MUSICAL FIDELITY NU-VISTA 800

Plus de quinze années après l’introduction sur le marché des premières électroniques Nu-Vista passées depuis à la postérité, le constructeur britannique relance le projet avec deux modèles dont l’intégré Nu-Vista 800 et ses quatre petits cylindres en métal qu’on appelle nuvistor. 

C’est en 1959 que l’américain RCA dévoile le nuvistor, dernière évolution du tube pour petits signaux. Ce tube fait de métal et de céramique a été étudié afin de pallier les faiblesses des tubes à vide en termes notamment de fiabilité et de reproductibilité des performances.

NOS et CMS

Le Nu-Vista 800 est construit selon une topologie double mono totale. Il embarque un préamplificateur à quatre nuvistors N.O.S JAN 7586 (New Old Stock), des triodes basse tension de gain moyen, soit deux par canal en suiveur de tension. Ils sont installés sur le même circuit imprimé que le circuit d’entrée vers lequel sont dirigées et sélectionnées les sources.

La plupart des autres composants sont du type CMS à montage de surface. L’étage push-pull de sortie de chaque voie est constitué de cinq paires de transistors bipolaires Darlington d’origine Sanken disposés entre un circuit imprimé et un énorme dissipateur massif en aluminium. Ces radiateurs sont les flancs d’un châssis entièrement réalisé en plaques d’aluminium massif. La double connectique haut-parleurs sur le panneau arrière cuivré est dédiée au bi-câblage et non pas au raccordement d’une seconde paire d’enceintes. Les deux molettes de réglage, sélection des sources à gauche et volume à droite tous deux gérés par software, encadrent un afficheur et le récepteur infrarouge de la très belle télécommande en aluminium.

Fabrication et écoute

Construction : Dans sa stratégie double mono, le constructeur a privilégié le circuit imprimé plutôt que le câblage qui est réduit dans une bonne mesure. Le châssis est très robuste, le travail interne soigné, la connectique haut de gamme. L’éclairage par diodes LED façon « car tuning » sous le châssis et au pied des nuvistors est un peu too much, mais ça amusera et il est possible de l’éteindre. Ouf !

Composants : Le montage hybride entièrement dual mono est très intéressant en soi. Par ailleurs, le trajet du signal est aussi élégant qu’attachant puisqu’il met en œuvre des circuits simples et des technologies (nuvistor et transistor bipolaire) aux accents vintage. Les composants sont triés pour leur fiabilité et leur musicalité (rappelons que le concepteur est lui-même musicien et fréquente très régulièrement les concerts). Certains détails dénotent une attention particulière comme l’alimentation à double transformateur de fortes puissances à secondaires multiples, et le positionnement des nuvistors à proximité des entrées pour un trajet court.

Grave : Le Nu-Vista 800 est un intégré qui illumine la restitution. L’écoute n’est pas totalement identique mais très proche de ce qu’on entend d’habitude. On sent que l’appareil puise ce qu’il y a de plus séduisant dans les technologies tube et transistor bipolaire. Le registre de grave est ainsi dégraissé et bien articulé dans le bas médium mais conserve cette liquidité sonore qui rend palpable mais sans emphase une contrebasse (piste « Use me » de Patricia Barber), par exemple. Il n’offre peut-être pas toute la tension qu’on en attend dans l’extrême grave, là où notre système repère donne l’impression de descendre subjectivement plus bas, mais il compense largement par l’énergie développée.

Médium : L’électronique semble comme un poisson dans l’eau dans cette région du spectre. Le Musical Fidelity travaille avec des transistors bipolaires en sortie qui surfent sur la vague harmonique du signal en provenance de l’étage à triodes en céramique. La texture des timbres est d’une grande subtilité, on apprécie ce délicat et inhabituel mélange de douceur et de pétillement qui matérialise la performance. Les notes très déliées (superbe piano Fazioli sur Général Lavine de Debussy) insufflent une présence magique au message.

Aigu : Très vraisemblablement pour la même raison technologique qui nous a fait apprécier le médium, l’aigu file haut sans se simplifier en fonction de la fréquence qui grimpe. L’éventail de détails reproduits est très large et le Nu-Vista 800 donne le sentiment d’une analyse fouillée avec une fluidité exceptionnelle. Les différents cuivres violemment frappés durant le solo de batterie (piste « Company » par Patricia Barber) restent extrêmement distincts avec une différen­ciation tonale impeccable. Intermodulation nulle même à volume élevé.

Dynamique : Sur la piste « Dis-le » par Baz-Baz où l’introduction explosive (impacts de baguettes et de boule de pied, guitare basse) n’épargne aucune électronique dès qu’on monte le niveau, force est de constater que le Nu-Vista 800 reste très décontracté en délivrant des transitoires terribles pour les enceintes. Ça ne manque pas de vitamines. À l’opposé, les souffles et autres murmures musicaux (voix de Lisa Ekdahl sur « When do you leave heaven ») conservent une structure modulatoire intacte. Quand on écoute en sourdine, on « s’éloigne » juste de la chanteuse alors que beaucoup de concurrents tirent un rideau qui étouffe le message.

Attaque de note : C’est une sensation de réactivité veloutée qui émane de l’appareil, une sorte de rapidité contrôlée. La palette de couleurs tonales est très variée, le dégradé harmonique est extrêmement cohérent avec probablement une répartition proche de l’équilibre idéal entre rangs pairs et impairs. La piste « Sposa, non mi conosci » (CD Sospiri de Cecilia Bartoli accompagnée par l’ensemble Il Giardino Armonico) distille toutes les inflexions des instruments baroques de l’ensemble dont les sonorités vertes ne « grincent » ni n’agressent jamais.

Scène sonore : Le Nu-Vista 800 nous enivre d’une restitution spatiale précise et ample. La scène sonore respire dans une perspective crédible en étageant précisément les pupitres. Nous retrouvons des proportions géométriques très similaires à celles produites par notre système repère. L’image stéréo très stable et très focalisée n’éprouve aucune difficulté à s’échapper du cadre des enceintes quand la piste l’exige. Les nombreux détails d’ambiance et autres bruits divers sculptent un étonnant relief sonore.

Transparence : L’équilibre tonal parfaitement linéaire et la qualité d’analyse dans le médium construisent une restitution envoûtante et insufflent un réalisme bienvenu au message délivré par le Musical Fidelity. L’association triode et transistor bipolaire mise en place par le fabricant britannique s’est avérée essentielle pour libérer le potentiel sonore à la fois authentique et savoureux du Nu-Vista 800.

Rapport qualité/prix : Le Nu-Vista 800 n’est pas une électronique comme les autres ne serait-ce que par les technologies embarquées et la grosse réserve de puissance disponible. Il affiche des performances techniques de haut niveau et propose une musicalité extra. Dans cette catégorie d’appareils, dans cette tranche de prix et malgré la connectivité exclusivement analogique haut niveau, l’appareil va sérieusement chatouiller la concurrence même plus puissante, plus équipée et plus chère…

fiche technique

Origine : Royaume-Uni
Prix : 10999 euros
Dimensions :483 x 212 x 510 mm
Poids : 39 kg
Puissance nominale : 2 x 330 W sous 8 ohms
Facteur d’amortissement : 200
Distorsion : < 0,005 % (20 Hz à 20 kHz)
Réponse en fréquence : 10 Hz - 30 kHz à + 0 / - 0,1 dB
Rapport signal sur bruit : > 107 dB-A
Entrées stéréo : 4 RCA, 1 XLR
Sorties stéréo : 1 RCA (fixe), 1 RCA (variable), 4 HP

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