Préamplificateur

Aesthetix Metis et Atlas Eclipse : Quête absolutiste

Sunday, July 20, 2025
Aesthetix Metis et Atlas Eclipse : Quête absolutiste
Entre nos lignes, maintenant :  
Aesthetix Metis et Atlas Eclipse : Quête absolutiste

Introduction

Quête absolutiste

Dans un précédent numéro, nous faisions mention du remarquable intégré Mimas, «entrée de gamme» de cette étonnante marque américaine et œuvre de Jim White. Ce modèle préludait à ce qui est devenu aujourd’hui un total achèvement à la fois sonore et musical, fruit d’une sublime conjugaison entre la magie du tube et la rigueur du transistor.

Anodisée noir ou argent, la présentation de ces appareils ne peut laisser indifférent, mélange habile qui semble naître d’une beauté profonde, d’un sens «esthétique» aigu, qui semble puiser dans le beau musical.

PREAMPLIFICATEUR D’EXCEPTION

Ce modèle très haut de gamme appartient donc à la série Metis, qui fait usage d’une technologie propriétaire, conçue à partir de modules de couplages ACM, en lieu et place des condensateurs de couplage traditionnels. Un véritable accomplissement pour Jim White, fondateur d’Aesthetix.

Ce dernier a toujours voulu repousser les limites des condensateurs, très déterminant dans la qualité sonore ; il semble y être parvenu… en les supprimant purement et simplement. Ces fameux ACM, des modules surprenants – un par canal – placés entre les étages de gain et de sortie, génèrent une impédance de sortie, constante sur l’ensemble de la fréquence audio, sans les inconvénients d’une sortie sujette à des variations d’impédance soudaines, produite par les condensateurs. Cela a l’avantage d’une scène sonore plus stable et plus profonde.

ALIMENTATION SEPAREE «INVISIBLE»

Autre aspect non négligeable, l’alimentation interne, découplée physiquement du châssis principal, logé dans un «noyau» interne suspendu, à la faveur d’une alimentation séparée proprement dite, mais de façon invisible. On retrouve les avantages d’une alimentation externe, mais sans les inconvénients d’un châssis supplémentaire et encombrant. L’étage ligne emploie 4 tubes (2 par canal) dans une configuration double mono, entièrement symétrique, sans contre-réaction, le tout associé à un contrôle de volume par atténuateur à résistances commutées discret. Les entrées opèrent toutes en symétrique, soit en XLR, soit en RCA, sous la forme d’une symétrisation interne. On pourra bénéficier de l’entrée directe qui contourne l’ensemble des filtres et commutation pour une pureté sonore accrue.

BLOCS MONO DIFFERENTIELS SANS CONTRE-REACTION

Entièrement symétriques, ces deux blocs mono recourent à un étage de gain doté d’un tube 6SN7 par canal, capable de fournir tout le gain en tension de l’amplificateur. Et puis, ce sont des condensateurs d’un nouveau genre qui sont utilisés pour cette version ultime, un modèle Stealthcap pour le premier étage, doté d’un matériau diélectrique et de résines composites de très haut niveau. Fait suite l’étage de sortie avec les dispositifs Super Matched Pair, qui éliminent les phénomènes de distorsion jusqu’à 40 dB. On profite également de la technologie Bus qui réduit l’impédance de l’alimentation pour un courant plus instantané. Autre aspect concernant l’alimentation : le transformateur et les selfs sont découplés du châssis, afin de réduire les vibrations mécaniques. Le câblage de l’alimentation, précisément, est de type audiophile à base de multiconducteurs. La construction du châssis est réalisée en aluminium.

Fabrication et écoute

ECOUTE

Timbres : Nous avons en mémoire les qualités déjà exceptionnelles du Mimas, chroniqué dans notre numéro 264. C’est toujours une musicalité d’un nouveau genre qui s’impose, et qui semble puiser dans l’intériorité de la musique elle-même, mais cette fois-ci de façon encore plus probante. En effet, cette étrange plus-value s’accompagne désormais d’une autorité, bref d’une maîtrise qui englobe tous les critères.

La très grande puissance disponible contribue sans nul doute à cette tenue incomparable, mais sans aucune conséquence sur le raffinement, sur la subtilité. Car si la restitution ne vise jamais un quelconque effet démonstratif, il faut reconnaître que les sortilèges déployés par les grands orchestres s’expriment avec une magnificence des plus captivante, comme si, une fois de plus, cela découlait d’une nécessité intérieure, autant dire de la réalité de l’interprétation elle-même tout simplement. C’est tout l’intérêt de cette musique reproduite en très haute fidélité : une éthique qui s’appuie avant tout sur une forme d’ascèse est pourtant tout à fait capable de splendeur.

Au-delà d’un équilibre spectral sans faille, du grave à l’aigu, en passant par un médium d’une grande richesse, les timbres sont fort bien caractérisés, et dénotent une densité exceptionnelle, en assignant aux instruments une incarnation qui fait trop souvent défaut. De ce point de vue, la tenue des notes impressionne réellement, avec toute leur fermeté, mais là encore avec cet aspect charnel, cette souplesse, pour ne pas dire ce sens du moelleux qui, déjà, faisait le prix du «petit» Mimas. Tour de force là encore, avec cette façon unique de conjuguer cet aspect, à vrai dire fort rare, à une incroyable omnipotence sonore.

Dynamique : Autre aspect majeur, la rapidité, l’urgence dont est capable cet appareil, peut-être encore supérieures à celles offertes par le Mimas. Car si ce dernier excellait avant tout par son aptitude à traduire au mieux la flexibilité et, bien entendu le phrasé, « la puissance intelligente» apparemment infinie du dernier venu est un atout considérable pour qui veut traduire le volume tout en expressivité d’un grand orchestre. Et là, il faut bien le dire, cet ensemble excelle en la matière. Car cette fois-ci, c’est le volume, la puissance, l’impact qui s’expriment de façon charnelle, vivante, pour notre plus grand plaisir. Tout cela concourt à un réalisme troublant, à une intelligibilité et au fond à un sentiment de présence musicale encore supérieure. De plus, l’écoute n’engendre aucune fatigue auditive sur la durée.

L’alliage pour le moins talentueux du tube et du semi-conducteur fait ici une fois de plus merveille. Nombre de marques italiennes font traditionnellement usage de cette technologie hybride mais, il faut le reconnaître, avec un talent moindre. On vantera également les mérites d’une restitution qui respecte admirablement l’ambitus dynamique propre à chaque texture instrumentale, propre à chaque formation.

En sorte que le clavecin conserve sa délicatesse naturelle, digne d’un petit ampli à tubes du meilleur cru, la voix humaine, sa finesse de texture également.

Scène sonore : Cet achèvement sonore et musical très sûr concourt à la réussite d’une image stéréo naturelle, évidente, qui s’organise comme pour le Mimas autour d’un «noyau» central, très proche, dans l’esprit des sensations que l’on peut percevoir au concert : quelque chose de dense et de stable qui prend forme avec beaucoup de relief, mais sans quête holographique ouvertement démonstrative. Et pourtant la perception d’une troisième dimension s’opère sans effort, de façon très persuasive, et, d’une certaine manière, plus convaincante que les desiderata holographiques parfois un rien artificiels.

Rappelons que cette dernière formule, certes plaisante pour bon nombre d’entre nous, ne correspond pas totalement à la réalité. Dans le cas présent en revanche, la scène sonore semble «organiquement liée», un peu à la façon d’un corps vivant. Ainsi, le sens des échelles sonores est tout à fait remarquable : la voix humaine, menue par nature, n’envahit jamais la scène virtuelle, alors que l’orchestre au grand complet s’impose avec une majesté, un faste qui se rapproche du réel. Du grand art.

Rapport qualité/prix : Un prix élevé certes pour cet ensemble d’exception qui devrait tenir tête aux électroniques les plus réputées et les plus prestigieuses du moment. Il en existe même de beaucoup plus coûteuses parmi cette dizaine, cette quinzaine de marques mondiales du plus haut niveau. Mais il est certain qu’un test comparatif rudement mené confirmerait s’il était besoin l’excellent rapport qualité/prix de ces appareils.

Verdict

Coup de foudre assurément qui repose sur un sentiment d’absolue réussite «en profondeur», à la faveur de cette fameuse «troisième voie» comme nous la nommions en été dernier et qui consacre pour la première fois l’intérêt véritable de la technologie hybride. Cet ensemble dispense un plaisir particulier, inédit à sa façon, qui captivera sans nul doute les mélomanes audiophiles qui souhaitent retrouver certaines impressions sonores et musicales qui appartiennent désormais au passé et qui, avouons-le, n’ont pas été remplacées, pourrait être sans prix.

Timbre

8

Dynamique

8

Scène sonore

8

Qualité / prix

8

Plaisir musical

Facilité d'utilisation

Qualité de fabrication

Fiche technique

Prix :
34850
euros
Origine :
Etats-unis

Préampli Metis

  • Prix indicatif : 34850 euros
  • Dimensions : 452 x 154 x 470 mm
  • Poids : 19 kg
  • Impédance de sortie :
    • Single Ended 1 Kohms
    • Symétrique 300 ohms
  • Tubes :
    • 1 x E83CCS par canal
    • 1 x 6922 par canal
  • Entrées :
    • 5 entrées ligne analogiques (XLR et RCA)
    • 1 entrée tape
  • Entrée/sortie Trigger

Ampli Atlas Eclipse

  • Prix indicatif : de 36900 euros à 42400 euros selon finition
  • Dimensions : 454 x 191 x 457 mm
  • Poids : 28,12 kg chacun
  • Type : principe hybride
  • Puissance :
    • 300 W sous 8 ohms
    • 550 W sous 4 ohms
  • Impédance d’entrée :
    • 470 Kohms asymétrique ou symétrique
  • Réponse en fréquence : 4 Hz à 150 kHz
  • Sensibilité d’entrée : 3,1 V RMS pour 300 W sous 8 ohms
  • Entrées :
    • 2 RCA et XLR pour entrée Direct Input et entrée Crossover Input
    • entrée Trigger

Haute Fidélité N°266
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