Lajeune firme américaine Bricasti a créé un convertisseuraudionumérique de haut de gamme et atypique, le M1, en attendantd’autres maillons à venir dans le domaine de la haute-fidélité.
Cettenouvelle structure spécialisée dans la haute-fidélité et l’audioprofessionnel doit son patronyme aux trois premières lettres dechacun des deux prénoms de leurs fondateurs, Brian Zolner et CaseyDowdell. Les deux dernières lettres signifient « TechnicalInnovations ». Si Mister Dowdell s’est illustré dans laprogrammation de circuits DSP, son associé fut, pendant plusieursdécennies, le directeur des ventes internationales de la sociétéLexicon. À l’instar de cette firme, Bricasti fabrique, elle aussi,des réverbérations numériques (M7) qui rencontrent un énormesuccès auprès des ingénieurs du son.
Air de famille
L’esthétiquetrès réussie du Bricasti M1 rappelle un peu les Mark Levinson, enbeaucoup moins massif. Le châssis en aluminium, entièrement taillédans la masse, isole les différentes cartes électroniques au moyende compartiments fraisés dans le socle. Le large écran àcaractères rouges jouxte un encodeur naviguant dans les paramètres,que l’on valide en pressant « Enter », tels que le choix d’uneentrée numérique parmi quatre, ou sa sélection automatique. LeStatus commande l’affichage de l’entrée sélectionnée à lamise sous tension, de même que celui de la fréquenced’échantillonnage (de 32 à 192 kHz), mais aussi un compteurd’erreurs compensées des données numériques, la températureinterne en degrés Celsius et Fahrenheit, et l’inversion de phaseabsolue. On peut agir sur l’éclat de l’affichage et sonextinction automatique après vingt secondes. Le M1 offre aussi unepalette de neuf filtres à suréchantillonnage à phase linéaire etsix à rotation de phase minimale, laissés au goût de l’audiophile,suivant la fréquence d’échantillonnage entrante (en particulier44,1 kHz et 48 kHz dont les bandes passantes audio respectives selimitent à environ 20 kHz) et le style musical. Enfin, la dernièrefonction emploie l’encodeur en atténuateur, le convertisseurpouvant aussi faire office de préamplificateur à entréesnumériques : on peut le brancher directement sur un amplificateur depuissance, sachant que l’ajustement du niveau, du mute à 0 dB (pasd’atténuation) peut se voir calibré sur les sorties symétriques,de +8 dBm à +22 dBm au moyen d’une paire d’ajustables multitoursaccessibles via des trous éclairés (excusez du peu !) situés entrechaque couple XLR et RCA des sections analogiques.
Double mono !
LeM1 présente une structure en double mono, avec un convertisseur parcanal. Les seuls points communs aux deux canaux se limitent auxentrées : une AES, deux S/PDIF (une coaxiale RCA et une optique surToslink) et une USB compatible 192 kHz sous 24 bits. Le constructeurrecommande l’exploitation de sources à la fréquenced’échantillonnage d’origine, le M1 reconstituant le signal de lameilleure manière. Chaque carte de conversion dispose de sa proprealimentation linéaire équipée d’un transformateur torique, d’unredressement à diodes, et de régulations à transistors TIP120 etTIP125 pour l’alimentation symétrique ±15 V de l’audio, cettesection totalisant 11 000 µF de découplage total par canal, et unballast LM1086 pour les +5,5 V de la section numérique duconvertisseur. La carte d’entrée numérique dispose, d’unealimentation linéaire, basée sur le même principe.
Le synoptique d’entrée
Lesignal transite par les entrées, toutes dotées d’untransformateur d’isolation, à l’exception de l’optique, pourlaquelle cet ajout est inutile. Ensuite, un DSP Sharc (AnalogDevices) ADSP211369 gère les flots numériques au moyen d’unalgorithme propriétaire. Ce DSP 32 bits génère aussi lesdifférents filtres numériques, ainsi que l’affichage et lescommandes de façade, épaulé par un processeur Xilinx C95144XL.Mais surtout, il produit une base de temps de référence de trèshaute précision, via une technique développée par Bricasti, laDirect Digital Synthesis qui resynchronise les données dans le butd’éliminer le jitter. On se rend compte du travail remarquableaccompli pour la remise en forme de la synchronisation des signauxlorsqu’on branche, via l’USB, notre Mac serveur sur le Bricasti :la qualité de la source devient nettement moins cruciale, à ce quel’on ressent à l’écoute.
Des circuits de conversion performants
Les sorties de cette carte centrale alimentent deux circuits imprimés réalisés en Arlon, un substrat utilisé dans les télécommunications et l’avionique (et aussi chez Mark Levinson), en raison de ses qualités supérieures à l’habituelle fibre de verre. Les datas parviennent aux deux cartes de conversion, une pour chaque canal, réalisées en miroir. La paire de convertisseurs Analog Devices AD1955A prend aussi bien en charge des signaux SACD que PCM jusqu’à 192 kHz sous 24 bits. Ces puces de conversion intègrent aussi un réglage numérique de volume, pratique pour la fonction préamplificateur. Ce choix a été aussi dicté par le fait que l’AD1955A accepte le concours d’un filtrage numérique externe assuré par le DSP Sharc. Ils sont câblés en mode mono double différentiel, ce qui apporte un surcroît de dynamique et un meilleur rapport signal sur bruit. À quelques millimètres de chaque convertisseur, un circuit de mise en forme du signal de synchronisation, lié à l’horloge mère du DSP Sharc, leur garantit un jitter de seulement 6 picosecondes à 96 kHz. D’ordinaire, le jitter se mesure en nanosecondes, soit une gamme de valeurs mille fois supérieure (et donc beaucoup moins précise).
Une section analogique soignée
Les sorties différentielles de chaque convertisseur sont suivies par quatre simples amplificateurs opérationnels Analog Devices AD843 KN (version triée) réalisant la conversion courant/tension, grâce à leur vitesse de balayage de 250 V par microseconde. Ensuite, l’audio parvient à un groupe de quatre transistors pour la sortie asymétrique et huit pour la sortie symétrique, ce qui signifie que ces montages différentiels fonctionnent en simultané, rendant inutile toute commutation symétrique/asymétrique. Aucun condensateur n’est placé en série sur le signal, ce qui octroie une bande passante du Bricasti de 0 Hz à 96 kHz (pour une fréquence d’échantillonnage de 192 kHz) et une réponse en phase exemplaire.
