Dans la ligne de produits Ångstrom, l’amplification à tube tient la place principale en haut de gamme: Masterpiece Series, push-pull en mode triode de 180 W et 300 W, en montage Circlotron, et la série Stella, comme le SIA100 de 100 W, sextuple push-pull d’EL34 en classe A, doté d’un commutateur pouvant réduire sa puissance de 50%.
Le Zenith ZIA100 reprend les tubes en entrée, 4 x ECC81 JJ pour le gain en tension, 4 x ECC82 JJ pour le pilotage des Mosfet de sortie, en pure classe A, dans une configuration Circlotron symétrique. On comprend vite que ce n’est pas un produit comme les autres, jouant sur la fibre vintage, avec ses gros afficheurs au look professionnel, gradués jusqu’à 100 W/0 dB.
Bien qu’artisanale, la finition est vraiment de haut niveau, dont les flancs en bois verni brillant qui rehaussent l’ensemble avec goût. La façade aluminium de 9mm, le châssis en acier, le laquage et la peinture sont parfaitement réalisés. Quatre commandes en aluminium, finement gravées, activent les fonctions. L’une est pour réglage séparé du gain, ce qui permet d’adapter le volume selon le niveau de tension de la source, pour choisir la plage la plus favorable.
Les étages de préamplification du Zenith ont d’ailleurs un gain généreux pour faire face à tous les niveaux d’entrée. La commande à droite pilote le volume, celle en bas à gauche désactive les vumètres, et celle de droite commute les entrées ligne: 2 asymétriques et 3 symétriques. À l’arrière de ce beau bébé de 455 x 150 x 415mm, pesant ses 33kg, un commutateur déconnecte ou non la terre.
Il faudra de l’espace pour le laisser respirer, car il chauffe beaucoup à cause de la classe A qui, comme chacun sait, dégage beaucoup de chaleur vu que les transistors débitent leur courant constamment. Le circuit d’entrée différentiel est dérivé de la série haut de gamme Stella, composé intégralement de 8 tubes où le signal traverse très peu de composants, pour éviter toute dégradation.
L’étage de sortie emploie un push-pull de Mosfet latéral de qualité audio pour une meilleure linéarité, en minimisant l’utilisation de la rétroaction négative. Les transistors de sortie sont dans une configuration originale Circlotron, qui n’est pas récente car datant des années 1950, appliquée alors sur des montages à tube avec transformateurs de sortie, puis sans (OTL). Elle met en œuvre un pont cathodique symétrique pour l’étage de sortie, avec une contre-réaction locale.
Chaque Mosfet possède sa propre alimentation séparée afin d’obtenir des performances maximales. Les trois transformateurs sont fabriqués selon spécifications par un fabricant spécialisé en Italie: un pour chaque Mosfet, un autre de 10 A pour le montage Circlotron symétrique, et le dernier pour la haute tension, filaments et tensions annexes.
À l’intérieur, c’est superbe: le circuit imprimé démontre un savoir-faire unique, aux larges pistes dorées et large plan de masse, hérité des précédents montages câblés exceptionnels d’Ångstrom. Il est conforme aux normes les plus sévères, pour une approche sans compromis. Tout est entièrement assemblé à la main et rigoureusement testé.
Chose unique, quasiment jamais vu sur les électroniques actuelles, les résistances sont enfichées dans un support spécial, sans soudure. Concernant les composants, la marque s’attache à choisir ce qui est disponible auprès de producteurs renommés sans faire de compromis sur la qualité, mais en évitant ceux ésotériques qui n’apportent rien à l’écoute.
Les montages hybrides ont beaucoup d’avantages, surtout quand les tubes sont utilisés en entrée pour le gain en tension, et les transistors en sortie pour fournir du courant, ce qu’ils savent bien faire, délivrant plus de puissance avec moins de chaleur.
Mais surtout, l’avantage à l’écoute est énorme car les qualités des tubes, surtout des triodes, sont bénéfiques pour les timbres, la richesse des détails, le caractère alerte sur les petits signaux avec une sensation d’aération, et non de son mat sans vie, à condition qu’ils soient bien mis en œuvre comme ici, exempt de tout bruit.
Le Zenith est donc à la fois un mélange de matière, «anti-électronique», capable de faire ressentir la chair et le souffle des musiciens, mais surtout leur intention musicale, et toute la beauté qui s’en dégage. L’émotion se transmet sans être brouillée par des artifices inutiles, et sans brusquer la musique qui conserve son cours naturel.
On apprécie un grave qui descend très bas, profondément, soutenant un médium-aigu somptueux, à la palette digne d’un impressionniste, par la richesse des nuances exprimées.
Une force tranquille et imperturbable est délivrée, malgré les 50W sur le papier, contredits par l’intensité et la vie qui se dégagent en permanence, comme sur le trio de Mirabassi en Live at Tokyo, où l’énergie de Leon Parker aux percussions s’exprime à merveille, au service de son inventivité, et la contrebasse de Renzi se dévoile dans une présence confondante, rarement aussi nuancée dans sa texture boisée et souple.
Le ZIA100 est capable de bouger des enceintes même au rendement modéré, grâce au courant qu’il fournit en permanence, certainement grâce à son montage Circlotron puissamment alimenté.
Sur l’album de Patricia Barber Verse, morceau «I Could Eat Your Words», la voix chaleureuse et incarnée séduit, le grave descend incroyablement bas, et surtout le timing est respecté, comme prenant son temps dans ce tempo langoureux, transpercé de la trompette éclatante de Dave Douglas lançant un solo, superbe.
L’Ångstrom restitue à merveille les atmosphères des prises de son, leur dimension et la respiration musicale qui s’en dégage.
Cette faculté d’aération entre les instruments, d’espace de la scène sonore et de sa dimension bien respectée, même en hauteur, se ressent sur les prises de son naturelles comme celle d’Astrée, Il Cancionero de la Colombina (xVe s.), Chansonnier au temps de Christophe Colomb, par l’ensemble Hespèrion xx dirigé par Jordi Savall, qui est une pure merveille de subtilité sur le ZIA100.
Les chœurs sont idéalement positionnés, un peu en arrière dans la collégiale romane du château de Cardona (Catalogne), dont l’atmosphère doucement réverbérante baigne l’enregistrement d’une lumière particulière.
La diversité et la richesse des instruments anciens sont un régal de sonorités singulières, comme la mandoline, la viole de gambe, les petites percussions, ou les cordes en boyau, ainsi que les tessitures féminines bien différenciées.
Mais surtout la cohérence d’ensemble n’est jamais prise en défaut, par l’expression d’une vérité harmonique et spatiale jamais entravée, mais au contraire bien matérialisée.
Timbre
8
Dynamique
8
Scène sonore
8
Qualité / prix
7
Plaisir musical
Facilité d'utilisation
Qualité de fabrication
Finition: argent ou noir,
Télécommande aluminium,
Dimensions (L x H x P): 455 x 150 x 415mm,
Poids: 33kg,
Puissance: 2 x 50W (100W sur 4 ohms),
Entrée tube: 4 x ECC81, 4 x ECC82,
Sortie: Mosfet classe A, Circlotron, 8 alimentations séparées,
Bande passante: 20Hz - 100kHz,
THD: 0,08 (1W - 1kHz),
Entrées: 3 x XLR, 2 x RCA