Cette absolue nouveauté reprend certains principes de l’intouchable gamme Grandioso, pour un prix somme toute beaucoup plus accessible. À délecter…
La beauté de l’objet, son raffinement, son élégance séduisent de façon immédiate, la trappe centrale basculante également, qui donne accès aux fonctions essentielles : le menu général, le choix de la sortie, sans oublier l’accès direct aux deux sorties casque, dont celle en XLR, ce qui est rare.
À dire vrai, cette pure merveille constitue le premier élément d’une nouvelle gamme d’intégrés totalement repensée, et qui se révèle d’ores et déjà plus que prometteuse. D’autant que ce nouveau venu profite d’emblée, comme dit précédemment, des atouts de la série Grandioso proposée à plus de 50000 euros…
Ainsi, la partie pré-amplificatrice, réalisée en double mono, opère en mode symétrique, tandis que le procédé ES-Link assure un lien direct avec la section amplificatrice. Cette technologie propriétaire assure une transmission parfaite sans la moindre perte. Quant à « l’Ultra Fidelity Attenuator System », unique lui aussi, il permet un réglage du volume des plus subtils, grâce au module atténuateur UFA-1792, opérant par palier de 0,5 dB, parfaitement maîtrisé. S’ajoute à cela le contrôle de la tonalité à trois bandes distinctes pour un réglage personnalisé, en fonction de la source d’entrée sélectionnée. Notons qu’il est possible d’agir sur l’équilibre tonal, comme sur le contrôle de la balance, par palier de 0,1 dB.
Pour tout dire, la partie amplificatrice s’inspire donc, pour notre plus grand plaisir, du circuit des modèles Grandioso S1X et M1X. C’est, bien entendu, une configuration classe A qui a été retenue, opérant toujours en mode double mono symétrique, capable de fournir 30 W par canal sous 8 ohms. De la même façon, on a accordé la plus grande attention à l’alimentation. Car la taille de cette dernière est cruciale ; elle détermine grandement les performances de l’ampli, sa capacité à réagir au fortissimo d’orchestre, sans que l’on ressente la moindre compression dynamique, notamment. Et puis, notre intégré fait usage d’une alimentation électrique double mono à nouveau, assortie d’un transformateur principal de 940 VA EI à grand noyau, fort musclé par conséquent. S’ajoute à cela des dissipateurs thermiques qui dispersent le pic de résonance, sans oublier des condensateurs maison, d’une capacité totale de 10000 µF. Bref, ce modèle a été conçu afin de rivaliser sans peine avec les couples préamplificateurs et amplificateurs séparés.
Timbres : Faute d’avoir été absolument séduit par des sources de cette même marque, entendues il y a maintenant une petite dizaine d’années, avouons que cette fois-ci le choc est total. L’image sonore d’antan – s’agissant de sources répétons-le – un rien aseptisée sans véritable enjeu dynamique, a cédé la place à une restitution vive, d’une absolue richesse de timbres et qui laisse se dérouler la musique avec une aisance vraiment confondante. On est surpris par cette faculté singulière à traduire les messages musicaux les plus complexes, les plus tendus, sans aucun phénomène de dureté, de crispation, de brouillage. Car tout semble singulièrement ordonné, stable, à sa place au fond, qu’il s’agisse d’un piano, d’un grand orchestre ou d’une formation de jazz, avec toujours cette impression de densité, de noyau que l’on perçoit aisément au concert, un peu à la façon d’un organe vivant disposant de son énergie propre. Une dimension qui fait défaut, lors de la plupart des écoutes courantes quelle que soit la valeur marchande des appareils mis en œuvre. La caractérisation des timbres instrumentaux se révèle donc vraiment de premier ordre, souverainement incarnée, qu’il s’agisse des cordes, d’une magnifique texture et même d’une souplesse admirable, comme il convient, cela, sans entamer la fermeté des percussions, des timbales notamment. Car tout semble, comme par miracle, débarrassé de cette sempiternelle sécheresse électronique – numérique ? – qui n’a que fort peu de rapport avec la réalité des instruments, tels qu’on peut les percevoir au concert. Cela vaut également pour la voix humaine, vraiment remarquable de grain, de texture, comme si un voile – ultime peut-être ? – qui nous séparait de la réalité avait disparu.
Dynamique : Les qualités énoncées plus haut profitent par nature à la crédibilité dynamique, qui combine avec un talent heureux l’énergie, l’élan naturel des interprétations, l’urgence toujours, sans la perception de la moindre crispation. En réalité, on semble avoir affaire à une restitution en haute définition qui ne nous prive à aucun moment d’un délié naturel, d’une clarté de l’image qui exclut par conséquent toute forme de fatigue auditive, bien au contraire… C’est davantage un sentiment de musique en train de se faire qui prédomine, à l’évidence pour notre plus grand plaisir. S’agissant d’un grand orchestre de haut vol (Berlin, Vienne, Amsterdam, Chicago…), l’impression de volume, de respiration sonore est saisissante, sans que l’on ressente la moindre contrainte, car quelque chose a vraiment lieu près de nous, avec l’éloquence et la force de persuasion du direct. Quoi de plus beau ?
Scène sonore : Cela pourrait être l’aspect le plus marquant de ce somptueux appareil : la scène stéréo, et cette faculté de nous livrer une image quasiment en trois dimensions, avec un respect des étagements en profondeur, de l’individualisation des sources émissives qui rivalisent haut la main auprès des plus belles expériences menées à partir du vinyle et des meilleures électroniques à tubes. Concernant les électroniques à semi-conducteurs, il n’y a guère que les modèles Constellation qui sont capables de distiller cette même prévalence, avec un équilibre tonal sensiblement différent, il est vrai. On retrouve donc cette présence magique d’un troisième canal, à peine illusoire qui semble maximiser la magie naturelle de la stéréo, que l’on perçoit au fond assez rarement : on a trop souvent la sensation de se situer à mi-chemin entre la mono et la stéréo… Mais pour l’heure, c’est un atout considérable qui devrait contribuer à « transcender » nos enregistrements, riches tout à coup d’une perspective différente, à condition de disposer d’enceintes à la hauteur…
Rapport qualité/prix : Pas donnée certes, mais cette pépite nous transporte vers un paradis sonore plus qu’enviable. Les 24000 euros annoncés nous offrent des mérites que l’on ne trouve guère qu’au-delà de 50000 euros. Alors ? Non, sérieusement, le rapport qualité est attractif, sans aucun doute, s’agissant d’un appareil d’une qualité de fabrication sans faille et qui nous semble capable de rivaliser avec les meilleurs intégrés du moment, sans considération de prix.
Coup de foudre assurément, avec ce merveilleux intégré qui permet d’envisager des progrès tangibles en matière de reproduction sonore. On s’éloigne ainsi des amplis à transistors traditionnels, devenus au fil du temps un rien convenus, avec cette stéréo tronquée et ces duretés de timbres récurrentes qui parasitent l’écoute. On se libère de ces spoliations qui ne parviennent pas à dispenser la pleine mesure des enregistrements.
Mais attention au choix des électroniques, des câbles également. Car avec cette poursuite ambitieuse du « fil droit avec du gain », l’Esoteric réclame le meilleur. À dire vrai, l’association avec la sublime Stenheim Alumine Two.Five, au fond du même acabit et d’une valeur marchande identique, frise le miracle, rien de moins.
Timbre
8
Dynamique
8
Scène sonore
8
Qualité / prix
8
Plaisir musical
Facilité d'utilisation
Qualité de fabrication
Classe : A
Puissance : 2 x 30 W / 8 ohms
Préamplification : entièrement symétrique, double mono
Atténuateur : UFA-1792 par pas de 0,5 dB
Contrôle tonal : 3 bandes indépendantes
Entrées casque : jack et XLR en façade
Transformateur : 940 VA à grand noyau
Condensateurs : maison, total de 10000 µF
Sorties casque : 2 (XLR & jack)