Cayin s’est fait connaître grâce à son célèbre modèle 500 sorti en 1999, utilisant le tube d’émission tétrode GU29, dont le succès a bâti la solide réputation de la marque chinoise. Ce sont des tétrodes KT88 qui cette fois sont montées sur le Jazz 80, possédant tout ce dont peut rêver un amateur d’amplificateur à tube, sans dépasser 2000 euros !
Cayin revient en force avec une gamme complète d’intégrés à tube, utilisant l’offre actuelle en lampes. Un ou plusieurs appareils sont dédiés aux pentodes EL84 et EL34, aux tétrodes KT88, KT150 et KT170, mais aussi aux triodes 805A, 300B et 845, en SE ou en PP. En haut de gamme, le flagship Cayin M-11LS + M-845D s’affiche à 30000 euros ! Tous ces appareils à tube sont mis au goût du jour par leur compatibilité avec les sources numériques actuelles, que ce soit USB ou Bluetooth comme sur le Jazz 80, et certains sont même dotés d’une entrée phono. Impossible de trouver ailleurs un choix aussi étendu en la matière, le Jazz 80 réunissant des solutions techniques avisées et de qualité, comme ses transformateurs de sortie qui ont fait la réputation de la marque.
Difficile de résister à la séduction qui se dégage de cet appareil, d’allure vintage par ses 8 tubes alignés et ses deux vumètres éclairés. Mais il est aussi moderne et bien fabriqué, comme le montrent la façade épaisse en aluminium ou les commandes du même métal. La peinture gris pailleté du solide châssis est très belle, recouvrant aussi la grille supérieure amovible qui protège des brûlures les tubes de puissance, dégageant beaucoup de chaleur. Sur la face avant se trouvent la prise casque jack 6,35 mm, le sélecteur de sources actionnant les 3 entrées Ligne sur RCA, et la réception sans fil Bluetooth 5.0 (codecs aptX, aptX HD et LDAC). Il est à noter la présence d’un DAC ESS ES9018K2M de haute qualité. À l’arrière, les borniers dorés traitent les impédances 4 et 8 ohms, compatibles bananes et fourches.
Venons-en à ce qui fait l’originalité du Jazz 80 qui, on le verra, aura une grande incidence à l’écoute : la possibilité grâce à un switch de fonctionner en mode Ultra Linéaire ou en mode Triode. Le procédé UL a été mis au point par l’ingénieur britannique Alan Blumlein en 1937, et popularisé par Acrosound, fondé en 1950 par David Hafler and Herb Keroes, qui a fabriqué les transformateurs de série TO légendaires.
Le réglage du bias individuel des KT88 est ici facile : basculer un switch pour chaque lampe, ajuster une R variable puis vérifier le bon réglage qui s’affiche sur un des vumètres. À noter que malgré ce bias réglable, il vaut mieux utiliser des tubes appairés pour mieux optimiser l’équilibrage du push-pull. Vérification faite, c’est parfaitement ajusté d’usine.
La tétrode KT88 (comme Kinkless Tetrode) a été créée par G.E.C en 1956, et fabriquée en UK par MOV (Marconi-Osram Valve), filiale de G.E.C, également étiquetée IEC/Mullard, et aux États-Unis Genalex Gold Lion. Une tétrode possède 4 éléments : cathode, grille de commande, grille-écran et plaque (plus le filament bien sûr).
Un réflecteur spécial interne dirige les faisceaux pour canaliser la circulation des électrons, ce qui augmente la puissance, d’où aussi le nom de beam tetrode (à faisceau dirigé). En mode Ultra Linéaire, la grille-écran est alimentée par deux prises intermédiaires à environ 40% sur le primaire du transfo de sortie, alors qu’en mode pentode, elle est alimentée via une tension continue séparée fournie par l’alimentation. Beaucoup d’amplis à tube sont en UL, car cela réduit la distorsion et l’impédance de sortie, simplifie le circuit tout en augmentant la puissance. En pseudo-triode, la grille-écran est connectée à l’anode via une résistance de limitation. L’avantage est que la courbe de transfert du tube est plus linéaire, et le dégradé harmonique plus régulier malgré une distorsion supérieure.
Le circuit est constitué d’un étage d’entrée à triode 12AX7 pour le gain en tension, suivie d’une 12AU7 pour le déphaseur de type Long Tail (Schmitt), attaquant les KT88 en push-pull. Le Jazz 80 fournit en UL 2 x 40 W sur 8 ohms, pour une large bande passante de 8 Hz à 60 kHz, et 2 x 20 W en mode triode.
À l’écoute du Cayin, on comprend mieux l’engouement toujours actuel des amateurs pour les amplificateurs à tube, qui se montrent supérieurs aux transistors sur bien des plans. En mode UL, le Jazz exprime beaucoup de générosité, et un chatoiement des timbres qui donne de l’éclat aux instruments, apportant une richesse harmonique plus rutilante comparé aux amplis à transistors de même gamme. C’est vivant, réjouissant, généreux, et le mode UL libère sa grande énergie, notamment dans le grave, où la puissance s’exprime avec vigueur malgré 40 W sur le papier, qui en évoquent plutôt 100 à l’écoute.
Lorsqu’on passe en triode, celle-ci diminue certes, mais à peine subjectivement, alors que ce mode procure encore plus de beauté, de richesse harmonique et de finesse. L’image sonore est aussi plus majestueuse et précise, la stature des artistes mieux ressentie, ainsi que le lieu de la prise de son et la présence du public sur les live. Dans ce mode, la tétrode perd son côté parfois trop éclatant pour être vrai, ce que les anciens appelaient le « pentode glare », l’éblouissement de la pentode, qui accentue un peu trop les détails et l’énergie.
En triode, la justesse tonale et le naturel sont incontestablement supérieurs dans le médium/aigu, gagnant un peu plus de douceur, alors que la dynamique, bien libérée sur le Jazz 80, est mieux répartie et contrôlée. De plus, les voix sont magnifiquement servies, comme celle d’Agnès Jaoui sur l’album Canta, chaude, charnelle, vraiment palpable, alors que la guitare est vraie, détaillée, aux harmoniques riches et subtils. Le trio Bill Evans dans Peri’s Scope, album Portrait in Jazz, est éblouissant de swing et de présence sur le Jazz 80, qui porte donc magnifiquement son nom.
Depuis sa naissance en 1993, Cayin s’est attaché à perpétuer avec un certain talent une technologie obsolète mais si séduisante, qu’elle a toujours défendue.
Avec le Jazz 80, le tube est toujours bien vivant, pour le plus grand plaisir d’un large public, vu son prix ultra-attractif. Le mode triode distille encore plus de beauté et de richesse harmonique, les 20W suffisant largement pour la plupart des enceintes à 88dB de rendement et plus.
Pour les autres, l’UL et ses 40W iront amplement, vu l’énergie déployée par le Jazz 80, qui se révèle comme étant une superbe réussite.
Timbre
Dynamique
Scène sonore
Qualité / prix
Plaisir musical
Facilité d'utilisation
Qualité de fabrication
Façade: noir ou argent,
Garantie: 2 ans,
Dimensions (L x H x P): 300 x 1907 x 385mm,
Poids: 17kg,
Tubes: 4 x KT88, 2 x 12AX7, 2 x 12AU7,
Mode triode ou UL,
Récepteur BT 5.0,
Réponse: de 8Hz à 60kHz,
Sortie casque 6,35mm,
Fabriqué à la main