JEAN-MARC HABIT - CRÉATEUR DE HAUTE FIDÉLITÉ
Haute Fidélité : Presque 33 ans !
Jean-Marc Habit : Le 1er numéro est sorti en octobre 1992.
Sur la couverture, il y avait Gryphon et Micromega.
Il a été vendu à 7 000 exemplaires, et le numéro 2 à 11 000, avec une Martin Logan en couverture.
Cela a marché tout de suite.
Les débuts d’une aventure
HF : Pourquoi as-tu lancé cette revue ?
JM : Mon vrai métier est directeur artistique, mais j’étais passionné de hi-fi.
J’ai parlé du projet à Présence Audio Conseil, qui m’a conseillé d’engager Pierre-Yves Maton, qui était alors vendeur chez eux.
Ce fut le premier rédac-chef de la revue, qui possédait une belle plume.
Puis sous l’impulsion d’Audio Synthèse, Laurent Thorin a rejoint l’équipe.
Une esthétique singulière
HF : Dès ce numéro 1, on observait la qualité des photos en couleur.
JM : Oui, pour se distinguer de la Nouvelle Revue du Son, où seule la pub l‘était.
Cela correspondait mieux à l’image que je me faisais du haut de gamme, avec plus de vues et de détails, y compris de l’intérieur des appareils.
Un ton libre et affirmé
HF : Et une plus grande liberté de ton ?
JM : J’ai décidé qu’il fallait dire plus ouvertement ce qu’on pensait, et certaines marques connues en ont fait les frais.
À l’époque, il n’y avait pas Internet, ni les réseaux sociaux.
En face, la NRS était la référence, mais plus consensuelle.

Une approche audiophile authentique
HF : L’approche était aussi différente dans les bancs d’essai, avec la part belle aux conditions d’écoute, où le système était mentionné.
JM : On avait un système de référence à demeure, comme les enceintes Lynfield 500, que nous avons contribué à faire connaître.
Il y a eu aussi un Cello Duet 350, et même des Martin Logan CLS.
Plus récemment, les enceintes de monitoring PMC.
Soutenir la création française
HF : La revue a beaucoup soutenu les marques françaises dès sa sortie ?
JM : En effet, on a défendu les constructeurs comme Micromega, YBA, LEEDH, Triangle (époque Renaud de Vergnette), Cabasse, Jean-Marie Reynaud, Pierre-Étienne Léon, etc., et en amplification Jadis, Icos, YBA, Atoll, plus de nombreux autres, parfois confidentiels, que nous avons contribué à faire connaître.
Et les artisans suisses
HF : Comme aussi certaines marques suisses ?
JM : Oui, j’ai toujours adoré FM Acoustics par exemple, pour moi ce qui existait de mieux.
Les amplis étaient extraordinaires : très bien timbrés, rapides, puissants, mais pas énormes, comme le stéréo 611 de 250 W, ou le F30 moins puissant.
Également Nagra, dont j’ai adoré le lecteur CD, puis les DAC.
Les références mythiques
HF : Quelle était ta référence de l’époque ?
JM : Le WAMM était fabuleux, mais énorme et cher, tout comme le Mark Levinson HQD, ou les Onken de La Maison de l’Audiophile.
Des légendes de cette période !
J’ai eu la révélation des enceintes EgglestonWorks Andra, que j’ai possédées.
Une aventure humaine et collective
HF : Mais Haute Fidélité, c’est aussi le Salon !
JM : Sur une suggestion au départ de Présence, j’ai organisé le Salon Haute Fidélité au Marriott, qui est vite devenu incontournable.
La grande différence face au concurrent d’alors, c’était la qualité des écoutes, dans des salles pas trop petites, avec moins de bruit.
Passer le relais
HF : Mais il est arrivé le moment pour toi de passer le relais...
JM : Oui, et suis très heureux qu'Hugo Lahutte reprenne Haute Fidélité, car c’est aussi un passionné jeune, ouvert, beaucoup plus à l’écoute des nouveaux médias, qui a de plus l’ambition de relancer un grand Salon.
La revue papier sera la vitrine haut de gamme d’un projet global plus vaste, diversifié et ambitieux.











