C-Dur comme « ut majeur » en allemand : l’ascendance avec la musique de ces appareils de précision, conçus par Jozefina Lichtennegger, la conceptrice autrichienne, ne fait guère de doute. En témoigne cette magnifique platine, réalisée sans concession par notre experte et qui, pour l’occasion, ne recule pas devant l’usage du béton…
Certes, ces platines venues d’Autriche sont belles, racées, ne rechignant pas à l’usage des matières précieuses, qui peuvent parfois concourir à l’excellence de la sonorité, comme nous l’ont appris certains accessoires venus d’Asie, utilisant le marbre, les métaux ou les bois précieux et bien d’autres choses. Pour la lecture analogique, ce sont les multiples vibrations parasites qui doivent être éliminées, celles qui perturbent le plateau lui-même en raison du moteur, et qui agissent également sur le bras et bien entendu sur la cellule lectrice en dernier ressort. En l’espèce, ces platines bénéficient d’un soin quasi horloger dans l’infinie précision accordée aux pièces mécaniques. Le prix de ces modèles, toujours très étudiés, s’étend d’environ 1500 euros pour le plus accessible, à 16000 euros pour la platine la plus ambitieuse, avec toujours le désir de conjuguer l’accessibilité à la meilleure qualité possible. Dernière née de la marque E.A.T (Europe Audio Team), la C-Dur s’inspire du haut de gamme de la marque autrichienne – Forte ou Fortissimo – dans une version plus compacte et plus abordable. Livrée en général avec une cellule, de marque E.A.T également, l’importateur a préféré la mise en place du modèle Roksan Shiraz.
Refusant les bases légères pour des raisons évidentes, cette série limitée a opté pour un soubassement en béton fort lourd, avec pour corollaire les mérites que l’on sait. L’usage pour ce matériau singulier a d’ailleurs connu une période faste, à l’époque de la « haute-fidélité ésotérique », tant pour les différents supports où reposaient les appareils que pour les enceintes elles-mêmes réalisées par des passionnés. Cela afin de résoudre de façon radicale les questions relatives aux multi-vibrations occasionnées par les résonances provenant du sol lui-même, en rapport direct avec les enceintes et, bien entendu, du moteur, s’agissant d’une platine vinyle. Le plateau de 5,2 kg est entraîné par un contre-plateau de 0,9 kg dans des conditions optimales. Quant au bloc de roulement massif de 1,8 kg, il utilise un axe en acier inoxydable doté d’une bille en céramique, associé à une plaque en téflon.
Le C-Note de 10 pouces comporte un tube de carbone rigide de faible masse et une coquille en aluminium réunissant rigidité et faible masse. S’ajoute, à l’intérieur du bras, une graisse spéciale à base de silicone afin d’amortir, une fois de plus, les résonances du bras. C’est un câble semi-symétrique DIN 5 broches qui assure la transmission du signal. Le moteur à très faible bruit prend place dans un panneau en acier spécifique. Le bloc d’alimentation se trouve à l’extérieur.
Timbres : La base sonore a, en effet, l’assurance, la fermeté du roc, – le béton ? –, cela dit sans aucune nuance négative bien au contraire. Car l’ensemble des différents paramètres musicaux semble s’établir avec une certitude réellement plaisante. Dit autrement, cette qualité fondamentale s’agrège à tous les aspects de l’écoute. Car les timbres denses, fort bien caractérisés, profitent de cette réelle plus-value, d’autant qu’il est surprenant de constater à quel point une cellule de quelques grammes, équipée d’une pointe de lecture aussi fragile, si légèrement placée sur le microsillon de surcroît, est en mesure de restituer une image sonore aussi assurée, aussi franche. Il semble probable que l’usage du béton participe très largement à cette magnifique réussite, là où une extrême stabilité se conjugue à une image sonore remarquablement scrutée. L’équilibre spectral, à l’exclusion de toute résonance parasite, profite lui aussi très largement de cet apport : grave dégraissé, sans surenchère dans le bas-médium mais incroyablement « solide », médium limpide et vivant, à l’image de l’aigu.
Dynamique : Les qualités relevées plus haut s’appliquent bien entendu à la dynamique, vive et réactive comme il se doit, mais toujours imprégnée de cette autorité, bref d’une forme d’infaillibilité vraiment surprenante. La tenue, le suivi d’un crescendo étonne de ce point de vue, mené avec un réel sens musical, du début à la fin. Cette absence totale ou quasi totale de vibrations parasites profite par nature à la pureté du discours musical ; elle exploite ainsi très avantageusement la subtilité des nuances qui s’expriment avec une étrange pureté sublimée. La beauté des voix se manifeste jusqu’à leur plus infime vibrato. On semble concilier avec succès l’exactitude parfois un peu « objective » de la lecture numérique au charme, à la charge quasi spirituelle du monde analogique. La force qui se dégage d’un fortissimo d’orchestre peut avoir quelque chose de vraiment captivant.
Scène sonore : Immense succès là encore, car les qualités énoncées plus haut profitent, comme il se doit, à la réalisation d’une image stéréo large, ouverte, profonde et magnifiquement aérée. Tout s’accomplit, en effet, avec une évidence assez réjouissante, cela avec une extrême clarté, un sens du relief magistral, mais sans que nous ressentions une impression de brillance un peu lassante. On peut évoquer dans certains cas une scène stéréo en trois dimensions, une faculté qui peut être offerte par la stéréo la plus accomplie. C’est le cas avec cette platine de grand talent qui nous donne à entendre des aspects du vinyle qui ne cessent de nous surprendre, comme si la lecture analogique, avantagée par une résolution au fond quasiment infinie, dissimulait des trésors le plus souvent enfouis. Les nouvelles platines, les nouvelles cellules apportent de ce point de vue quelques subtiles plus-values.
Rapport qualité/prix : Un peu plus de 11000 euros pour cette merveille, cela reste sans nul doute très équitable. Car pour à peine plus de 10000 euros, ce modèle somme toute assez spécial – l’usage du béton – nous gratifie de bon nombre d’aspects qui appartiennent en général à des modèles beaucoup plus coûteux. Le choix de la cellule Roksan Shiraz nous a semblé très judicieux. Mais rien ne pourrait empêcher l’écoute de la même platine munie d’une cellule de la marque E.A.T ; à moins que la Roksan soit en concordance quasi magique avec la Concrète, ce qui est possible…
Une réussite véritable avec cette platine, à la fois atypique et pourtant d’un aspect visuel « classique », qui ne transforme pas notre salon en lieu d’expérimentation plus ou moins hasardeux, mené par le parfois très ésotérique Professeur Tournesol… Non, ici, tout s’agrège à l’élégance des lignes, à la sobriété. Mais, quoi qu’il en soit, l’important reste toujours l’écoute, assurément de premier ordre, rehaussée par cette étrange stabilité vraiment inconditionnelle et qui ouvre la voie à un ensemble de qualités que l’on retrouve assez rarement sur les platines vinyles, sinon à des prix beaucoup plus élevés.
Timbre
8
Dynamique
8
Scène sonore
8
Qualité / prix
8
Plaisir musical
Facilité d'utilisation
Qualité de fabrication
avec bras, capot et palet presseur,
Dimensions: 496 x 170 x 396 mm,
Poids: 32 kg,
Bras: C-Note,
Vitesse nominale: 33/45 tours,
Rapport signal/bruit: -70dB,
Plage de force d’appui: 0 à 30 mN,
Contrepoids fourni pour cellule de 5 à 13 g,
Masse effective du bras: 16,5 g,
Cellule: Roksan Shiraz,
Principe: bobine mobile,
Cantilever: tube en aluminium,
Impédance: 24 ohms,
Séparation des canaux: 30 dB,
Tension de sortie: 1,05 mV à 5 cm/s,
Réponse en fréquence: 15 Hz à 30 kHz