ENCEINTE

ALBEDO APTICA

Fabricant d’enceintes acoustiques depuis 1996, la société italienne Albedo Audio arrive enfin en France grâce au distributeur Tecsart. Peu de modèles au catalogue, mais ils ont tous en commun l’usage d’une ligne acoustique optimisée par le constructeur et une esthétique superbe.

Située en Italie, à Montelabbate, près de Pesaro et de la côte Adriatique, l’entreprise s’intéresse dès le début des années 90 au principe de la ligne acoustique pour laquelle aucune approche vraiment sérieuse n’avait été effectuée auparavant. Elle arrive à développer un modèle mathématique rigoureux capable de décrire cette configuration acoustique et en décline un logiciel propriétaire pour la modéliser avec précision. C’est en 1995 qu’apparaît la première enceinte Albedo, une colonne à deux voies avec un haut-parleur de 10 cm et introduite sur le marché italien par la société Apex Audio. Le succès s’amorce et le constructeur commence à travailler sur d’autres modèles.  

La résonance raisonnée

L’Albedo Aptica est la remplaçante du modèle HL2.2. Le constructeur opte désormais pour des appellations plus poétiques qu’alphanumériques. La motivation qui a abouti à ce nouveau modèle était de réaliser une enceinte capable de créer une scène sonore aussi précise que celle d’une compacte, mais dotée d’une assise plus solide. Cette colonne à deux voies charge son unique haut-parleur de grave par une ligne acoustique appelée Helmholine et mise au point par le fabricant. Contraction de Helmholtz, du nom du physicien allemand qui a notablement contribué à l’étude de la perception des sons à la fin du xixe siècle, et Line en rappel à la ligne de transmission, ce principe apporte une solution efficace à l’un des problèmes fondamentaux de ce type de charge, à savoir les pics de résonance secondaires dans le conduit de la ligne. Plutôt que d’y placer de l’absorbant, comme le fait avec réussite l’anglais PMC Limited, procédé qui selon Albedo introduit une perte de niveau général, ce dernier a placé à un endroit stratégique de la ligne un résonateur de Helmholtz qui corrige acoustiquement l’enveloppe de l’onde sonore. Le bon sens veut effectivement que le résonateur réagisse en opposition à la résonance qui tente de s’établir dans la ligne, et c’est précisément là qu’est intervenu le logiciel Albedo. Au final, l’extension dans le bas du spectre s’effectue de manière linéaire et sans accident audible. Le haut-parleur en charge des premières octaves est une unité Accuton de 15 cm de la série C158 à membrane concave en céramique légère et extrêmement rigide. Le facteur de force élevé permet une grande rapidité d’exécution. Il est relayé par un tweeter du même fournisseur, issu de la série C25 et à dôme de 25 mm également en céramique, gage de toute absence de rupture de timbres entre les haut-parleurs. Ils sont installés au sommet d’ébénisterie très élancée dont la section s’accroît avec la hauteur dictée par la longueur de la ligne acoustique. Outre la grande rigidité de construction apportée par le profil en étrave de navire de l’enceinte, le baffle support très étroit et dont la surface est empreinte de creux et de bosses favorise une réponse polaire très régulière et une directivité peu marquée. La caisse principale est réalisée en un sandwich de bois tapissé en interne d’une couche amortissante. Elle est maintenue par l’intermédiaire d’une pièce en forme de T sur un socle en acier peint très rigide. L’ensemble repose sur quatre pointes de découplage munies de molettes de réglage. Quatre coupelles sont fournies si l’enceinte doit reposer sur un sol fragile. La ligne débouche sous l’enceinte au travers d’une grille métallique. Par ailleurs, le profil incliné de quelques degrés de l’Aptica et le filtrage électrique du premier ordre contribuent ensemble à un filtrage acoustique du premier ordre, garant du respect de la phase acoustique. Les composants du filtrage passif utilisent des selfs à air et des condensateurs au polypropylène d’origine Mundorf, le bornier simple est installé sous l’enceinte. Enfin, les enceintes Aptica sont appairées pour une cohérence optimale de restitution en stéréo.  

Fabrication et écoute

Construction : Les enceintes de ce constructeur italien ont une esthétique tout à fait unique qui signe tous les produits depuis la première création des années 90. C’est l’élégance italienne au sommet. La qualité d’assemblage et la finition sont excellentes, l’idée de ne fixer l’enceinte qu’au pied de manière quasi ponctuelle sur un socle lourd crée un système efficace d’évacuation des vibrations vers le sol.

Composants : Les techniques retenues sur cette Aptica, comme sur tous les autres modèles Albedo, font appel à une ligne de transmission scientifiquement optimisée par le constructeur. Les transducteurs à membrane céramique figurent parmi les plus performants actuellement, et le filtrage en pente douce n’altère pas leur homogénéité sonore. L’absence absolue de parallélisme de parois bannit l’apparition de toniques et autres résonances.

Grave : Dès les premières mesures, on est surpris par le côté aérien de la restitution. Les enceintes équipées de haut-parleurs à membrane en céramique dans la section grave ont une tendance généralisée à rendre le message légèrement mat, légèrement sombre. Or rien de cela avec les Aptica qui, par la même occasion et à niveau d’écoute domestique, délivre un grave plein, un poil présent mais surtout très bien articulé et sans tonique. L’exploration des soubassements par la ligne acoustique maison apporte une assise assez inattendue vu la taille de l’enceinte, avec un bon délié des notes.

Médium : Cette légèreté de restitution se retrouve dans la bande de fréquences médianes. Aucun effet de masque n’est ainsi généré dans le haut grave, ce qui contribue à accentuer la définition dans cette région souvent embrumée. Par ailleurs, la bonne définition et la justesse des timbres ne trahissent jamais les intentions des artistes, les Aptica nous entraînent sans difficulté dans les méandres de chaque partition. Sur la piste « Ha Vinto Amor » interprétée par Simone Kermes, dont le spectre vocal balaie large, la fusion entre les deux transducteurs est inaudible grâce à leur parfaite harmonie de timbres.

Aigu : Sur la même piste, on note rapidement que le tweeter déborde de vitalité et d’énergie. Non pas que l’écoute soit devenue montante dans notre configuration de test, mais elle pourrait pointer dans cette direction si le système au sein duquel les Aptica sont insérées manifeste une certaine clarté a priori. Le côté piqué de la restitution dévoile beaucoup de détails d’ambiance et étend la résolution des extinctions de notes.

Dynamique : Malgré la présence d’un seul transducteur de 15 cm pour assurer l’analyse du grave et du bas médium, les Aptica s’en sortent avec les honneurs en termes d’énergie subjective et de puissance ressentie. La contrebasse (piste « My Treasure » par Sinne Eeg) conserve une belle présence avec des cordes frottées dont on ressent assez bien le gros diamètre, et avec une caisse de résonance au volume crédible. De plus, leur impédance de 8 ohms les prédispose à ne pas trop chahuter les amplificateurs.

Attaque de note : Le cortège harmonique gravitant autour de la fondamentale apparaît tout à fait correct en termes de dégradé. Ceci est principalement dû à la faible masse mobile des haut-parleurs, à la rigidité naturelle de leur membrane et au filtre du premier ordre. Le respect des phases électrique et acoustique se traduit ainsi par une réponse impulsionnelle maîtrisée et donc une écoute spontanée.

Scène sonore : Outre les spécificités techniques énoncées ci-dessus, les Aptica bénéficient d’une ébénisterie particulièrement fine, élancée et galbée et exempte de parois parallèles. Les ondes internes comme externes se propagent sans contrainte et développent une réponse en fréquences d’une grande régularité, ce qui permet aux colonnes italiennes de proposer une scène sonore ample et bien étagée en profondeur. La focalisation des sources reste précise sans besoin d’être à un point d’écoute précis.

Transparence : Le bilan subjectif de ces petites colonnes Albedo est plus que positif. Le registre de grave surprend par son aisance. Nous avons notamment été très attirés par la vélocité de la restitution sur toute la bande passante particulièrement étendue. Le haut pouvoir de résolution ne devra pas être pollué par une mise en avant de l’aigu très vif. Un point important qui nécessitera donc un choix attentif des maillons associés à ces belles italiennes.

Rapport qualité/prix : Le prix des Aptica avoisine les 6 000 euros. C’est une somme qui commence à faire réfléchir au bien-fondé de l’investissement qu’on souhaite réaliser. Il est vrai que cette enceinte à deux voies est belle, séduisante, bien réalisée et qu’elle embarque une somme de technologies savamment imbriquées. Mais le terrain de la deux-voies est déjà pas mal occupé par une concurrence elle aussi compétente mais dont les produits sont rarement aussi sexy. Un vrai choix de passionné.  

Verdict

Depuis le temps que nous arpentions les allées des salons internationaux en dévorant des yeux les produits du stand Albedo, nous avons enfin pu les écouter à notre guise et nous avons été conquis. Loin d’être totalement neutres, ces Aptica font des choses que beaucoup d’enceintes comparables ne font pas. Mais par-dessus tout, elles savent impliquer l’auditeur dans ce qu’il écoute après l’avoir ensorcelé par leur physique très attirant.  

Fiche technique

Origine : Italie

Prix : 6 300 euros (à confirmer)

Dimensions : 1 020 x 300 x 510 mm (hors tout)

Poids : 20,5 kg

Réponse en fréquence : 45 Hz – 20 kHz

Impédance nominale : 8 ohms

Sensibilité : 85 dB/2,83 V/m

Puissance admissible : 120 W

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