Luxman L-595 A SE : Artisanat d'art en édition limitée

D’emblée, l’aspect impose le respect, mélange de rétro-chic, agrémenté d’une touche de modernité années 70-80. Plus subtilement, on sera sensible au bouton de volume pourvu d’un lamage audacieux, très agréable au toucher, avec pour but d’améliorer la précision du réglage. Car Luxman semble revendiquer dans les moindres détails cette perception délicate et sensuelle qui prend ses racines dans l’univers analogique, tout à fait en adéquation avec les qualités subjectives de ce modèle.

Parmi les fonctionnalités du L-595 A SE, on notera la présence louable de l’entrée phono commutable MM/MC. Car, sans aucun doute, l’écoute analogique semble devoir s’ajouter les contrôles de tonalité, parfois utiles, et, plus surprenant, le double bornier HP qui se destine à deux paires d’enceintes en écoute simultanée : borniers A+B pour des enceintes s’étendant de 8 à 16 ohms, bornier A ou B pour des modèles de 4 à 16 ohms.

Et pourtant, cet esthétique agréablement datée cache une technologie de haut vol, puisqu’elle intègre le meilleur des acquis de la marque, comme le circuit de rétroaction ODNF-u dernière mouture, qui offre l’avantage d’un taux de balayage particulièrement élevé. S’ajoute à cela un circuit de détection d’erreur très performant.

Concernant le contrôle du volume, c’est une nouvelle commande électronique à 88 niveaux qui a été mise à contribution. Il s’agit de l’atténuateur LECUA 1000 qui réduit grandement la détérioration de la qualité sonore à bas niveau. D’autre part, un tampon discret augmente la force motrice du circuit de pré-amplification.

Le blindage en acier plaqué de cuivre protège le cheminement des signaux contre les pollutions externes. Enfin, aspect non négligeable et qui mérite d’être souligné, les borniers RCA en alliage de cuivre conjuguent l’excellente conductivité du cuivre, précisément, à la dureté du laiton.

Le L-595 A SE emploie, en effet, la pure Classe A, afin d’éliminer la distorsion de croisement au cours de l’amplification. Les étages de sortie sont configurés en mode push-pull triple parallèle, à l’aide de transistors Darlington, pour une amélioration du rapport signal/bruit. Ce principe contribue également à abaisser certaines distorsions qui siègent dans les hautes fréquences.

La partie alimentation utilise un gros transformateur, savamment régulé à l’aide de condensateurs de filtrage indépendants à haute capacité, capables de délivrer une puissance instantanée d’une grande stabilité. Les étages de sortie sont également équipés de relais à faible résistance, afin d’obtenir une très faible impédance à proximité des borniers HP.

Le coffret repose sur des «shocks absorber» de très haut niveau qui amortissent efficacement les vibrations parasites. Enfin, puisque Luxman ne néglige aucun détail en vue d’une écoute subjective améliorée, les circuits imprimés sont enrichis sur les points stratégiques d’un revêtement plaqué or.

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Timbres

D’emblée on est saisi par l’étonnante richesse harmonique que dispense cet appareil, une perception qui tranche en vérité avec les écoutes habituelles, préoccupées par les critères de prétendue « haute-fidélité ».

Avec Le L-595A SE, l’approche diffère, tant on se rapproche davantage du spectre de la réalité instrumentale. Ainsi, la sonorité tout à fait spécifique des Wiener Philharmoniker s’impose de façon frappante, avec cette image sonore majestueuse mais toujours vive et lumineuse et peut-être même légèrement dorée. Avec le Luxman, cela devient tangible, pour notre plus grand plaisir.

Cette reconnaissance d’un son noble et au fond d’une grande justesse d’esprit s’appuie sans aucun doute sur une mise en perspective à la fois esthétique et culturelle – l’essence de notre métier en vérité. Mais elle montre aussi à quel point nos ingénieurs japonais semblent à la recherche d’une forme de vérité qui prend sans aucun doute racine dans des écoutes attentives, sinon obsessionnelles, menées dans la salle de concert elle-même.

Cette étrange plus-value qui s’apparente à une traversée du miroir valorise avant tout la qualité des timbres, empreints tout à coup d’un réalisme supérieur. Tout cela devrait atteindre des miracles dans le cadre d’une restitution analogique. À dire vrai, certains raffinements comme le revêtement plaqué or de certains points du circuit imprimé participent de façon certaine à cette merveilleuse réussite.

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Dynamique

La dynamique des belles s’articule sur les qualités énoncées plus haut. Certes la puissance relativement modeste de ce bijou le réserve à des enceintes de très belle facture et d’un rendement égal ou supérieur à 90 dB, elles-mêmes, si possible, à la recherche de cette même vérité. Convenons qu’elles ne sont pas légion…

Quoi qu’il en soit, ce cadrage sonore et musical sert, par nature, la cause d’une dynamique des plus expressives, éloquente en diable, totalement au service des interprétations. Du reste, nos généreuses PMC n’ont, semble-t-il, éprouvé aucun manque en matière de puissance disponible.

En dispensant aux Wiener Philharmoniker une carrure, une assise tout à fait remarquable, le Luxman pourrait peut-être damer le pion en matière de réalisme à des électroniques affichant une puissance supérieure.

Et puis, dans notre enregistrement signé Carlos Mena (Mirare), les sonorités baroques atteignent de réelles saveurs, dans le traitement souverain de la moindre nuance dynamique ; avec de surcroît une conduite du discours musical qui, sur la durée, force l’admiration. Une forme d’art, assurément.