AMPLI INTEGRE/DAC

DEVIALET 170

La nouvelle gamme Devialet découverte au dernier salon High End de Munich continue d’explorer le concept novateur du fabricant autour de la technologie ADH. Outre une progression en termes de connectivité et de possibilités téléchargeables de configuration, c’est la musicalité qui se bonifie et les tarifs qui s’adoucissent. Bientôt un Devialet pour tous ?

Le lancement du D-Premier en 2010 avait défrayé toutes les chroniques du monde entier. Cette électronique tout-en-un, puissante, à la musicalité prononcée, à la connectivité quasi universelle et logée dans un châssis au design ultra-contemporain et ultra-mince annonçait le début d’une ère nouvelle où le traitement du signal musical n’est plus géré que par une seule et unique plateforme intelligente et configurable. Le succès rencontré par le D-Premier incite Devialet à pousser le raisonnement plus loin jusqu’au slogan : «Un jour, tout le monde aura un Devialet». Une levée de fonds de 15 millions d’euros et quelques recrutements plus tard, ce ne sont ni plus ni moins que quatre nouvelles électroniques haut de gamme qui voient le jour dont la plus abordable, le modèle 110, à moins de 5000 euros.

Toujoursplus

Lemodèle 170 arrive après le 110. Il est plus puissant avec 170 W parcanal sous 6 ohms, mais il est aussi plus ambitieux en proposant plusd’entrées et de sorties ainsi que plus d’options deconfiguration. Le cœur du système reste la technologie ADH, classed’amplification hybride mise au point et brevetée par Devialet oùl’amplificateur maître travaille en tension et en classe A avecassistance en courant par des étages en classe D. L’autreparticularité de cet amplificateur est d’intégrer unconvertisseur DAC 24/192 baptisé Magic Wire à base d’un chipTexas PCM1792. Néanmoins, la carte mère a été entièrementrepensée avec comme conséquence concrète une amélioration de laqualité sonore. L’appareil prend place dans un boîtier extra-platde 4 cm d’épaisseur taillé dans un bloc d’aluminium et revêtude chrome. Une fenêtre ronde sur le dessus s’illumine du logoDevialet à l’allumage par la touche supérieure de la télécommandeWiFi déportée à molette qui comporte également la sélection dessources, la mise en sourdine et un réglage de tonalités. La facearrière du 170 comporte une brochette de connecteurs dont certainsconfigurables (voir détails dans la fiche technique) et un slot oùs’enfiche une carte mémoire SD. La configuration estpersonnalisable par le site Internet du constructeur. L’utilisateurpourra notamment paramétrer l’activation ou la désactivationd’entrées et de sorties, de certaines fonctionnalités et certainsréglages de sécurité (mise en veille ou puissance autorisée ensortie), mais il pourra également mettre à jour le firmware de sonappareil pour bénéficier de nouvelles fonctionnalités, parexemple. Tout cela gratuitement sans limite de temps. Laconfiguration effectuée est finalement téléchargée sur la carteSD qui sera ensuite réintroduite dans le Devialet. Le 170 pourraêtre équipé en option d’un steamer Devialet Air (WiFiasynchrone, transfert «BitPerfect»jusqu’en 24/96) qui permettra la lecture de fichiers depuis unordinateur. Cette option est offerte gratuitement pour tout achatd’un 170 (ou d’un 110) jusqu’au 30 septembre prochain!Enfin, pour les nostalgiques, une entrée phono paramétrable MM/MCest prévue, la correction RIAA entièrement numérique pourrarépondre aux standard RIAA de 1953 ou de 1976…

Fabrication et écoute

Construction : Nous proclamons haut et fort que le Devialet 170 en particulier et tous les Devialet en général établissent une nouvelle référence absolue en termes de qualité et d’innovation de fabrication. Toute autre considération n’est que pure littérature, n’est que pure bavardage. Point final. Nous serions même tentés d’ajouter que le châssis plat est encore plus zen que celui du D-Premier ou des deux nouveaux 240 et 500, mais cela n’engage que nous. Mention spéciale au superbe coffret dans lequel est livré l’appareil. Il ressemble à ces coffrets de jeux de société offerts à Noël et qu’on ouvrait les yeux brillants d’émotion comme un coffre à trésor.

Composants : Résolument hors normes, cette électronique intègre un véritable inventaire de circuits très innovants. La technologie d’amplification à elle seule a abouti au dépôt de quatre brevets, quel appareil sur le marché propose mieux ? Le plus beau est que Devialet met un point d’honneur à ne retenir que des composants disponibles sur stock, et il y en a des milliers logés dans le boîtier. Pas de composant sur cahier des charges, ni ésotérique ou traité au magnétisme vaudou, mais uniquement de la référence sur catalogue.

Grave : Ceux qui n’arrivent pas à comprendre la notion de tension ou d’articulation du grave n’ont plus qu’une chose à faire : aller écouter un Devialet. Inutile de vous dire qu’avec le 170, nos Alycastre n’ont pas eu la moindre chance de franchir la ligne blanche, ce qui leur arrive fréquemment avec l’amplification concurrente. Le 170 insuffle une dimension physique, un poids et un contrôle du signal aux soubassements que très, très peu d’électroniques (aucune ?) sont capables de proposer. La ligne de basse synthétique du « Moonlight on Spring River » n’a jamais été si profonde et si articulée qu’avec le 170 qui matérialise littéralement l’atmosphère de la performance.

Médium : Le constructeur a continué à travailler sur son principe d’amplification breveté ADH et sur les alimentations, et il n’a pas fallu longtemps pour comprendre que cette nouvelle génération à laquelle appartient le 170 sonne encore mieux que le D-Premier des débuts. Plus classe A que classe D, le médium prend du corps, de la matière et des couleurs (tonales). La déclinaison harmonique progresse durant le développement des notes, la texture du message s’intensifie, l’écoute gagne sensiblement en véracité.

Aigu : L’aigu apparaît plus léger, plus détaillé et semble filer avec bien plus de légèreté. Les cordes de la pipa de Zhao Cong sur le « Moonlight on Spring River » de même que les différentes percussions métalliques perdent la verdeur de la première génération ADH pour s’exprimer avec de la subtilité et de la matière.

Dynamique : Oubliez ce que vous avez entendu jusqu’à présent, car le 170 vous fait pénétrer dans un nouveau monde dynamique. Ça pousse et ça détonne sans aucune bavure comme jamais cela n’était arrivé dans l’auditorium et de mémoire de pigiste traînant ses guêtres dans les salons et autres installations privées. Alors forcément on veut savoir jusqu’où le 170 peut aller et on constate qu’il peut aller loin, très loin en termes d’énergie restituée. Et sur les très faibles amplitudes, on reste tout aussi pantois devant tant de discernement modulatoire. Le tambour et les deux instruments à vent jouant pianissimo au beau milieu de la Symphonie n°11 de Chostakovitch n’ont jamais été aussi présents et aussi distincts.

Attaque de note : Si la perfection existe en audio, alors elle est probablement à l’image du Devialet 170 en ce qui concerne la réactivité et l’immédiateté. L’appareil est surpersonique sur les transitoires et génère par conséquent un cortège harmonique incroyablement étoffé après chaque attaque. Non seulement l’impact initial explose et use, mais le développement libère un éventail tonal très documenté. La lisibilité d’une trame complexe est exemplaire.

Scène sonore : C’est un des points faibles des électroniques fonctionnant en classe D, ce que n’est pas le Devialet 170. Néanmoins, son principe de fonctionnement puise en partie dans ce type d’amplification qui aurait pu affubler le modèle de faiblesses identiques. Il n’en est rien et, sur le « Gotcha » live de Patricia Barber, le 170 nous gratifie d’une scène sonore très aérée et tridimensionnelle tout à fait plausible avec un étagement parfaitement cohérent en profondeur, dimension encore mal appréhendée par la pure (façon de parler…) classe D.

Transparence : Nous avions franchement aimé le D-Premier que nous avions testé il y deux ans. Le compromis obtenu à partir de technologies novatrices méritait amplement la levée mondiale de chapeaux. L’eau a coulé depuis et le travail incessant du constructeur a payé. La nouvelle mouture ADH va incontestablement plus loin sur tous les plans subjectifs et notamment sur les questions de neutralité et de transparence. La réponse apportée par le 170 en particulier le prouve.

Rapport qualité/prix : Bel effort du constructeur qui, grâce à une importante levée de fonds, a décliné une gamme de quatre nouveaux appareils dont le prix de vente débute à moins de 5 000 euros pour le modèle 110, entrée d’une série de quatre appareil dont le 170. Ce dernier, plus puissant, est mieux équipé et propose plus de possibilité de réglages et de configurations. Son tarif logiquement plus élevé n’en reste pas moins acceptable dans le segment du très haut de gamme auquel il se rattache.

Verdict

Après un D-Premier qui a connu un succès international mérité, le jeune constructeur français remet le couvert avec ses quatre nouvelles électroniques dont ce 170 qui nous a ravis. Le concept aux multiples brevets a évolué et, au-delà du brillantissime exercice technique, ce sont les progrès en musicalité pure et la déclinaison tarifaire vers le bas qui risquent de sérieusement ébranler la concurrence. Standing ovation !

Fiche technique

Origine : France
Prix : à partir de 6 990 euros
Dimensions : 383 x 383 x 40 mm
Poids : 5,9 kg
Puissance nominale : 2 x 170 W sous 6 ohms
(réglage de 50 à 170 W par le configurateur)
Réponse en fréquences :
DC - 30 kHz à -0,1 dB, DC - 87 kHz à -3 dB
Distorsion : < 0,001 % (pleine puissance)
Rapport signal sur bruit : < 130 dB
Entrées numériques : 1 optique Toslink, 1 USB,
1 Ethernet RJ45, 1 optique jack 3,5 mm, 1 AES/EBU,
4 RCA (dont 2 configurables en ligne analogique
et 2 en sorties SUB et Digital OUT)
Entrées analogiques : 1 RCA phono MM/MC
Sorties : 2 paires de fiches HP

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