L’Olympe du phono : Lab12 Melto2

Le Melto2 utilise une correction RIAA à tube, mais adopte un écran OLED pour se rendre beaucoup plus convivial que la majorité des concurrents. En effet, tous les paramétrages sont accessibles à partir de la télécommande, depuis sa position d’écoute. Disposant de 3 entrées phono, il dévoile de très hautes aptitudes musicales, en sublimant les qualités des tubes, sans leurs défauts.

Basé à Athènes, Lab12 a été fondé en 2012 par Stratos Vichos, créateur passionné et mélomane, mais aussi ingénieur électronique avec une expertise dans la conception audio depuis plus de 20 ans. La marque produit une gamme enviable d’appareils entièrement à tube, comme le DAC 1 Reference (HF 247), apprécié ici pour ses qualités de naturel sonore.

On remarque dans la gamme notamment l’intégré 4, push-pull à tube KT150 de 65 W, et 4 Mk2 de 75 W grâce à un PP de KT170, doté d’un affichage OLED. Lab12 fabrique également l’ampli casque à tube HPA OTL, et le réputé distributeur secteur Gordian à écran OLED. Le phono Melto2 possède un petit frère Melto1, sans écran mais plus abordable. La marque grecque montre de l’originalité et de la variété dans ses créations, entièrement réalisées à la main, sobres mais axées totalement sur la pureté sonore, à des tarifs raisonnables.

Les informations de réglage s’affichent sur l’écran OLED : correction RIAA, haut gain, MC, Stéréo, charge 25 ohms, capacité minimale (LoCap).

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Correction passive à tube

Le circuit adopte en entrée de la section MC un transformateur élévateur Lundahl LL9226, à trois rapports de transformation différents, choisi après de nombreux tests pour son faible niveau de bruit et ses qualités sonores. Suivent les corrections RIAA, Columbia ou Decca, de type passives, qui se situent juste entre le premier étage à tubes et le driver final.

Les tubes utilisés sont les doubles triodes à gain moyen E88CC (6922) et 6n2p-EV, équivalent russe du 12AX7, dans un montage utilisant deux cathodes followers sans contre-réaction, où le signal ne passe que par des composants passifs et des tubes. Les capacités de liaison à film polypropylène métallisé (MKP) sont réalisées sur mesure par l’un des plus grands fabricants mondiaux, choisis après de nombreuses écoutes comparatives.

Enfin, il adopte le câblage de masse Lab12 dit SRSG (Separate Rails Separate Ground), qui consiste à utiliser des chemins strictement différents pour la mise à la terre du signal et celle du courant d’alimentation de chaque canal. Cela procure une excellente séparation des canaux et un niveau de bruit de fond étonnamment bas, critère sensible pour un étage phono à tubes. D’autant que l’alimentation est généreusement dimensionnée, à base d’un transformateur torique, suivi d’une self de lissage de la haute tension (10H - 70 mA) et de multiples filtrages et régulations, pour un silence optimal.

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La qualité sans ostentation

Sur la façade aluminium épaisse de 5 mm, l’affichage OLED se remarque immédiatement. D’intensité réglable, c’est le centre névralgique du Melto2 car il affiche tous les réglages possibles. Ils sont accessibles par la molette de gauche, mais aussi par la télécommande, ce qui dans le cas d’un phono s’avère très pertinent.

En effet, la sélection de la bonne charge d’une cellule par un dip-switch, souvent placé à l’arrière ou au-dessous de l’appareil, n’est pas toujours aisée, la finesse exigée dans le bon choix final à l’oreille pouvant être gênée par les manipulations. Ici c’est facile, vous pouvez faire défiler de votre canapé tous les paramètres grâce à la télécommande : choix MM/MC, gain en MM (38 dB) et MC (58 dB ou 64 dB), impédance de charge sur 11 valeurs (25 ohms à 47K), capacitance MM : 100 pF, 200 pF, 300 pF ou Lo (MC), sortie Stéréo ou Mono.

La triple correction RIAA, Columbia et Decca est quasiment indispensable dans le cas des microsillons mono, où chaque éditeur avait sa propre courbe. En gros, la courbe Decca offre un gain plus élevé sur les hautes fréquences et plus faible dans les basses fréquences par rapport à la RIAA, et inversement pour la Columbia. Comme le Melto2 possède 3 entrées phono sur RCA dotées de leur propre borne de masse, son universalité est maximale, et rarissime à ce budget. Il offre même une sortie symétrique XLR, en plus de celle asymétrique sur RCA.

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Timbres : Le Melto2 évoque les grands étages phono à tube de l’âge d’or du vinyle, venant d’outre-Atlantique, lorsqu’il n’y avait que cette source disponible. Mais il possède sa personnalité bien à lui, faite à la fois d’une belle définition, d’un sens du détail poussé, tout en conservant toujours beaucoup de naturel, parant les nuances d’une douce lumière, grâce à sa richesse harmonique, mais sans coloration tube surajoutée.

Ici, pas de médium chaleureusement exagéré ou de grave ample et mou. Le Melto2 offre une superbe rigueur sur tous les registres, et une variété de timbre bien présente, dont un aigu absolument radieux, informatif et délicat. Il en résulte une sensation permanente de véracité, qui s’apprécie sur la voix et les instruments acoustiques, apanage des excellents étages à tubes qui affirment leur suprématie sur ce critère, surtout lorsqu’ils sont absolument silencieux, comme ici. Notre collection de vinyles s’enchaîne avec un plaisir renouvelé, ainsi que les microgrooves lus par une cellule mono, en ajustant les réglages de son canapé.

Dynamique : Une impression de liberté se manifeste sur les intensités sonores même infimes, donnant vie à chaque ligne rythmique. La dynamique n’est pas bridée par les méandres d’un montage trop compliqué ou contre-réactionné. Ici, la simplicité et la rigueur dans le choix des composants paient : le signal est parfaitement transmis, au gré des variations de micro- ou macrodynamique.

Le Lab12 n’est pas là pour épater la galerie, mais respecte au mieux ce qui est gravé dans le sillon, capté par une excellente cellule. D’ailleurs, la personnalité de la platine et de la cellule MC est parfaitement respectée, signe d’une transparence élevée. Ce phono magnifie les qualités des vinyles, les mettant en valeur avec respect. L’équilibre spectral est subtilement bien dosé, le grave s’intégrant harmonieusement, ferme et vigoureux quand c’est nécessaire. L’attaque des notes est vive comme l’éclair, sans laisser-aller, animant tous les genres musicaux avec aisance.

Scène sonore : L’image s’étale de façon réaliste, sans effet de grossissement ou d’aplatissement rencontrés parfois sur des phonos plus modestes. La restitution est respectée dans toutes ses dimensions, point fort encore d’un montage à tube bien conçu. Un je-ne-sais-quoi d’aération se fait sentir autour des musiciens, qui ne sont pas plombés sur leur siège, mais dont les instruments se déploient avec volume dans l’espace.

Par exemple, sur le superbe vinyle Anima Sacra du contre-ténor Jakub Józef Orliński, la voix incarnée s’installe avec élégance dans l’espace, de façon équilibrée, sans brillance excessive dans l’aigu, qui est au contraire fin, racé et détaillé, apportant de la légèreté. Les compétences en matière de vivacité et d’attaque du Melto2 servent l’inventivité et l’expression musicale de ce chanteur talentueux, que l’on apprécie sans entrave ni limitation du Melto2, décidément doué pour la nuance.

Rapport qualité/prix : C’est indiqué à l’arrière du Lab12 : fabriqué artisanalement en Europe, en l’occurrence en Grèce. On apprécie qu’un appareil de cette trempe puisse voir le jour, où tout est concentré sur la qualité de la réalisation, comme la finition anodisée par sablage, sans concession à un marketing coûteux.

À moins de 4000 euros, il est extrêmement bien placé sur le plan des qualités sonores, apanage des circuits à tubes bien conçus. Il possède en outre l’avantage rare d’une facilité unique dans ses réglages à distance, bien lisibles sur l’écran OLED, sans oublier ses trois entrées phono.

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Le concepteur Stratos Vichos a pour vocation de reproduire un son naturel et réaliste, sans fatigue, même après de nombreuses heures d’écoute. Le Melto2 répond à cette attente avec brio, sans esbroufe inutile, mais en respectant méticuleusement les précieuses informations gravées dans le sillon.

Il sera un fidèle compagnon, respectueux de la musique, complet et facile à utiliser. Cela fait déjà beaucoup, mais en plus, il est musicalement très attachant, au service d’un vrai réalisme musical.