PLATINE VINYLE

ACOUSTIC SOLID WOOD MPX

Acoustic Solid est une marque allemande de platines vinyles et d’accessoires associés qui a vu le jour en 1997. Après mûre réflexion, Romain Grandadam, aux manettes de 080, a décidé d’importer les produits de ce label, produits entièrement conçus et réalisés en Allemagne. La deutsche Qualität appliquée à la platine vinyle.  

Créée en 1997, l’entreprise s’est d’emblée spécialisée dans la fabrication manuelle de tout ce qui tourne autour de la platine vinyle haut de gamme. D’abord baptisée E. Wirth Partnership du nom d’un des fondateurs spécialisé dans la production mécanique, elle devient Wirth Acoustic Engineering GmbH trois ans plus tard après avoir intégré de nouveaux locaux à Altdorf. La qualité des platines est vite reconnue à travers le monde. La société prend un véritable envol international en 2002 et connaît un essor considérable qui l’oblige à agrandir ses locaux en 2006. Désormais appelée Wirth Tonmaschinenbau GmbH et toujours dirigée par Karl Wirth, la société exporte dans 35 pays avec l’Asie et plus particulièrement le Japon comme clients principaux. Elle est aujourd’hui équipée de plusieurs machines-outils numériques CNC qui lui permettent un usinage de haute précision des pièces critiques.  

Une solide Solid Le catalogue Acoustic Solid comprend trois gammes de platines réparties en 24 modèles, deux bras propriétaires et deux bras OEM Rega, ainsi que différents accessoires dont un palet presseur et un préampli phono. La Solid Wood MPX prend place au sein de la gamme Classic qui, comme son nom l’implique, fait usage de bois dans la fabrication. La MPX, évolution de la Wood, reçoit un socle très inerte en bois multiplis satiné de 80 mm en lieu et place du médium sur la Wood. L’impact sur l’absence de transmission des vibrations est très sensible. Elle repose sur trois pieds massifs ajustables en aluminium équipés de pointes : on pourra poser l’ensemble sur des coupelles coniques fournies. Le moteur synchrone basse tension est logé dans un boîtier externe en aluminium. Il est alimenté par un boîtier indépendant de régulation de vitesse à quatre touches (deux vitesses et deux réglages fins). Il entraîne par le biais d’une poulie réductrice et d’une courroie torique synthétique l’imposant plateau en aluminium massif de 60 mm qui tourne sur un roulement maison « Zero Tolerance », autrement dit sans jeu ou presque. L’axe de rotation très précisément usiné repose sur de la céramique dans un fût borgne bagué bronze et très légèrement huilé. Le constructeur conseille d’insérer une plaque de mousse fournie entre le plateau et le socle en cas de manipulation de la Solid Wood MPX afin de ne pas endommager le roulement. Un couvre-plateau en cuir véritable recouvert d’une plaque d’acrylique de 5 mm sert de matelas au microsillon. Le bras WTB 213, pour 213 mm de longueur entre le pivot et la coquille, est monté sur un pivot à roulements. Le contrepoids est placé dans l’axe du bras en carbone, il est livré ajusté en fonction de la cellule fournie par le fabricant. Pour notre test, une cellule MC Shelter 5000 a été installée ainsi qu’un préamplificateur phono Jolida JD9 revisité par Staccato.

Fabrication et écoute

Construction : On reconnaît immanquablement la touche allemande dans la présentation et dans la qualité de fabrication du produit. Le socle en bois particulièrement épais et non résonant, le plateau massif très lourd, la précision du système de pivot du bras maison, tous les ingrédients sont réunis pour concocter un produit de haut niveau. Par ailleurs, le fait que la platine arrive préréglée notamment au niveau du montage de la cellule enlèvera une grosse épine du pied aux mélomanes pas forcément rompus à ce genre de travail.

Composants : Les technologies mises en œuvre n’ont rien de révolutionnaires, mais elles sont appliquées avec le sérieux et la précision indispensables. Le constructeur a également maîtrisé avec brio les phénomènes de résonances parasites qui auraient pu être transmises vers ou par la platine. La séparation pure et simple du moteur et du socle très inerte, l’entraînement par courroie et le découplage mécanique vont dans ce sens. Le bras ne dispose pas de système de verrouillage qui le retient sur son support lorsqu’il est posé sur celui-ci, il faudra veiller à éviter tout faux mouvement à proximité de la Solid Wood MPX.

Grave : Equipée d’une cellule MC de choix et d’un préampli phono déjà performant à la base et modifié, l’Acoustic Solid délivre un grave puissant, articulé et aux soubassements très satisfaisants. Il souligne sans forcer le trait la plénitude du message, dans la mesure où la gravure contient des basses fréquences bien évidemment. Dans cette gamme de prix et sur ce critère, la Solid Wood MPX s’élève au niveau voire dépasse certains modèles concurrents plus coûteux et plus ambitieux sur le papier. La ligne mélodique de la guitare basse sur la piste « I’m happy » par le United Blues Experience (Heart Blood Ballad, 33RPM Clearaudio 180 g) procure une assise solide et stable au message.

Médium : L’ensemble Acoustic Solid tel que nous l’avons testé se révèle tout à fait remarquable dans la transcription de cette zone de fréquences essentielles. Sur les Quatre Saisons de Vivaldi (Orchestre de chambre Paul Kuentz dirigé par lui-même, édition DG), les timbres jouissent de couleurs de toute beauté qui confèrent à la restitution ces saveurs tonales synonymes de vinyle et d’analogique. Chaque instrument se distingue de l’autre par des sonorités uniques, des harmoniques propres. L’ultra-analyse vite ennuyeuse des lecteurs numériques sophistiqués ne peut véritablement rivaliser avec le message aussi organique, aussi réaliste que celui distillé par la platine germanique sur « Coupe-Coupe Tonton Macoute » (vinyle Ainsi soit-il de Louis Chedid) virtuellement vivant devant nous.

Aigu : La réponse en fréquences de l’Acoustic Solid mariée, rappelons-le, au préampli Jolida revu et corrigé est incontestablement étendue aux deux extrémités. Le haut du spectre s’avère toujours détaillé avec pléthore de détails. La voix haut perchée de Beata Kossowska sur « I wanna Boogie » avec le United Blues Experience monte en gamme avec une luminosité un peu extravertie mais jamais insistante ni aigre. Sur « Parce que je t’aime » (disque Barbara, gravure Philips), les extinctions sifflantes de la chanteuse sont restituées sans signe audible de distorsion ou autre chuintement.

Dynamique : Les cordes sèchement pincées de la guitare de Wolfgang Bernreuther en introduction de « I wanna Boogie » délivrent des sonorités nettes et amples, avec une réelle sensation de puissance instantanée. L’importante inertie mécanique de la Solid Wood MPX reposant sur trois solides pieds découplés évite toute pollution du signal électrique de la cellule par une quelconque intermodulation vibratoire. Cela se ressent à l’écoute par une plage dynamique très large à bas comme à haut niveau d’écoute, et répartie uniformément sur tout le spectre.

Attaque de note : Cette absence d’influence mécanique sur l’électrique que nous venons juste d’évoquer a également des répercussions très positives sur le développement des notes, et notamment à l’attaque où la propreté d’établissement de la note influencera le dégradé harmonique en termes de rangs restitués. Le signal de la cellule, tout le signal de la cellule, rien que le signal de la cellule, telle est l’impression ressentie quand on écoute la Solid Wood MPX. Il est assez facile de cerner les différences de prises de son entre chaque piste du vinyle Heart Blood Ballads du United Blues Experience grâce la lecture fouillée et documentée de la platine. C’est un signe probant de sa neutralité.

Scène sonore : Premier constat, à chaque vinyle correspond une ambiance, une atmosphère, une scène sonore. Si le support est médiocre, point de miracle, l’écoute reste elle aussi limitée malgré les talents déployés par la Solid Wood MPX en termes de définition. En revanche, si le microsillon est à la hauteur, alors on est transporté en trois dimensions. Comme par exemple avec Fleetwood Mac interprétant « Sara » (disque double live, 1980, Warner Records), on se retrouve face au 15 000 personnes présentes au Checker Dome de Saint-Louis au concert de novembre 1979. Les réverbérations de la salle, les cris éloignés du public, la présence vocale du groupe plus proche de l’auditeur et cette formidable sensation de continuité de la trame sonore traduisent à merveille le pouvoir de matérialisation de cette étonnante platine.

Transparence : L’appréciation de ce critère doit prendre en compte le fait que la Solid Wood MPX dans sa configuration de test a été raccordée à notre système repère par le biais d’un préampli phono modifié dont nous ne connaissions pas la personnalité. En tout état de cause, la restitution globale proposée est vivante, déliée et organique notamment sur les voix (Louis Chedid en quasi chair et os). La bande passante étendue est légèrement écourtée aux extrémités, mais c’est la cohérence qui prédomine avec un superbe équilibre tonal.

Rapport qualité/prix : La base de travail Solid Wood MPX proposée à 2 550 euros est assurément un excellent investissement. La version « Package » (voir fiche technique) à un peu plus de 3 000 euros devrait donc sérieusement bousculer la hiérarchie en place dans ce créneau de prix. Avec la version testée encore plus aboutie techniquement et qui ne franchit pas le cap des 6 000 euros, la musicalité et le réalisme dépassent qualitativement et émotionnellement ce qu’on arrive à obtenir avec des sources numériques beaucoup plus coûteuses.

Verdict

La table de lecture Acoustic Solid Wood MPX est une magnifique découverte. L’esthétique chaleureuse et éternelle du bois multiplis et la robustesse qui transpire de l’énorme plateau en aluminium véhiculent un confort visuel et un sentiment rassurant de fiabilité. Avec le bras Acoustic Solid et la cellule Shelter installés, la restitution n’a jamais cessé de nous ravir et de nous impliquer dans chaque performance contenue au creux de nos microsillons repères, classiques ou modernes, anciens ou récents. On ne peut que féliciter 080, importateur de la marque, d’avoir osé Acoustic Solid. À écouter absolument !

Fiche technique

Origine : Allemagne

Prix : 2 550 euros (platine seule)

3 190 euros (« Package » avec bras WTB 303 et cellule Denon DL103)

1 685 euros (bras WTB 213)

1 598 euros (cellule MC Shelter 5000)

Dimensions : 470 x 250 x 370 mm (platine)

Poids : 35 kg (platine)

Vitesse de rotation : 33 1/3, 45 tours/minute

Moteur : 1 moteur synchrone, alimentation (vitesse) gérée par microprocesseur

Longueur du bras WTB 213 : 213 mm (pivot – cellule)

Poids cellule : de 5 à 20 g

Cellule Shelter 5000

Type : MC

Niveau de sortie : 0,5 mV (1 kHz, 5 cm/s)

Force d’appui : de 1,4 à 2 g

Impédance de sortie : 14 ohms

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