SONUS FABER TRADITION SERAFINO

Lancée en début 2017, la nouvelle gamme d’enceintes Homage Tradition du fabricant Sonus Faber associe le meilleur du design italien à un style contemporain luxueux. Elle remet une nouvelle fois à jour les emblématiques Amati et Guarneri de la série Homage des années 1990, et introduit une nouvelle colonne, la Serafino.

C’est devenu une tradition chez Sonus Faber d’attribuer des noms de luthiers célèbres à ses réalisations. Souvenez-vous de la série Homage. La colonne Amati, la compacte sur pied Guarneri et l’atypique Stradivari avaient en leur temps alimenté les chroniques spécialisées du fait de leur conception issue des techniques employées par les facteurs d’instruments acoustiques. La récente gamme Homage Tradition est un nouvel hommage à ces artisans italiens sous une formulation moderne.

Colonne trois voies et demie

La Serafino tient son nom de Santo Serafino, un facteur de violon vénitien de la première moitié du xviiie siècle qui avait été formé à l’atelier de Nicolo Amati. Le profil galbé inspiré d’un luth a légèrement été modifié par rapport à celui des Homage.

À hauteur équivalente, la courbure plus ample libère plus de volume total et ouvre plus d’espace vers l’arrière des haut-parleurs. Ainsi et grâce à l’apport mécanique de renforts internes, la formation d’ondes stationnaires est bien mieux maîtrisée. Les parois de l’ébénisterie sont réalisées en médite de forte épaisseur usiné par machine-outil numérique.

Une fois découpés, les flancs sont plaqués puis l’enceinte est assemblée et mise sous presse pour le collage. Retour en finition pour l’application du vernis suivi d’un polissage et d’un lustrage manuels, mise en place du socle et de la colonne dorsale en aluminium, pose du filtre et du câblage suivi du baffle support recouvert de cuir grainé et fin du process de montage des haut-parleurs et du bornier. L’esthétique absolument somptueuse rappelle celle des luxueux bateaux italiens Riva en acajou vernis.

Technologies propriétaires

La Serafino utilise quatre haut-parleurs Sonus Faber en configuration trois voies et demie. Le grave est traité par deux unités de 18 cm à cônes « sandwich » très légers. Le haut-parleur central est assisté jusqu’à 80 Hz par celui du bas pour conforter le registre de grave dans une charge para-apériodique baptisée Stealth Ultraflex System.

Il s’agit d’un accord dérivé du bass-reflex à trois évents laminaires usinés dans la pièce arrière en aluminium extrudé, une solution qui permet de contrôler la vitesse d’expulsion de l’air et de réduire les turbulences et la distorsion qu’elles peuvent engendrer. Dès 250 Hz, un médium de 15 cm à membrane ultralégère disposant d’un aimant au néodyme intervient.

Il est relayé à 2 500 Hz par un tweeter à dôme en soie de 28 mm et pièce de phase DAD en forme de flèche. Le dôme est chargé dans son dos par une chambre de décompression en bois massif. La colonne repose sur un socle usiné dans de l’aluminium massif et muni de pointes Silent Spikes héritées de l’enceinte Il Cremonese.

Ce système – baptisé Z.V.T pour Zero Vibration Transmission – utilise des pointes ajustables en hauteur dont la structure coaxiale métal, élastomère et métal découple mécaniquement l’enceinte du sol. La circulation des vibrations et autres résonances est totalement inhibée dans les deux sens. Quant au filtre, il emprunte des composants passifs de qualité d’origine allemande Mundorf principalement câblés sur un circuit imprimé, il est raccordé à un double bornier spécifique Sonus Faber.

Fabrication et écoute

Construction :Le constructeur a consigné dans cette enceinte toute la somme de ses connaissances et de son expérience du très haut de gamme. Avec la série Tradition en général et la Serafino en particulier, il démontre qu’on peut inventer une enceinte acoustique de grande classe sans se fourvoyer dans des compromis techniques et économiques. La Serafino se paie le luxe d’une fabrication italienne avec des composants du meilleur pedigree. Le détail qui tue : avoir adopté une finition de la plus haute élégance mêlant différents matériaux nobles comme l’essence de bois, le cuir et l’aluminium brossé.

Composants :Le lecteur aura compris que la Serafino intègre une sélection minutieuse de composants prestigieux, inutiles d’ajouter que tout cela s’entend. Le constructeur reste fidèle aux lignes galbées inspirées des instruments de musique. Beaucoup de technologies propriétaires ont été déployées sur la Serafino comme sur toute la famille Tradition, certaines, dont le principe Stealth Reflex, étant d’ailleurs appliquées sur les modèles les plus ambitieux du constructeur.

Grave :La charge para-apériodique des deux transducteurs de 21 cm à forte élongation permet une descente convaincante dans les soubassements. La tenue globale du registre dépendra également de l’amplification en amont que nous préconisons plutôt puissante et solide tout en bas. La restitution montre une excellente fidélité des Serafino avec des fondamentaux acoustiques non édulcorés, à savoir un grave rapide et ample, ainsi qu’une assise convaincante. Les notes sont détourées de façon très satisfaisante, le registre procure d’excellentes sensations en termes de matière, de volume et d’exploration des premières octaves.

Médium :Le haut-parleur de médium Sonus Faber illumine la restitution des Serafino de sa faculté à reproduire le registre avec une très grande cohérence tonale. Les enceintes italiennes nous ont régalés de timbres particulièrement justes et limpides. La voix d’Angela Gheorgiu tout le long de l’opéra Tosca de Verdi est imprégnée de beaucoup de sensualité grâce à un rendu très modulé et très documenté en harmoniques. L’inaudible fusion entre le second boomer et le médium contribue au supplément de chair, d’incarnation de la soprano.

Aigu :Puisque nous abordons la fusion des registres, celle entre le médium à cône et le tweeter à dôme s’avère tout aussi imperceptible. Nous avons particulièrement apprécié les extinctions de notes superbes qui procurent beaucoup d’intelligibilité et une ampleur aérienne au message. Le tweeter grimpe très haut en fréquence avec une épaisseur de texture très réaliste. Serait-ce l’apport subjectif, l’apport « acoustique » de la cavité arrière en bois ? Toujours est-il que l’absence de brillance et la régularité de réponse de ce haut-parleur permettent aux notes de s’épanouir et de se développer sans fausse luminosité.

Dynamique :Le constructeur annonce une puissance admissible maximale de 350 W pour les Serafino qui ont suivi le rythme de notre puissant bloc stéréo suisse sans broncher, nous le confirmons. Les frappes sauvages de batterie en introduction de la piste « The Drifter » par Masala donnent la mesure du potentiel des enceintes dans le grave. Il manque dans l’absolu un poil d’énergie et de tension, mais les dimensions et les tonalités de l’instrument restent fondamentalement crédibles notamment grâce à la spontanéité et à la richesse harmonique des colonnes. Bonne répartition de la modulation sur tout le spectre à très bas niveau, même si les Serafino semblent s’émanciper à partir d’un certain niveau sonore.

Attaque de note :L’ensemble des registres se caractérise par une réactivité remarquable quel que soit le type de message musical ou la complexité de la partition. L’ambiance intimiste de la piste « Le vent nous portera » par Sophie Hunger révèle une incroyable quantité de bruits, de sons et de détails généralement plus discrets voire à peine audibles. Et sur des passages plus coriaces comme le fatras électroacoustique de la piste « The Roots of Coincidence » du Pat Metheny Group, les Serafino surprennent encore par leur étonnante lisibilité.

Scène sonore :Dégagées des murs latéraux et arrière, et disposées avec un léger pincement vers le point d’écoute, la présentation spatiale des Serafino prend des dimensions tout à fait réalistes en termes de proportions et notamment de profondeur. La performance vit et respire (intensité dramatique sur « E Lecevan la Stelle », de Tosca, par Roberto Alagna) : l’air circule sur la scène et autour du ténor. La localisation est d’une remarquable précision.

Transparence :La restitution proposée par les Serafino est imprégnée de beaucoup de fluidité et de pouvoir analytique. On retrouve dans leur proposition musicale ce qui a toujours imprégné les réalisations de cet illustre fabricant, à savoir une scrutation du signal sonore au plus profond sans jamais verser dans l’agressivité ou la lecture clinique et décharnée. C’est fin et charnel à la fois.

Rapport qualité/prix : Au vu de ce que proposent les colonnes Sonus Faber aussi bien d’un point de vue technique, musical et esthétique, il apparaît évident que le prix auquel elles sont proposées se trouve pleinement justifié. Certes, il est évident qu’accepter de débourser une telle somme pour une paire d’enceintes est tout sauf une décision anodine. En revanche, les modèles concurrents qui réussissent à intégrer autant de savoir-faire, autant de composants de qualité ou fabriqués sur cahier des charges et autant de musicalité pour une somme équivalente ne sont tout de même pas légion.

Verdict

Avec la Tradition Serafino, le constructeur a créé un magnifique instrument de reproduction musicale. Cette enceinte à la finition sublime est particulièrement bien équipée avec des composants racés et des solutions techniques originales, et la qualité de la réalisation rappelle le prestige des autres compositions acoustiques du fabricant. La restitution très séduisante se caractérise par un subtil mélange de rapidité et de douceur qui fait la part belle au réalisme des timbres et au fouillé de l’analyse. Une réussite.

Fiche technique

Origine : Italie
Prix : 18 600 euros
Dimensions : 396 x 1 091 x 485 mm
Poids : 52 kg
Réponse en fréquence : 30 Hz – 35 kHz
Sensibilité : 90 dB/2,83 V/m
Puissance admissible : 350 W
Impédance nominale : 4 ohms

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