.0 à faible temps de latence et haut débit. Les sorties du convertisseur ESS sont traitées en courant et en double symétrique sur chaque canal. Elles sont dirigées vers un étage unique de conversion courant tension à composants discrets et à très faible taux de contre-réaction.

Fabrication et écoute

Nous avons essentiellement procédé à des écoutes à partir de CD et en raccordant notre iMac sur l’entrée USB (fichiers dématérialisés qualité CD avec driver USB Yamaha Steinberg à télécharger). Les performances sur SACD sont élevées de même qu’avec des fichiers HD, nous l’avons vérifié. Toutefois, on achète ce genre ;de lecteur pour exploiter sa propre CDthèque, voire des fichiers dématérialisés éventuellement suréchantillonnés issus de rippage. D’où notre choix d’écoute.

Construction : Le lecteur CD-S3000 marche sur les traces des célèbres électroniques japonaises dont le nom commence par A, avec son châssis en aluminium flanqué de joues en bois laqué. Néanmoins, la présence des célèbres touches rectangulaires rappelle et confirme qu’il s’agit d’une réalisation de très belle facture du constructeur aux trois diapasons. L’intérieur reprend quelques recettes efficaces (présence massive de tôles et de vis cuivrées) en termes de conduction électrique et de blindage. La parfaite harmonie de l’implantation évite au maximum le câblage filaire.

Composants : La présence d’une nouvelle mécanique maison et de composants analogiques et numériques estampillés Yamaha donne une idée des moyens que met en œuvre le fabricant pour retrouver les sommets de la hiérarchie mondiale sans pour autant assommer le client avec un prix démesuré. On apprécie également la présence d’une alimentation dédiée à chaque type de signaux, le meilleur moyen d’éviter toute pollution en interne. Les possibilités offertes en termes d’affinage de l’écoute par action sur l’horloge DPLL s’avèrent particulièrement efficaces.

Grave : La réponse en fréquence globale de notre système repère équipé du lecteur Yamaha descend bas et avec beaucoup de conviction. Le registre gagne logiquement en solidité et en détourage à partir du format SACD, mais reste correctement tendu et bien articulé à partir de CD et de fichiers 16/44. À noter qu’il est bien difficile de trouver une différence audible réellement notable entre ces deux derniers supports. Sur la piste « Gotcha » de Patricia Barber, le volume ressenti de la caisse de résonance de la contrebasse est pour ainsi dire identique entre lecture CD et entrée USB.

Médium : L’écoute en SACD du largo du Concerto n° 5 de Bach par Simone Donnerstein (CD Test Cabasse) ouvre plus large l’horizon tonal et épaissit la texture du message, prouvant s’il en était encore besoin la supériorité de ce format par rapport au CD. Néanmoins, la lecture de la couche CD comme celle d’un fichier WAV 16/44 dévoile une remarquable justesse de timbres et une palette harmonique particulièrement nuancée. En jouant avec le réglage DPLL, l’écoute évolue d’une restitution soignée à la souplesse très analogique en position « lowest » vers une haute définition très riche en détails mais peut-être moins luxuriante, moins tactile en position « highest ». Ce qu’il faut surtout retenir de ce réglage est la possibilité d’adapter d’une simple pression du bout du doigt le rendu tonal du système, rendu toujours musical et fluide. Le « low-mid » conseillé par Yamaha s’impose comme le plus consensuel.

Aigu : La hiérarchie est respectée avec une lecture SACD au filé subtil et délicat, et une proposition sonore à partir d’un CD ou de l’entrée USB qui détaille le haut du spectre avec un ciselé très satisfaisant mais très légèrement teinté de matité numérique. Avec ces deux formats, les fins de notes s’éteignent un peu plus rapidement qu’avec notre source et notre DAC repère, mais on ne se sent pas frustré car le dégradé harmonique haut reste suffisamment cohérent pour que les notes conservent tout leur éclat et toute leur expressivité.

Dynamique : La qualité des alimentations est fondamentale dans la faculté d’une électronique à reproduire l’énergie contenue dans une interprétation, et cette nécessité débute dès la source. À l’évidence le Yamaha CD-S3000 dispose de bonnes ressources en termes de joules disponibles en sortie d’alimentation. La partition de la batterie (piste « Animal » par Francis Cabrel) ne manque ni de poids ni d’amplitude sur les différents impacts de baguettes et de la boule de pied.

Attaque de note : Nous nous sommes surpris à jouer assez souvent avec le réglage DPLL pour en cerner au mieux l’influence. Si l’enveloppe tonale varie comme expliqué plus haut, la vivacité du message reste en revanche immaculée, intacte. Sans parler de l’écoute en SACD vraiment remarquable, le CD et le fichier 16/44 transitant par l’entrée USB sont reproduits avec beaucoup d’expressivité et de variations harmoniques. La réponse impulsionnelle du Yamaha et donc son aptitude à dévoiler les moindres variations de notes flirtent avec ce que nous pouvons obtenir de notre ensemble source repère.

Scène sonore : Le CD-S3000 nous propose un espace sonore tout à fait réaliste. Les proportions virtuelles développées sur nos pistes et fichiers repères conservent une répartition géométrique familière, nous ne sommes pas en terrain sonore inconnu. Les réverbérations et autres détails d’ambiance sont toutefois un peu moins étayés qu’à l’accoutumée, ce qui se traduit par un très léger déficit d’amplitude et de volume de la scène devant l’auditeur. L’honneur reste néanmoins sauf avec une focalisation nette des différents pupitres, une perspective spatiale très cohérente et une image stéréo large et de très grande stabilité.

Transparence : Nous avons notamment apprécié avec ce lecteur Yamaha la large bande passante subjective, sa qualité de timbres et son excellente réactivité sur transitoires agrémentée d’un bon potentiel dynamique. Le réglage DPLL permet d’affiner l’écoute selon sa sensibilité sans rogner sur l’expressivité du message. S’il ne nous a pas paru totalement libéré, le registre aigu reste en revanche suffisamment filé, résolu et fusionné pour que l’écoute du CD-S3000 puisse être qualifiée de neutre et équilibrée.

Rapport qualité/prix : On pourra toujours argumenter que 4 300 euros restent une somme pour un lecteur de CD/SACD aussi brillant et abondamment équipé soit-il à l’heure où la musique dématérialisée se gère depuis un excellent DAC USB et un ordinateur doté d’un logiciel de lecture sur lequel on peut ripper ses CD. Cela dit, le lecteur Yamaha est une superbe pièce d’électronique moderne qui dispose de nombreux atouts pour justifier son prix si l’on tient compte de la remarquable qualité de fabrication, des performances techniques élevées et des nombreuses possibilités de travail (CD, SACD, DAC USB sophistiqué, etc.) qu’il offre à l’utilisateur dans un même écrin.

Verdict
Le retour de Yamaha dans le créneau de la haute-fidélité haut de gamme est réjouissant, surtout avec des électroniques du calibre de ce lecteur CD-S3000. Le célèbre fabricant japonais s’est montré à la hauteur de ses ambitions en concevant cette électronique dont les spécifications techniques comme les qualités de fabrication et restitution sont de haut niveau. Testé volontairement a minima, l’appareil surprend par la cohérence et par l’étoffe de son message toujours très juste et très musical. Si acheter un Yamaha ne s’apparentait plus tout à fait à un achat de mélomane exigeant, ça le (re)devient avec le CD-S3000.

Fiche technique
Origine : Japon
Prix : 4 300 euros
Dimensions : 435 x 142 x 440 mm
Poids : 19,2 kg
Réponse en fréquence : 2 Hz à 20 kHz (CD), 2 Hz à 50 kHz (SACD, -3 dB)
Distorsion par harmonique : < 0,002 %
Rapport signal sur bruit : > 116 dB
Niveau de sortie : 2 V RMS (1 kHz, 0 dB)
Entrées numériques :
1 RCA S/PDIF 24/192,
1 optique TosLink 24/192,
1 USB B asynchrone 24/192
Sorties numériques :
1 RCA S/PDIF 24/192,
1 optique TosLink 24/192
Sorties analogiques stéréo : 1 RCA, 1 XLR

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