ENCEINTE

WILSON BENESCH A.C.T.

De la platine vinyle aux enceintes acoustiques, le fabricant britannique Wilson Benesch conçoit et fabrique tous ses produits à partir de technologies de pointe. Véritable concentré à elles seules, les colonnes A.C.T. figurent parmi ses exercices de style les plus brillants et les plus musicaux.

L’enceinte A.C.T. (pour Advanced Composte Technology) a été pour la première fois introduite sur le marché en 1994. Voilà donc vingt ans ou presque que Wilson Benesch a présenté cette colonne baptisée One aux allures toujours futuristes et construite autour d’une enveloppe en composite carbone sur une structure métallique. Un terrain vers lequel quelques fabricants de bateaux de compétition et de monoplaces automobiles s’aventurent. On imagine aisément que l’A.C.T. défraya les chroniques de l’époque et rafla quelques récompenses. Elle fut suivie de l’A.C.T. Two en 1997, un peu plus volumineuse et plus chère, avant qu’une troisième version ne devienne en 2002 le modèle actuel A.C.T. tout court.

Radicalement différente
L’A.C.T. est une colonne deux voies et demie, ce qui signifie que deux des trois haut-parleurs qui l’équipent travaillent de concert sur une partie du spectre, à savoir les fréquences sous 500 Hz. La grande différence entre cette enceinte et toutes ses concurrentes réside dans sa caisse. Nous ne parlerons pas d’ébénisterie puisque cette caisse est constituée d’un assemblage de plusieurs matériaux autres que du bois. Le baffle support est en aluminium de 18 mm d’épaisseur rapporté et fixé sur un squelette interne en aluminium massif tout aussi épais. Cette ossature comporte plusieurs arches (des grosses vertèbres en quelque sorte) empilées le long d’une épine dorsale très rigide et dont le profil en V galbé sert de support à l’enveloppe externe de l’A.C.T., constituée d’un sandwich de mousse alvéolaire enrobée sur ses deux faces d’une feuille de carbone. Une structure de paroi similaire à celle employée par Mac Laren sur ses monoplaces. La rigidité est extrême et les vibrations totalement absentes. L’esthétique très svelte et très élancée de l’enceinte lui confère une élégance distinguée, d’autant plus que les douze finitions de parois disponibles sont de bon goût (essence de bois et laque). La section grave est donc assurée par deux haut-parleurs Tactic1B (B pour Bass) conçus et réalisés par Wilson Benesch. Ces unités mettent en œuvre un matériau appelé polypropylène isotactic, développé en collaboration avec le physicien britannique Ian Ward de l’université de Leeds. Il a été utilisé pour la première fois au monde sur l’enceinte Bishop du constructeur. Le grave est confié à un modèle de 17 cm chargé en bass-reflex, l’évent débouche sous l’enceinte au travers du socle. Notons que l’ensemble repose sur quatre pointes massives dont deux sont fixées sur le socle et deux sur l’enceinte à l’arrière. Le second transducteur Tactic1 de 17 cm, bien que visuellement similaire au boomer, diffère fondamentalement par sa membrane plus légère, moins épaisse et capable ainsi de monter plus sereinement en fréquence. Il est accordé par un second évent qui débouche à l’arrière de l’A.C.T. Ces deux haut-parleurs Tactic disposent d’un saladier à trois branches très fines usiné dans la masse qui dégage parfaitement l’arrière de la membrane, et d’un circuit magnétique profilé et ventilé en son centre. Le tweeter à dôme souple enduit de 25 mm a été fabriqué au Danemark sur cahier des charges du fabricant de Sheffield. Le filtrage passe-bas du boomer est du premier ordre tandis que la coupure à 5 kHz avec le tweeter est du second ordre, réalisée à partir d’inductances à air et de condensateurs au polypropylène. Les deux paires de bornes au bas de l’enceinte sont reliées par des straps filaires à fourches, bicâblage possible bien entendu.

Fabrication et écoute

Construction : Dans un autre registre mais avec un même état d’esprit, les créations acoustiques de Craig et Cristina Milnes, fondateurs de Wilson Benesch, ne sont pas sans rappeler celles des artisans britanniques de la mécanique automobile de compétition. Beaucoup d’imagination, des ingrédients très high-tech et une mise en œuvre sophistiquée pour aboutir à des réalisations sans équivalent font de l’A.C.T. une des enceintes les plus uniques du marché.

Composants : Entre la caisse réalisée dans un sandwich à structure alvéolaire ultralégère, enrobée de deux feuilles de carbone et montée sur un squelette en aluminium, d’une part, et des haut-parleurs conçus et fabriqués par Wilson Benesch, d’autre part, l’amateur de techniques appliquées sera aux anges. Tout comme le mélomane, d’ailleurs, qui appréciera le fait que tout ce déploiement de technologies serve in fine la bonne cause musicale.

Grave : Le registre de grave travaille autour des deux haut-parleurs Tactic presque identiques jusqu’à 500 Hz, mais chacun est accordé de manière légèrement différente. L’évent débouchant sous l’enceinte aide au positionnement de celle-ci dans la pièce. Néanmoins, il ne faut pas trop s’éloigner des murs pour profiter de l’apport en termes de corps apporté par l’évent arrière. Dans ces conditions, le grave réussit à combiner une grande rapidité et une exploration satisfaisante des soubassements sans aucune tonique ni vibration de boîte. La contrebasse (piste « My Treasure » par Sinne Eeg) reste tout à fait crédible en conservant des proportions virtuelles plausibles.

Médium : L’usage d’un haut-parleur de grave médium Tactic similaire (mais pas totalement identique) au boomer Tactic filtré au premier ordre permet une fusion absolue et une continuité de timbres sans rupture du grave au haut médium. On ne peut que féliciter le constructeur de cette attention tout à fait bienvenue. La soprano Simone Kermes entamant la piste « Ha Vinto Amor » (CD test Cabasse) d’Antonio Caldera envoûte l’auditeur par la fluidité et le velours de sa voix parfaitement détaillée et modulée. Malgré la légère perte d’intelligibilité à la jonction entre le médium et l’aigu qui se manifeste quand on commence à monter le niveau, le message des A.C.T. reste impliquant.

Aigu : Nous avons apprécié le filé et la clarté de restitution des A.C.T. sur tous les genres musicaux. La souplesse de rendu du dôme souple complète l’impression de réalisme et d’humanité ressentie à l’écoute du message diffusé par le médium Tactic (cuivres très subtils de la batterie sur « My Treasure » par Sinne Eeg). Le prolongement des notes dans le haut du spectre s’effectue avec beaucoup de justesse harmonique et un confort tonal bien réel.

Dynamique : Bien que dans la norme actuelle sur le papier, les A.C.T. se satisferont mieux d’un amplificateur musclé et doux à la fois. La puissance admissible importante et l’impédance moyenne relativement stable n’entameront pas la stabilité d’une telle électronique. Car les A.C.T., délicates à bas niveau, savent aussi sortir de leurs gonds si on les bouscule un tant soit peu. Elles dévoilent alors des possibilités tout à fait satisfaisantes sur les plus vils transitoires.

Attaque de note : La structure très rigide de la colonne britannique associée à la vélocité des transducteurs contribuent à la réactivité des A.C.T. L’absence de résonances et autres vibrations de coffrets permettent aux transducteurs Tactic de libérer le message de toute forme de coloration dans le bas médium. L’écoute gagne ainsi en authenticité grâce à un dégradé harmonique et à une répartition dynamique plus proches de la réalité.

Scène sonore : Les A.C.T. déploient une scène sonore aux proportions familières et à la focalisation précise. La profondeur et la spatialisation confèrent beaucoup de relief à ce qu’on entend, ou plutôt à ce qu’on « voit » virtuellement. L’atmosphère planante du « Moonlight on Spring River » (Zhao Cong, The Dali CD3) est parfaitement appréhendée par les Wilson Benesch, les extinctions prolongées des notes et les nombreux détails d’ambiance façonnent un paysage sonore ample et profond.

Transparence : Le message clair, articulé et aéré des A.C.T. fait qu’on les compare souvent à des panneaux électrostatiques. L’absence de son de boîte et l’image à tendance holographique abondent dans le même sens. Le grave n’est ni abyssal ni punchy, mais il tire son épingle du jeu par les facultés des A.C.T. à bien articuler le registre. Un grave de gourmet en quelque sorte. Sinon la cohérence entre tous les registres est de mise avec une définition tout à fait satisfaisante.

Rapport qualité/prix : La remarquable qualité de fabrication et l’originalité des solutions techniques embarquées sortent à l’évidence les A.C.T. des sentiers battus. Cette démarche, que très peu de constructeurs adoptent, porte ses fruits au niveau de l’écoute à tendance marquée vers le raffinement. Le prix de ces colonnes se situe néanmoins dans un créneau à forte concurrence, mais elles disposent de nombreux atouts tant techniques que musicaux pour convaincre.

Verdict
Les Wilson Benesch A.C.T. dernières en date sont de bien séduisantes colonnes dont la proposition musicale limpide s’accorde à leur esthétique fluide. Cette aptitude à chanter est directement issue de l’ADN technologique maison. Dans le cadre d’une utilisation domestique, leurs vertus musicales rappellent par certains aspects l’aisance authentique d’une cellule électrostatique. La simplicité d’utilisation en plus…

Fiche technique
Origine : Royaume-Uni
Prix : 14 800 euros
Dimensions : 1 080 x 230 x 370 mm
Poids : 48 kg
Réponse en fréquence : 35 Hz – 25 kHz à -3 dB
Impédance nominale : 6 ohms (minimum 4 ohms)
Sensibilité : 88 dB/2,83 V/m

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