ENCEINTE

LEEDH MODELE 20.1

Lors de l’essai des enceintes Leedh E2 en janvier dernier, nous avions pu écouter et apprécier le prototype du caisson de grave Leedh 20.1. À l’occasion de sa mise officielle sur le marché, nous revenons plus en détail sur les écoutes de ce produit aux performances exceptionnelles.

Restituer à partir d’un système haute-fidélité les registres de grave et d’extrême grave est un exercice bien plus périlleux qu’il n’y paraît. Pour faire court, sous 80 Hz, les choses se compliquent rapidement. L’écoute d’une contrebasse ou d’un violoncelle, par exemple, se traduit dans 99 cas sur 100 par des sonorités plus lourdes et moins articulées que la réalité, sans parler des toniques d’ébénisterie qui colorent l’instrument. Si l’amplification peut dans quelques cas être pointée du doigt, les faiblesses dans le grave de la plupart des enceintes acoustiques s’avèrent le plus souvent responsables de ces anomalies de restitution. Les solutions apportées par Gilles Milot avec le 20.1 tranchent dans le vif du sujet.

Charge close à volume constant
Le modèle 20.1 est une enceinte active de grave. Cette dénomination nous a paru beaucoup plus appropriée que caisson de grave ou subwoofer, termes qui collent plus au côté spectaculaire du home-cinéma. Et c’est là toute la différence car le 20.1 se révèle extrêmement musical dans les premières octaves. Rappelons que 20.1 signifie 20 Hz à -1 dB. Vu la taille du produit, on peut se poser des questions sur la véracité de cette caractéristique, mais une fois le 20.1 raccordé et correctement réglé, il n’est plus permis d’en douter. Cette enceinte a été initialement pensée comme le complément idéal dans les soubassements des redoutables E2, mais son insertion au sein d’un système autre en rehaussera très sensiblement la musicalité. Le premier contact est déroutant. La compacité n’étonne pas plus que ça, en revanche les solutions techniques adoptées démontrent une fois encore la grande ouverture d’esprit du concepteur. En effet, on ne compte pas moins de quatre boomers, deux d’origine Atohm de 23 cm et deux d’origine Audax de 38 cm. Les Atohm fonctionnent en push-push, un sur chaque flanc et montés dos à dos dans le volume clos de 16 litres de l’enceinte. Cette disposition rappelle celle des HPAB dans les modules de la E2, elle permet de réduire considérablement la propagation des vibrations. À chaque Atohm fait face un Audax monté inversé (aimant apparent) et câblé hors phase par rapport à l’Atohm. Dans cet arrangement et à la condition indispensable d’une sélection précise des haut-parleurs, les deux membranes se meuvent en sens inverse et créent entre elles un volume d’air constant, simulant une charge infinie. Associée à une correction électronique embarquée, cette disposition pourtant ultra-compacte permet d’explorer le 20 Hz avec du niveau et sans traînage. La section électronique se compose de deux modules d’amplification Atohm S300 équipés des réglages associés habituellement aux caissons de grave, d’une part, et de plusieurs entrées qui permettront de driver le 20.1 à partir d’un préamplificateur ou des sorties d’un amplificateur. Les circuits d’amplification sont d’origine ICEpower. L’ébénisterie laquée noire est un millefeuille de plaques de 30 mm en médium haute densité, les S300 étant installés à l’arrière et les haut-parleurs sur les côtés. La face avant et le sommet décrivent une courbe qui allège l’esthétique. Deux grilles épousant le profil arrière des Audax viennent les dissimuler et confèrent au 20.1 une silhouette identique à celles des modules HPAB. Question d’harmonie…

Écoute
Nous avions écouté l’ensemble Leedh E2 et 20.1 en compagnie de Gilles Milot, venu tout spécialement pour nous les présenter et procéder à leur installation en bonne et due forme (disposition parfaitement symétrique entre les E2, réglages de la fréquence de coupure et de la phase, etc.). Les E2 étaient associées aux câbles Universel, que nous avons adoptés depuis. L’insertion du 20.1 transpose l’écoute dans une autre dimension. L’exploration parfaitement maîtrisée des premières octaves est perçue d’une manière palpable, avec une appréciation quasi physique des sources d’émission. Le volume du lieu de la performance se matérialise soudain devant vous, avec cette impression d’air circulant dans la salle de concert et la sensation rare et unique du souffle infragrave qui plane et qu’on appelle silence. C’est vraiment surprenant tout comme l’ouverture absolument inattendue qui s’installe dans le haut du spectre. La rapidité d’établissement des notes graves est telle qu’elle contribue à un supplément de définition, de résolution, que nous n’avions jamais ressenti avec un caisson traditionnel. Sur le « Moonlight on Spring River » par Zhao Cong, nous avons tout simplement redécouvert la partition de la basse synthétique qui dévoile une autorité exceptionnelle sur les attaques et un développement ultra-articulé. Et les diverses percussions qui résonnent d’une manière plus matérielle et plus nuancée s’éteignent plus loin encore dans le temps. Sur le « Gotcha » de Patricia Barber, l’atmosphère de la salle de concert gagne incontestablement en volume, en holographie subjective et en présence avec un public dont on se sent bien plus proche. Les musiciens et la pianiste sont précisément positionnés sur la scène qu’on situe subjectivement à une juste hauteur par rapport à la salle et au public. La contrebasse notamment distille (enfin) des sonorités très proches de l’instrument réel. Les vibrations des cordes sur les accords bas sont parfaitement ressenties en termes d’attaque de notes et de modulations vibratoires. Magnifique.

Verdict
Comme à chaque fois que nous avons la chance de tester un produit hors du commun, le plus difficile est de s’en séparer. L’enceinte de grave Leedh 20.1 bonifie irréversiblement la perception de la musique restituée par le système qui l’accueille. L’architecture du message retrouve de la solidité, de l’autorité, de l’énergie dans les premières octaves. Et la définition générale progresse indéniablement par un apport inattendu mais bien réel d’aération, de détails et de consistance. Définitivement recommandé.

Fiche technique
Origine : France
Prix : 5 500 euros
Dimensions : 445 x 480 x 480 mm
Poids : 41 kg
Entrées : HP stéréo basse impédance, RCA stéréo haute impédance, RCA directe (by-pass préampli et filtrage), XLR directe (by-pass préampli et filtrage)
Réglages : pente de coupure 12 ou 24 dB/octave, mise en service automatique ou stand-by, ajustement fréquence de coupure,  phase 0 ou 180°, niveau Amplification : deux modules Atohm S300 (ICEpower 300 W sous 4 ohms)

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