Copland CTA 407: Une beauté fatale

Fondée en 1988, la marque danoise excelle dans la réalisation d’électroniques à tubes, proposées à des prix encore abordables. Voici cette ultime merveille, venue du Nord…

D’emblée, cet intégré en impose, par sa présentation haut de gamme, par le sérieux de la fabrication également. Bref, on est en présence d’un modèle cossu, racé, d’aspect fort plaisant, dans l’esprit sans doute des beaux appareils scandinaves, souvent très soignés. Et puis, il y a ce sens pratique, cette sage commodité si l’on préfère, tout à fait louable, symbolisé par la possibilité d’adapter l’ampli à des tubes nouvellement venus. Car outre la célèbre KT 88 qui a notre préférence, sans oublier la 6550, l’équivalence américaine, on pourra opter pour les KT 90, KT 100, KT 120 ou KT 150 aux qualités subjectives différentes, exploitables le cas échéant. Quoi qu’il en soit, ce modèle opère en configuration push-pull, capable de délivrer 100 W par canal. Mais avec 50 W par canal utilisés, c’est la classe A/AB qui est privilégiée, l’essentiel de la puissance étant dédiée à la classe A.

POLARISATION AUTOMATIQUE

Sens pratique en effet parfaitement assumé, avec la polarisation automatique du BiAS, qui permet la meilleure adaptation possible aux tubes précités. L’appui visuel des nombreux LED, pensé avec une grande habileté, placés en façade, confirme l’optimisation de la polarisation. Il est possible d’éteindre ces diodes lumineuses de vérification, si on le souhaite. Par ailleurs, la qualité des transformateurs est remarquable ; ils garantissent une très grande linéarité, une parfaite stabilité également, par l’usage de la contre-réaction. Aux cinq entrées ligne s’ajoute une entrée phono « mixte », compatible avec les cellules à bobine mobile, d’une sensibilité d’au moins 2,5 mV, de plus en plus présentes sur le marché. Cela fait la différence avec le fameux CTA 405, très convoité des audiophiles, lancé sur le marché, il y a une dizaine d’années. Quelques mots enfin sur le préamplificateur intégré, qui exploite deux doubles triodes 12BH7 et une double triode ECC83. Le contrôle du volume motorisé peut se piloter par la télécommande.

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Écoute

Timbres : D’emblée, notre appareil extrait du carton, à peu près neuf en vérité, semblait légèrement contraint, privé d’une certaine liberté qui aurait pu nous séduire de façon immédiate. Mais comme par magie, d’heure en heure, le bel endormi s’est affranchi de ses chaînes pour s’acquitter d’une image sonore réellement magique, riche de ces précieuses plus-values qui distinguent toujours, ou presque, les tubes des semi-conducteurs. D’autant que ce grain, au fond inimitable, est bel et bien présent, non pas qu’il s’agisse d’une sonorité typée qui s’apparenterait à une banale coloration, mais bien davantage d’une « couleur » naturelle qui privilégie la richesse harmonique, au profit de la beauté vocale ou instrumentale. De toute évidence, ce caractère singulier appartient assurément à la musique vivante. Cette curieuse sensation, des plus plaisantes en vérité, reste souvent l’apanage de ces fameuses technologies des premiers temps, le tube en l’espèce, avec cet abord irremplaçable et qui fait également le prix de la reproduction analogique, des vinyles en particulier. Dans les deux cas, nombre d’audiophiles du monde entier ne s’y trompent guère… Excellence donc à la faveur de timbres réalistes, très convaincants, naturels, volontiers « fruités » tels qu’on peut les entendre en son live. Tout cela s’établit sur une base spectrale sans faille, libre, d’une beauté constante, en particulier dans le registre médium, des plus réussis.

Dynamique : Certes l’ambitus, l’étendue du pianissimo au fortissimo, si l’on préfère, est réalisé sans compression, avec une impression de volume et de réactivité dynamique impressionnante. Mais c’est sans doute dans la subtile gradation des nuances que le CTA 407 séduit le plus, fort de cette intelligibilité rare portée au discours musical ou à la moindre inflexion vocale comme elle peut être ressentie en présence d’un contre-ténor baroque tel que Carlos Mena, par exemple. Tout se déroule avec une éloquence sinon une élégance qui concourt à une émotion véritable lors de l’écoute. C’est un des aspects marquants de ce fort bel appareil. Et pourtant ce sens accompli du délié et des nuances s’accompagne d’une aptitude à la tension rythmique, à la rapidité tout à fait remarquable. Suave et fluide, notre intégré est en effet capable d’une étonnante tonicité, d’un sens de l’éclat véritable ; à la façon dont précisément la musique et les interprétations le réclament parfois.

Scène sonore : Le tube, là encore bien maîtrisé, peut, dans ce domaine spécifique, accomplir de magnifiques prouesses, nous le savons. Et c’est bel et bien le cas ici. La cohérence spatiale est exemplaire, vivante, en mesure de restituer les ambiances de salles de façon vraiment convaincante. Et puis, il y a surtout cet instant « magique » là encore, qui succède immédiatement aux extinctions de notes avec cette impression de vie telle qu’on peut la percevoir au concert. Cette rare capacité à restituer les silences après la musique subjugue réellement. Avantage, s’il est besoin de le préciser, du tube bien entendu mais aussi de la classe A fort bien exploitée dans le cas présent. Cela étant, la localisation des sources émissives est sans faille, au service d’une scène stéréo profonde et précise à la fois. Car l’impression d’air en présence des bons enregistrements qui circule autour des instruments est en effet vraiment palpable, cela au bénéfice d’un réel plaisir de l’écoute.

Rapport qualité/prix : Cet aspect des choses relève d’une parfaite équité et même un peu plus, si l’on conjugue la qualité intrinsèque de ce modèle, son niveau de fabrication, à la beauté singulière de la restitution. Pour un peu plus de 5000 euros, le CTA 407 possède de nombreux atouts somme toute assez rares dans cette gamme de prix. Il pourra faire face à de nombreuses enceintes sans faillir, même parmi les plus capricieuses.

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Les sortilèges du tube s’accomplissent en présence de cet appareil, avec une certitude qui fait plaisir à entendre, avec aussi cette aptitude à réunir les paradoxes – délié et rapidité, puissance et douceur, etc. – qui expose un des atouts majeurs du très haut de gamme. Car pour un prix d’achat encore relativement modéré, on dispose d’un modèle capable de distiller des raffinements qui sont sans commune mesure avec le prix annoncé. Quant à ceux qui restent sceptiques quant à l’usage du tube, rappelons que les références employées en la matière, sont aisément disponibles et proposés à des prix fort peu dissuasifs.