ENCEINTE

PMC PB1i

La Professional Monitor Company a été co-fondée en 1990 par un ancien ingénieur de la BBC. Le catalogue contient des enceintes de monitoring pour les professionnels, mais aussi une large gamme à destination des audiophiles, dont la PB1i fait partie.

La démarche de PMC est simple, car elle ressemble à celle de nombre de facteurs d’enceintes acoustiques : concevoir des enceintes idéales, avec la meilleure définition, sans coloration et sans distorsion. La firme britannique possède ses propres solutions pour atteindre ce but. La PB1i reprend la formule de l’enceinte colonne trois voies à quatre haut-parleurs, montée sur socle et découplée du sol au moyen de pointes.

La gestion des basses fréquences

Cette colonne, construite en aggloméré de haute densité atteignant, par endroit, 4 cm d’épaisseur, emploie une paire de boomers de 17 cm de diamètre, tout spécialement conçus pour la PB1i. Ils sont constitués d’un moteur dont l’aimant surdimensionné produit un énorme champ magnétique, d’un saladier nervuré en aluminium injecté, et d’une membrane en matériau synthétique rigide et léger. Un large cache-noyau, d’un diamètre identique, à peu de choses près, à celui de la membrane du médium, assure une dispersion optimale à la fréquence de transition à 380 Hz. À l’autre extrémité du spectre, une ligne acoustique ATL, sorte de tunnel interne, d’une longueur développée de 3,5 m, prolonge la réponse, tout en maintenant, à l’intérieur du coffret, la pression nécessaire à la compliance des deux boomers fonctionnant en tandem. Accordé en quart d’onde, l’ATL donne donc une fréquence de résonance à 25 Hz. Le large évent, situé à la base de la colonne, fonctionne en phase avec les deux boomers sans créer de turbulence.

Un médium aigu efficace

À l’instar du fameux transducteur à dôme souple de 75 mm paru en 1976 chez le concurrent ATC, la marque PMC a, elle aussi, adopté ce type de médium alliant rapidité, excellent diagramme polaire (en d’autres termes, une dispersion optimale) et très faible distorsion. Il dispose d’une cavité spécifique à l’intérieur de l’enceinte, ce qui le rend totalement insensible aux ondes internes générées par les boomers. Ce médium de très haute musicalité se marie parfaitement avec le tweeter PMC/SEAS à dôme souple Sonolex de 27 mm de diamètre. Le moteur de ce transducteur, fonctionnant à partir de 3,8 kHz, contient du ferrofluide, tant pour linéariser sa réponse en fréquence (en homogénéisant le champ magnétique) que pour le refroidir.

Fabrication et écoute

Construction : Cette colonne, haute mais élégante, présente une finition irréprochable. Elle est disponible en quatre essences de bois (voir la fiche technique). Tout a été mis en œuvre pour optimiser en pratique le concept théorique, à tous les niveaux, à commencer par l’épaisseur des parois, du mode de charge des boomers et du choix des transducteurs de hautes performances, tel que le médium à dôme de 3 pouces (75 mm) ayant fait ses preuves dans les enceintes professionnelles.

Composants : PMC fabrique elle-même ses transducteurs, à l’exception du tweeter, réalisé en partenariat avec SEAS. Leurs caractéristiques répondent avec précision au cahier des charges draconien qu’elle s’est fixée. Les composants de filtrage, montés sur un circuit imprimés aux tolérances militaires, sont sélectionnés en fonction de leur sonorité. Un appairage rend leur comportement identique dans les deux enceintes. Les 31 éléments forment des pentes à 24 dB par octave, répondant aux spécifications de Linkwitz Riley. L’entrée du filtre comprend six prises acceptant des connecteurs jusqu’à 4 mm : les PB1i acceptent le bi-, voire le tri-câblage.

Grave : Ces PB1i donnent l’impression d’une absence totale de limite basse. On rencontre ce comportement dans les enceintes dotées d’une ligne acoustique, telle que la fameuse TQWT (Tapered Quarter Wave Tube ou évent progressif accordé en quart d’onde), ou l’ATL des PMC. Le grave associe densité et profondeur, deux qualités que complète la richesse des nuances de ce registre, tout comme l’absence audible de distorsion. La profondeur abyssale perçue dans cette gamme fréquentielle n’induit pas pour autant de traînage, les basses faisant preuve de vivacité à la demande.

Médium : La solution du dôme souple de 75 mm de diamètre présente, à l’instar de ce que nous avions pu constater sur les enceintes actives ATC, de nombreuses qualités, tant ce registre s’exprime avec musicalité et authenticité. Chaque détail sonore retrouve sa place dans la restitution globale, sans coloration. La diffusion de ce transducteur particulier élargit la zone d’écoute, tout en respectant la focalisation présente sur les audiogrammes de tous styles, que ce soit ceux qui ont été enregistrés « au naturel », en stéréo de phase, tout comme dans ceux qui recréent avec, bien souvent, beaucoup de finesse, une image en relief concoctée en studio.

Aigu : Aussi défini et dépourvu de distorsion audible que les deux registres qu’il complète, l’aigu possède un filé remarquable. Le caractère soyeux du son diffusé par les tweeters, au-delà de 3,8 kHz, respecte un bel équilibre entre la vitesse et la précision, sans jamais verser dans l’agressivité.

Dynamique : La rapidité des transducteurs et leur absence de distorsion rendent les PB1i plutôt vivantes, en dépit de leur sensibilité moyenne. Cette remarque ne les empêche pas de suivre les écarts de niveau, en particulier sur le disque Gogol Suite d’Alfred Schnittke, choisi justement pour ce genre de test : les PMC diffusent les fortissimi de manière confortable et juste. Les pianissimi (lorsqu’on n’entend plus que le clavecin, puis quelques violons) conservent l’intégralité du spectre harmonique des instruments de musique, à condition de fournir aux enceintes ce qu’elles demandent, en dosant le volume général de manière à obtenir un bon compromis entre niveau sonore ambiant et intelligibilité des passages de faible amplitude. Et l’on y parvient, y compris sur cet audiogramme choisi pour son côté extrême, voire caricatural, en matière de dynamique.

Attaque de note : La cohérence serait le maître mot dans le domaine des attaques, puisque l’on a deux dômes (sur le tweeter et le médium) réputés légers et prompts à une excellente retranscription des attaques. De plus, les deux boomers doivent leur faible excursion à l’optimisation de leur fonctionnement avec leur ligne acoustique en quart d’onde : moins d’excursion de la membrane se traduit par moins de distorsion et une réponse rapide. Cette assertion théorique se vérifie à l’écoute, vivante et nuancée.

Scène sonore : Les concepteurs ont soigné les transducteurs, ne serait-ce qu’en jetant les bases de cette enceinte à trois voies et quatre haut-parleurs, et en concevant d’excellents transducteurs. Si cette PMC ne brille pas par son rendement, très moyen, elle fait preuve d’une haute définition sur tous les registres. On ne s’étonnera donc pas de percevoir une scène sonore en relief, dont les dimensions varient en fonction des différences acoustiques présentes sur les audiogrammes. De la grande salle de concert recevant l’Orchestre symphonique de Russie pour Gogol Suite, au petit studio d’une vingtaine de mètres carrés pour le disque de blues de Ted Hawkins, en passant par la petite salle dans laquelle se produit Patricia Barber en concert, les PMC savent se fondre dans les nuances.

Transparence : Si vous avez pu lire, ici et là, quelques allusions au monde de l’audio professionnel et aux enceintes de monitoring, cela n’a rien d’innocent. En effet, ce genre de parallèle s’illustre dans les écoutes d’une paire de PMC, firme proposant des enceintes pour le public averti, mais aussi pour les professionnels, dont on se doute du degré d’exigence, à commencer par l’absence de coloration et de distorsion. Sur ce point, comme sur ceux qui précèdent dans ce test, les PB1i remplissent leur rôle avec autant d’élégance que d’aisance.

Qualité/prix : Ce point crucial se discute. En effet, les PB1i ne sont pas données. Mais PMC réalise ses propres transducteurs, en leur octroyant des moyens aboutissant à une très haute qualité de fabrication et de performances : pas d’achat de modèles d’autres marques, pas d’OEM, seulement du « fait maison » ! Il en va de même avec les filtres et les ébénisteries. Cette attention et ce soin de tous les instants dans la réalisation de telles enceintes a un coût, qui se justifie, pour peu que l’on sache apprécier une restitution sans concession.

Verdict

Plutôt hautes, mais étroites, les PB1i ne rencontreront pas de difficulté d’installation dans un salon, d’autant que le constructeur ne propose pas moins de quatre essences de bois différentes. La qualité sonore est au rendez-vous avec, en prime, une réponse dans le grave sans limite basse, la paire de 17 cm, épaulée par leur ligne acoustique, réalisant des prouesses. Le soin apporté dans chaque aspect stratégique de la réalisation des PB1i montre son efficacité à l’écoute. En conséquence, le prix reste cohérent par rapport à l’offre.

Fiche technique

Origine : Royaume-Uni
Prix : 7 890 euros la paire
(finitions noyer, merisier, chêne, frêne noir)
Dimensions : 108,4 x 20,4 x 40,1 cm
Poids : 26 kg
Réponse en fréquence : 24 Hz à 25 kHz
Puissance admissible :
de 90 à 350 W sous 8 ohms
Impédance nominale : 6 ohms
Sensibilité : 87 dB pour 1 W à 1 m
Fréquences de transition du filtre
3 voies : 380 Hz et 3,8 kHz
à 24 dB par octave

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