Harbeth Monitor 30.2 XD

Fabrication/Écoute

L’histoire du transducteur Radial a souvent été abordée lors de nos bancs d’essai sur Harbeth, mais sachez que ce 20cm Radial2 est le même qui équipe dans le médium la grande Monitor 40.3 XD, comme la Super HL5 XD et la C7-ES3 XD. C’est dire la responsabilité qu’il a sur les épaules!

Fierté de la marque, sa membrane RADIAL (pour Research And Development In Advanced Loudspeakers) est en polymère composite injecté à chaud sous forme de liquide dans un moule pour obtenir le cône, procédé coûteux et délicat à réaliser. Il est hérité des recherches du fondateur Dudley Harwood à la tête du département R&D de la BBC, qui chercha de nouveaux matériaux synthétiques comme le Bextrène équipant les plus célèbres monitors anglais, dont la LS3/5A.

Protégé par une fine grille, le tweeter norvégien à dôme de 25mm est un SEAS Excel, doté d’une bobine refroidie au ferrofluide. La caisse bass-reflex à évent frontal utilise les principes immuables de construction hérités de la BBC, pour qu’elle reste vivante et non morte, par la faible épaisseur des parois à l’amortissement bien dosé. Les faces avant et arrière sont rapportées et fixées par des vis sur un cadre.

Le filtrage de toute cette série HD a été peaufiné par Alan Shaw à la mesure, et surtout à l’écoute, pour obtenir cet équilibre presque miraculeux entre tous les paramètres. La liaison se fait par un bornier simple WBT argenté de 4mm, siglé Harbeth.

‍

Timbres

Dignes descendantes de l’école monitoring anglaise de la grande époque BBC, les M30.2 s’enorgueillissent d’un registre médium/aigu de très grande classe, voire unique. Écouter des instruments acoustiques et des voix est un ravissement, surtout en analogique, grâce à un équilibre des registres particulièrement réussi et cohérent.

Le grave est délié, présent quand il le faut, sans jamais trop en faire, mais il ne présente pas de manque flagrant, même si les lois de l’acoustique sont ce qu’elles sont. Il épaule à merveille un médium-aigu flamboyant, qui ne masque rien de toutes les subtiles informations contenues dans ce secteur, tout en prodiguant une touche de chaleur et un côté toujours humain et plein.

Le Stradivarius de Vengerov est racé, au sein de l’immense expressivité et plénitude du Berliner Philharmoniker dirigé par Claudio Abbado dans le Concerto pour violon de Glazounov. Quant à la voix d’Agnès Jaoui sur l’album Canta, elle est magnifique de modulation et de présence, la guitare qui l’accompagne offrant un grand naturel: c’est sensible et splendide.

Dynamique

Ne vous attendez pas à une écoute démonstrative, genre pour épater la galerie lors de comparaisons rapides. Les Harbeth ne se font jamais déborder et gardent le contrôle de la restitution, développer un message qui suit l’intensité dynamique avec souplesse, sans heurt ni agressivité.

Cela ne veut pas dire qu’elles sont molles ou éteintes, bien au contraire, mais simplement elles n’exagèrent jamais le trait, même pour reproduire un ensemble complexe qui restera plausible, malgré la taille réduite des enceintes, ce qui est une belle prouesse.

Sur des prises de son plus modernes et nerveuses, comme Francis Cabrel sur le titre «Corrida» par exemple, les attaques ne sont pas les plus foudroyantes que l’on connaisse, mais cela ne gêne en rien pour apprécier ce morceau, car la voix du chanteur timbre bien, et la richesse harmonique générale soutient une expression dynamique bien vivante.

Scène sonore

L’image sonore s’étale avec une belle ponctualité, mais en gardant toujours en ligne de mire le concert, sa cohérence globale et les ambiances des prises de son, ne cédant en rien à des effets hifiesques inutiles.

Les M30 privilégient la justesse dans l’étalement des pupitres, la bonne distance entre les interprètes, où les contrastes s’expriment de façon ordonnée. Leur taille réduite comme leur surface émissive sont favorables pour reproduire un orchestre philharmonique de façon crédible afin de le faire rentrer dans votre salon, du moins suffisamment pour y adhérer et profiter de la beauté de la musique.

La matière sonore qui en émane est à la fois juste, pleine de contrastes, présentant quand il le faut de beaux clairs-obscurs, parfois feutrée et coulée, sans déséquilibre tonal, avec un aigu très délicat. C’est un tout magnifiquement homogène.