Légendes de la Hi-fi

LÉGENDE DE LA HAUTE FIDÉLITÉ : Nakamichi

Icône absolue de la hi-fi vintage, le Nakamichi 1000 incarne la perfection mécanique et sonore des années 70.
October 22, 2025
LÉGENDE DE LA HAUTE FIDÉLITÉ : Nakamichi
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LÉGENDE DE LA HAUTE FIDÉLITÉ : Nakamichi

À l’aube des années 70

La cassette audio fait figure de jouet, réservée aux appareils les plus simples, fixes ou portables, sans grandes qualités. L’amateur de musique enregistrée ne jure que par les majestueux et complexes Revox, Nagra et consorts. Nakamichi, nouvelle marque de l’Empire du Soleil Levant, propose un appareil révolutionnaire qui va dépasser tout ce qui existe en matière d’enregistrement musical. C’est le NAKAMICHI 1000.

Cette compagnie existe maintenant depuis une vingtaine d’années et fabriquait des enregistreurs pour les plus grands noms du secteur, japonais, américains ou européens.

C’est aussi la période où le marché de la hi-fi va exploser et la cassette va y prendre toute sa place. Cet appareil surclasse tout ce qui est proposé par les plus grandes firmes, devient immédiatement une icône et reste un Graal pour les amateurs de hi-fi ancienne.

Une ambition hors norme

Lancée au début des années 60 par Philips, la cassette audio connaît un succès grandissant. Sa grande facilité d’emploi, grâce à son boîtier plastique, satisfait un grand nombre d’utilisateurs. Par contre, ses limitations techniques, faible vitesse, quatre pistes stéréo sur une bande compacte, et le boîtier plastique, pour pratique qu’il soit, ne permettent pas un excellent positionnement des têtes magnétiques.

De ce fait, les performances sont limitées : faible bande passante et niveau de bruit de fond assez important. Malgré cela, le marché demande des produits plus performants. Nakamichi va apporter la solution. D’abord, en utilisant un système de réduction de bruit, conçu pour les magnétos à bande de studio, le Dolby A, mais adapté aux magnétophones à cassette, ce sera le Dolby B.

À cette époque, Nakamichi fabrique peu sous ses marques, Fidela ou Nakamichi. Les premiers lecteurs cassette avec Dolby conçus par Nakamichi seront donc badgés américains : Advent, KLH, Harman Kardon... Ensuite, l’ambition hors norme d’Etsuro et les compétences de Niro vont engendrer le développement d’un chef-d’œuvre d’ingénierie qui se veut et sera une référence absolue, le Nakamichi 1000.

L’idée de départ consiste à appliquer au lecteur de cassette les gimmicks techniques des magnétophones de studio. Ce sera donc 3 têtes pour l’enregistrement, la lecture et l’effacement. Ce genre de composant n’existe pas pour les cassettes, Nakamichi va donc les créer, n’oublions pas qu’à l’origine de la société, il y a la recherche sur le magnétisme et la création des premiers magnétophones japonais.

Pour ajuster la bande magnétique sur ces pièces sophistiquées, avec les contraintes mécaniques du boîtier plastique de la cassette, Nakamichi va à nouveau innover en imaginant un entraînement à double cabestan, un mécanisme de transport qui maintient la bande parfaitement tendue garantissant la qualité et la constance des performances.

Les réglages seront multiples, y compris l’azimutage des têtes. Même les vumètres sortent de l’ordinaire, proposant une lecture jusqu’à -40 dB. Autour de ces innovations de départ, Nakamichi réalise un ensemble mécanique et électronique usant des meilleurs éléments disponibles avec un souci constant associant sophistication, performance et robustesse, donc fiabilité.

Côté esthétique, Le Nakamichi 1000 ne passe pas inaperçu : allure massive, choix de matériaux qualitatifs, panneau de commande qui inspire le sérieux et le professionnalisme, une finition exceptionnelle, il ne ressemble à aucun autre, un vrai look de star industrielle.

Revers de la médaille, il est cher, très cher et nécessite un entretien régulier pour être toujours au top de ses performances. Mais son concurrent le plus réputé « à bandes », le Revox A77, cher lui aussi, nécessite également de fréquentes révisions pour être au mieux de sa forme.

À propos, a-t-il des concurrents magnétophones à cassette ? En fait non ! Lors de son introduction, aucune des grandes marques n’est à son niveau et toutes se lancent à sa poursuite. Aucun ne l’atteindra. Les Japonais joueront la carte des appareils blingbling avec des façades truffées de boutons et de cadrans. Tandberg et Revox seront les plus proches en termes de performance, les autres Européens resteront sur les appareils de moyenne gamme.

Performances : Carton plein

Tout y est : bande passante, rapport signal/bruit, distorsion ; laissons la parole à la Revue du son en mai 76 : « Le Nakamichi 1000 est incontestablement un appareil aux performances comparables aux magnétophones à bandes à 19 cm/s... se reporter aux tableaux de mesure. »

Quel héritage ?

Le Nakamichi 1000 n’a pas seulement marqué son époque, il a pavé la voie de l’évolution de la cassette au sein du marché de la hi-fi, mais également celle de la marque. Les concurrents se sont rapprochés dans les années suivantes et Nakamichi a répliqué une décennie plus tard avec le 1000 ZXL puis le fabuleux Dragon.

Mais c’est déjà les années 80, le CD arrive et la cassette entamera une lente mais continue baisse de son marché. Les années 70, c’est la période folle de la hi-fi et Nakamichi déclinera le 1000 avec une foultitude de produits, le 700 et le 500 plus économique, le 550 portable et de nombreux autres, en maintenant toujours une avance technique.

Également des tuners, des amplis dont certains utiliseront la technique Stasis de Nelson Pass et une fabuleuse table de lecture vinyle à « correction de centrage du disque », la TX1000. Plus tard, bien après le décès d’Etsuro et le départ de Niro, viendront les temps difficiles, mais c’est une autre histoire...

Nakamichi, une saga familiale

Nakamichi est créée en 1948 par Etsuro Nakamichi, un ingénieur spécialisé dans le domaine des radars, également passionné par la musique classique, le baroque en particulier. Il crée la société comme laboratoire de recherche dans le domaine du magnétisme. Ce qui l’amène, pour se rapprocher de sa passion, à réaliser des têtes magnétiques et les premiers magnétophones japonais.

Il les commercialise sous la marque Fidela. Il est rejoint par son frère Niro Nakamichi. Il trouve sa voie au milieu des années 50 et devient un fournisseur OEM important des grandes marques japonaises et américaines, et quelquefois européennes en fabriquant pour eux des enregistreurs à bandes de qualité. Son fils unique Takeshi rejoindra l’entreprise en 1972 et en deviendra président à la suite de son père. Au décès d’Etsuro, à son souhait, une fondation à son nom sera créée pour favoriser la promotion et l’encouragement de la musique baroque.

French touch

Le logo de Nakamichi est une création du célèbre designer industriel d’origine française Raymond Loewy. Père du design industriel moderne, ayant marqué le vingtième siècle par ses réalisations iconiques. De la bouteille Coca-Cola au logo Shell, en passant par les voitures Studebaker ou les locomotives GG1, son style allie fonctionnalité et esthétique.

Le design du logo Nakamichi, sobre et géométrique, évoque la pureté du son et la sophistication des produits Nakamichi, capturant l’essence de la marque : une fusion de précision technique et d’élégance minimaliste.

Un « Naka 1000 » aujourd’hui ?

Posséder un Nakamichi aujourd’hui n’est pas des plus aisé. C’est un appareil iconique, très recherché et avec une cote certaine, mais également un objet technique de plus de cinquante ans d’âge. Les documentations techniques sont disponibles, les pièces électroniques sont trouvables, mais pas facilement, quant aux pièces mécaniques... no way ; donc il faut en trouver un à peu près complet et à peu près en bon état.

Ensuite, il faut le faire régler. Un Naka 1000, c’est comme une Ferrari ou une Lamborghini de la même époque. Il faut le confier à un technicien patenté, un électronicien mécanicien capable de comprendre et de travailler une telle bête. Et bien sûr, de nombreux « spécialistes » en sont tout bonnement incapables.

Bien sûr également la cassette audio reste un média ancien et n’a pas la définition d’un fichier HD. Mais si vous acceptez ces conditions, branchez-le, mettez une cassette et lancez la lecture et vous vivrez un moment d’intense plaisir. C’est une machine à remonter le temps.

La manipulation de l’objet, ses nombreuses commandes, ses rituels et une écoute confortable vous déconnecte de notre temps et vous ramène à une époque où le plaisir d’écouter la musique était sans contrainte.

Haute Fidélité N°274
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